La Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO) est intervenue ce vendredi 2 juin sur un terrain à Bruxelles où se trouvaient des pièges à oiseaux. L’association a été avertie par un ornithologue amateur, qui les avait découverts sur une friche le long du canal. La LRBPO a désactivé le dispositif, et fait constater l’infraction par la police.

Une opération bien préparée.

Les pièges découverts consistaient en des branches dépourvues de feuilles et enduites de glu. Ils avaient été disposés à proximité d’éléments attractifs pour les oiseaux, afin que ceux-ci viennent s’y poser, et y restent collés.

“Les auteurs savaient manifestement comment s’y prendre pour attirer des oiseaux. De la nourriture était suspendue aux branches engluées, et une petite mare artificielle avait été créée juste à côté”, explique la LRBPO. D’autres perchoirs similaires (pas encore enduits de colle) étaient en cours d’installation sur le site.

L’objectif était probablement de capturer des oiseaux pour les mettre en cage. Le Chardonneret élégant, nicheur sur cette friche, est apprécié comme oiseau “de cage” en raison de son chant mélodieux et de ses couleurs chatoyantes.

Peu après leur découverte, la LRBPO s’est rendue sur place pour désactiver les pièges et éviter toute capture accidentelle avant l’arrivée de la police. La police est ensuite venue sur les lieux pour constater l’infraction, après quoi les pièges ont été détruits. La police et Bruxelles Environnement s’assureront que de tels dispositifs n’y soient pas réinstallés.

La nature est menacée de toutes parts, chaque mètre carré compte.

Alors que les espaces naturels se réduisent chaque jour un peu plus à Bruxelles et partout ailleurs, les naturalistes et les associations de protection de la nature se battent au quotidien pour éviter la destruction des sites naturels et pour restaurer des zones propices à la biodiversité.

Les pièges ont été découverts sur une petite friche de quelques centaines de mètres carrés le long du canal, qui est le site de nidification de plusieurs espèces d’oiseaux peu communs en Région bruxelloise, comme le Chardonneret élégant, la Rousserolle verderolle, et la Rousserolle effarvatte. L’Hypolaïs polyglotte ou le Tarier des prés y ont également été observés en passage migratoire. Des mares naturelles et une petite roselière sont également présentes sur le site.

En raison de l’intérêt biologique du site, des discussions sont en cours entre les naturalistes, le propriétaire du terrain, et les gestionnaires du canal et du port de Bruxelles, afin d’y mettre en œuvre des mesures propices à la biodiversité. Cela rend d’autant plus intolérable la découverte de ces installations.

Une pratique d’un autre âge.

Grâce à un combat mené par la LRBPO durant des décennies, la tenderie (mode de chasse dans lequel des oiseaux sont capturés à l’aide de pièges) est interdite en Belgique depuis 1995. Cependant, il serait naïf de croire que cette pratique appartient définitivement au passé. Si certains oiseaux d’élevage peuvent être détenus légalement, il persiste malheureusement un marché parallèle pour amateurs de nature sauvage en cage. Une simple recherche sur les sites de vente de seconde main permet de s’en rendre compte…

Des millions d’oiseaux continuent d’être chassés, capturés et braconnés dans une série de pays autour du bassin méditerranéen, dont Chypre et Malte, en infraction totale par rapport aux règlements européens, dont la Directive oiseaux.

Les observateurs, anges gardiens de la nature.

“Pour l’instant, la découverte de ces pièges à Bruxelles semble être un cas isolé, mais il faut rester vigilant”, avertit la LRBPO. Comme souvent lorsque la nature est mise en danger, c’est un observateur amateur qui a alerté la communauté des naturalistes et les associations. “Cet exemple illustre une fois encore le rôle crucial que peuvent jouer les naturalistes de terrain : ils ne sont pas que des observateurs de la nature, ils en sont aussi les gardiens”, souligne l’association.