Pour que tout le monde puisse cohabiter de manière sereine, vous pouvez en tant que propriétaire de chat agir en appliquant des actions fondamentales, actions qui permettront notamment d’assurer les besoins de votre chat.
Stérilisation
Tout d’abord, vous pouvez agir en stérilisant votre chat domestique. En effet, les femelles peuvent se reproduire deux fois par an et jusqu’à 15 chatons peuvent naître par portée (Courbatze, 2019). Imaginez le nombre potentiel de chatons mis au monde chaque année. En empêchant votre chat de se reproduire, vous contribuez à limiter la prolifération de chats à l’échelle de votre quartier, de votre commune ou à l’échelle du pays. Vous limitez par conséquent l’exposition des animaux sauvages présents dans votre jardin à ces prédateurs et leurs chances de se faire attraper et tuer par des chats. De plus, elle rendrait les chats plus calmes et plus casaniers, ce qui les rendrait moins enclins à aller chasser.
La stérilisation apporte aussi des bienfaits à votre chat ! Par exemple, elle lui permet de vivre plus longtemps, d’être moins sujet à des cancers des ovaires ou mammaires et elle lui permet d’être plus sociable (Service Public de Wallonie, s.d.).
Cette solution est de plus obligatoire légalement : en effet, les propriétaires de chats en Wallonie sont obligés de stériliser leur chat depuis l’entrée en vigueur le 1er novembre 2017 de l’arrêté du Gouvernement wallon relatif à la stérilisation des chats domestiques du 15 décembre 2016 (Service Public de Wallonie, s.d.). En région bruxelloise, la stérilisation du chat domestique, avant qu’il n’ait une demi-année, est devenue obligatoire depuis le 1er janvier 2018 (Bruxelles Environnement, 2018).
Son coût pourrait à première vue sembler important : d’après le Service Public de Wallonie (s.d.), en fonction du sexe du chat, les prix de la stérilisation d’un chat domestique en région wallonne varient entre 75 et 150€. Néanmoins, un propriétaire de chat ne devra faire cela qu’une seule fois et cette dépense sera minime comparativement à tout ce qu’il faudra fournir au chat sur le long terme (Service Public de Wallonie, s.d.). De plus, certaines communes prennent aussi en charge le coût de la stérilisation pour les propriétaires habitant ces communes.
Ne pas abandonner son chat
Même si cela peut paraître évident pour la plupart d’entre nous, ne pas abandonner son chat est également essentiel. En effet, d’une part, un chat abandonné aura une raison supplémentaire de chasser la faune sauvage à sa disposition : se nourrir pour survivre. A l’inverse, il n’a aucune raison a priori de chasser pour survivre s’il n’est pas abandonné et s’il est bien nourri. D’autre part, un chat profondément attaché à ses propriétaires sera potentiellement traumatisé et aura des problèmes de confiance avec les humains dans le futur s’il venait à être abandonné.
Alimentation variée et de qualité
Une autre solution basique consiste à assurer à votre chat une alimentation variée et de qualité. A nouveau, cela peut paraître aussi évident à première vue. Cependant, il est important de le rappeler car l’alimentation est un élément-clé pour avoir un chat en bonne santé. En effet, une alimentation de qualité, même si plus chère, permet d’une part au chat d’être a priori bien nourri, de renforcer son système immunitaire et de faciliter sa digestion. Elle lui permet donc d’être en meilleure santé. De plus, la nourriture carnée de haute qualité réduit les chasses aux mammifères et aux oiseaux (Cecchetti, Crowley, Goodwin, & McDonald, 2021). D’autre part, le chat va éviter de chasser pour manger, ce qui réduit en partie sa prédation sur la faune sauvage et lui évite de se mettre en danger en allant chasser.
Néanmoins, cette solution ne limite que partiellement la prédation des chats sur la faune sauvage car comme le dit Courbatze (2019), les chats peuvent adopter le comportement d’ abattage en surplus.
Il faudra donc combiner cette solution avec une autre solution pour limiter la prédation de votre chat sur la faune sauvage de manière efficace.
Jouer avec vos chats
Les chats adorent jouer ! Ils jouent pour s’amuser, se stimuler. L’instinct de chasse fait partie du jeu ou du comportement de jeu. En jouant avec votre chat pendant suffisamment de temps ou en lui offrant des jeux, vous l’aiderez potentiellement à satisfaire son instinct inné de chasseur et à le fatiguer suffisamment pour lui passer l’envie de chasser la faune sauvage dans votre jardin. De plus, rien de tel pour créer du lien avec lui ! Chaque chat ayant son propre caractère, il faudra parfois tester plusieurs types de jouets pour déterminer celui qui amusera le plus votre chat.
Au-delà de ces solutions essentielles, vous avez aussi la possibilité de choisir, tester et combiner les systèmes présentés ci-dessous en fonction de la personnalité de votre chat et de vos préférences.
Barrière stop minou et manchon de protection
Que ce soit avec une ceinture de barres métalliques indépendantes ou avec ce grand morceau de plastique dur et lisse (manchon de protection) placé sur le tronc d’un arbre, votre chat va avoir des difficultés à grimper dans les arbres et accéder aux nichoirs ou aux zones très fréquentées par les oiseaux. Ces systèmes ne sont pas dangereux pour les chats et sont relativement bon marché (10€ pour le manchon de protection et entre 22 et 35€ pour la barrière stop minou en fonction de la taille). Le manchon est par ailleurs très facile à réaliser soi-même.
Si vous envisagez cette solution, plusieurs choses sont à garder à l’esprit. Tout d’abord, ces systèmes n’empêchent pas les chats de chasser les oiseaux qui se posent au niveau du sol. Ensuite, cette solution est moins efficace pour empêcher la prédation du chat sur les petits mammifères, les reptiles et les insectes qui se déplacent au niveau du sol. Pensez à placer la ceinture à la bonne hauteur de sorte à ce que vous et vos enfants puissiez vous déplacer dans le jardin en toute sécurité.
Clôture au jardin ou patio pour chat
Si vous disposez d’un budget plus important et si vous vous préoccupez de la sécurité de votre chat lorsqu’il se déplace librement à l’extérieur, il est aussi possible de construire pour lui un terrain de jeu extérieur fermé et très sûr. Vous pouvez par exemple aménager un patio pour chat (aussi appelé Catio). Système populaire aux Etats-Unis depuis plusieurs années, le catio permet à votre chat de pouvoir passer du bon temps à l’extérieur tout en étant à l’abri d’autres prédateurs ou de véhicules circulant dans la rue (Dieu, 2019). Le chat peut avoir accès à cet endroit généralement grillagé mais dans lequel il peut se déplacer sans contraintes en passant soit par une porte-fenêtre soit par sa chatière (Zerbib, 2020). Plusieurs types de catio sont possibles. Vous pouvez même le réaliser vous-même et vous avez aussi la possibilité d’en placer un si vous avez un balcon. Si cette solution est envisagée, le propriétaire est encouragé à y placer un bol d’eau et à offrir dans cet espace des endroits où son chat pourra faire la sieste et se mettre à l’ombre, jouer et se cacher (Zerbib, 2020).
Vous pouvez tout à fait aussi délimiter l’espace du jardin accessible à votre chat à l’aide d’une clôture physique. Si vous envisagez de mettre en place une clôture physique, mettez un treillis avec des mailles entre 12 et 15 cm (Beaumont, 2019).
Zones refuge pour la faune sauvage
De manière générale, si vous souhaitez inciter la faune sauvage à venir s’installer dans votre jardin à l’abri des prédateurs, vous pouvez aussi créer des zones spécialement réservées à la faune sauvage de votre jardin. Celle-ci pourra venir se réfugier en cas d’attaque de la part d’un prédateur. Plusieurs aménagements sont possibles comme par exemple : placer des nichoirs à oiseaux en hauteur, des hôtels à insectes, des gîtes pour hérissons, chauve-souris, etc. Vous pouvez aussi conserver les arbres anciens ou morts de votre jardin. L’aménagement de tas de bois, de pierres, de branches ou de feuilles est une très bonne solution pour la petite faune. Installer et entretenir des haies permettent aussi à des insectes et des oiseaux de pouvoir s’y abriter. Par contre, il est préférable de tailler votre haie en hiver. Il est aussi possible d’aménager dans votre jardin une zone de hautes herbes ou une zone de prairie fleurie. Les mares naturelles sont des endroits parfaits pour attirer des libellules et des grenouilles mais elles permettent aussi aux oiseaux de s’y nettoyer et de s’hydrater. Vous pouvez évidemment ainsi aménager plusieurs types de zones refuges, en fonction des possibilités qu’offre votre jardin.
Collier Birdsbesafe
En plus du fait qu’il peut donner un look amusant à votre chat, ce collier arc-en-ciel contribue aussi à limiter l’impact de votre chat sur la faune sauvage: sa couleur attire l’attention des oiseaux et les prévient de la présence de votre chat. Les commentaires des utilisateurs du collier sont contradictoires, mais il est scientifiquement prouvé que c’est l’une des méthodes les plus efficaces pour réduire la prédation des oiseaux par les chats. En effet, selon Cecchetti et al. (2021), le port du collier Birdsbesafe a réduit de 42% la mortalité des oiseaux durant l’étude qu’ils ont mené en Angleterre. Cette constatation confirme les résultats de l’étude réalisée en Australie pendant deux ans par Hall et al. (2015). Dans cette étude, les colliers aux couleurs arc-en-ciel et rouge ont été les plus efficaces pour réduire la prédation des chats sur les oiseaux de 54% la première année et de 47% la deuxième année (2015).
Contrairement aux appareils sur le tronc qui ne peuvent protéger que les oiseaux sur l’arbre, cette méthode permet également la protection des oiseaux au sol. Ce collier est facile à mettre et financièrement accessible (environ 15€). De plus, l’étude menée par Hall, Fontaine, Bryant, et Calver (2015) a montré qu’il ne constitue pas un danger majeur pour votre matou. Si vous avez quand même peur que votre chat se blesse avec, pensez à contrôler l’ajustement de son collier régulièrement.
Conclusion
Il existe une série de solutions relativement simples qu’on peut appliquer pour limiter la prédation de notre chat sur la faune sauvage tout en préservant son bien-être. Même si à lui seul le propriétaire de chat ne pourra pas empêcher totalement son chat de chasser la faune sauvage, il pourra, à son niveau, contribuer à réduire l’impact de la prédation de son propre chat. Et réduire ce problème à un niveau, c’est contribuer à réduire partiellement le problème plus global d’érosion de la biodiversité. Avec ces petits gestes, vous construisez également un cadre de vie agréable pour vous et votre famille. Plus d’hésitation à avoir : à vous de jouer!
Lire l’article sur l’impact de la prédation des chats sur les oiseaux
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