Le nichoir est devenu pour beaucoup le symbole de la protection des oiseaux. Une petite boîte qui a une longue histoire, et qui n’a pas toujours eu la destination qu’on lui connaît aujourd’hui. Elle a aussi inspiré beaucoup d’artistes.

La domestication du pigeon date de la préhistoire. Le premier nichoir a sans doute été un pigeonnier.

Le but était l’élevage du Pigeon biset (qui est devenu le Pigeon domestique) pour sa chair et pour ses œufs. Plus tard, les pigeons furent utilisés comme messagers chez les Égyptiens, les Perses, les Grecs et les Romains. En Europe occidentale, ils furent utilisés  jusqu’en 1918. Un monument a été érigé en 1931 au square des Blindés à Bruxelles à la mémoire du Pigeon soldat. Actuellement, les pigeonniers ne servent plus que pour le commerce, les concours et aussi, mais plus rarement, en ville pour limiter les populations de pigeons domestiques.

En Flandre, en Hollande (XVème siècle) et en Lorraine (XVIème siècle), sont apparus les pots à Étourneaux et à Moineaux. Le but était de recueillir les œufs ou les jeunes oisillons afin d’améliorer l’ordinaire des repas, au printemps, en période de disette.

Un pot à Etourneaux en terre cuite figure sur une enseigne de cabaret (INDE-SPREUPOT) du XVIIème siècle retrouvée à Amsterdam en 1940, et sur divers tableaux de primitifs flamands tels Jérôme Bosch, Pieter Breughel l’Ancien, et aussi dans le livre d’heures « Les riches heures du Duc de Berry ». Ces modèles sont toujours fabriqués actuellement par des artisans potiers, mais plus dans le même but.

Jusqu’ici, le nichoir était considéré comme un piège. L’installation de nichoirs pour des raisons de préservation des espèces est apparue au 19ème siècle en Angleterre, sous l’impulsion du naturaliste Charles Waterton (1782-1865). Ce châtelain qui transforma son domaine en réserve naturelle, construisit différents types de nichoirs pour favoriser la reproduction des hiboux et des étourneaux. Le placement de nichoirs s’est imposé pour pallier à la disparition des milieux naturels, des haies, des vieux vergers, des forêts, des arbres morts…, due à l’agriculture et aussi à l’industrialisation naissante, grande consommatrice de bois. Un autre naturaliste britannique, J.F. Dovaston (1782-1854) utilisa aussi des nichoirs mais dans un but d’expériences scientifiques.

Pot à Etourneaux.

On plaça aussi des nichoirs en grande nombre pour lutter contre les insectes ravageurs des forêts. Cela s’est passé en Allemagne sous l’impulsion d’un naturaliste: le baron Hans von Berlepsch (1850-1915). Il conçu un nichoir en s’inspirant des nids de Pics. Car ceux-ci, délaissés par les Pics, sont souvent utilisés par d’autres oiseaux comme les Sitelles, Mésanges, Étourneaux et rapaces nocturnes. Ce type de nichoir était susceptible de convenir à un maximum d’espèces. Il en installa plus de deux mille dans une seule forêt. Ces nichoirs eurent un grand succès, ils furent commercialisés dans plusieurs pays.

Dans ce même ordre d’idée, au début du 20ème siècle, simultanément avec l’apparition des sociétés de protection des oiseaux (dont la Ligue) le nichoir devint le symbole de la protection des petits oiseaux utiles à l’agriculture. Poser des nichoirs est donc devenu un acte de protection de la nature. Cet acte n’a rien de dérisoire, car une espèce peut être maintenue à un endroit  grâce à cette simple action.Les mentalités évoluant, on a étudié et fabriqué des nichoirs spécifiques pour chaque espèce d’oiseau. C’est l’observation sur le terrain qui a permis de concevoir ces nichoirs dont on se demande parfois comment  on est arrivé à en déduire une forme parfois très compliquée qui convient à telle ou telle espèce. On dénombre actuellement plus de soixante modèles différents pour autant d’espèces. Les matériaux se sont diversifiés. On utilise outre le bois, la terre cuite (tuile nichoir), le béton (nid à Troglodyte dans un bloc de béton), le béton de bois, l’osier, la paille tressée, la fougère tressée, et même la courge calebasse. Il y a aussi des nichoirs « design » pour oiseaux branchés, en plastique coloré !Il n’y a pas que les nichoirs à oiseaux ; on trouve maintenant des nichoirs à insectes, des abris à papillons, des abris à chauves-souris, à hérissons, à batraciens… L’imagination dans ce domaine est sans limites.

Les nichoirs involontaires sont légion dans notre société de consommation et de déchets. Des Mésanges  nichent dans une pompe à bras, ou dans une boîte aux lettres ; des Rouges-gorges nichent dans une bouilloire abandonnée ou dans une vieille chaussure…

Tous les goûts sont dans la nature. Les bricoleurs, et même certaines firmes, se sont mis à fabriquer des nichoirs décoratifs plus originaux les uns que les autres. Des nichoirs : « mini-maison », « gueule de chat »,

« humoristiques », « déformés », « appareil photo » … qui ne sont pas toujours appropriés pour accueillir les oiseaux.

Le monde artistique s’est emparé du symbole et là on quitte le domaine de l’ornithologie pour entrer dans celui du phantasme, du rêve ou de la dénonciation des travers de notre société, en comparant par exemple nos immeubles à appartements à une accumulation de nichoirs.

Mais le meilleur nichoir, c’est quand même toujours le plus simple, en bois naturel brut, discret, fixé solidement à au moins 3 mètres de haut, dirigé vers l’est ou le sud-est et nettoyé une fois par an en automne.