Le nourrissage des oiseaux des jardins est une activité courante en Europe, comme dans le monde. En général, celle-ci se déroule en hiver où de nombreux belges y participent. Les arguments mis en avant sont d’une part la survie des espèces pendant une saison plus difficile par rapport aux conditions météorologiques et d’autre part la facilité d’observation qui est très éducative.

L’apport de nourriture en période hivernale est constitué essentiellement de mélanges de graines (tournesol en général avec du millet, de l’avoine, des cacahuètes, …), à partir du mois d’octobre jusqu’en mars. Il arrive que ce type d’aliment soit complété par des graisses lorsqu’arrive la période de gel. La plupart du temps, le nourrissage prend fin au printemps juste avant la période de nidification des oiseaux. En effet, en cette période, les espèces sont plus territoriales et abandonne pour une grande majorité les mangeoires.

La Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux est de plus en plus souvent interpellée par le grand public afin de connaître son avis sur le prolongement de la période de nourrissage de nos amis ailés. Cette prolongation aurait lieu pendant la période de reproduction afin d’essayer d’éviter le déclin observé des populations d’oiseaux, et d’insectes.

Variation saisonnière des ventes d’aliments dans notre boutique

En Belgique, il existe une variation saisonnière du nourrissage, les ventes de notre Boutique verte l’illustre. Les types d’aliments proposé à la vente sont des graines (tournesol, mélanges de graines, cacahuètes, …), des boules de graisses et des vers de farine. La vente de ces produits évolue selon les saisons, c’est en hiver qu’elle atteint son pic, surtout aux mois de novembre et de décembre. Les ventes d’aliments pour les oiseaux en automne et en hiver sont 10 fois plus grandes qu’en période de nidification, au printemps et en été.

Conséquences du nourrissage en période de reproduction

Selon une étude anglaise sur l’effet du nourrissage en période de nidification, le seul effet positif est l’avancement de la date de ponte, ce qui est souvent associé à une ponte d’œufs plus importante et donc plus de jeunes à l’envol. Par contre, ils existent plusieurs effets négatifs de nourrir en période reproduction.

Tout d’abord, la qualité de la nourriture proposée dans les commerces est de moins bonne qualité que les aliments naturels que les oiseaux se procurent dans la nature (chenilles, insectes, …). Il est donc primordial de prendre en compte la qualité des aliments pour que ceux-ci soient bénéfiques aux oiseaux.

Un autre effet, souvent évoqué, c’est la transmission d’agent pathogènes. En effet, le rassemblement d’oiseaux autour des mangeoires, même si elle est moindre en période de reproduction, favorise le développement de maladies comme la trichomonose. Cette maladie peut contribuer à la diminution de la population du Verdier d’Europe par exemple. De plus, la concentration des oiseaux peut augmenter le taux de prédation pas les chats ou les rapaces, ce qui cause un déséquilibre dans la chaîne alimentaire. Faites donc attention à disposer vos mangeoires dans un endroit dégagé mais à proximité d’arbustes, éloignées des fenêtres et des baies vitrées afin d’éviter les collisions.

De plus, un nourrissage pendant la période de nidification peut affecter l’adaptation des populations d’oiseaux au réchauffement climatique. En effet, ce nourrissage induit une ponte et une éclosion des oisillons plus hâtive, ce qui peut avoir pour conséquence une inadéquation entre le pic de ressources alimentaires (arthropodes, insectes, …) et la demande énergétiques des poussins.

Le nourrissage pourrait également avoir un effet sur l’évolution des espèces. A titre d’exemple, en Nouvelle-Zélande, il ne restait que 200 individus de Strigops Kakapo. Un nourrissage systématique des femelles reproductrices a alors été organisé pour favoriser la reproduction. Résultat : les femelles ont vu éclore une majorité de poussins mâle.

Enfin, le nourrissage en période de reproduction peut causer un déséquilibre entre espèces. Le nourrissage peut voir augmenter certaines populations d’oiseaux habitués aux jardins. Ce renforcement pourrait créer de la compétition et réduire la densité d’autres espèces. C’est le cas de la Mésange charbonnière, dont le nourrissage lui est bénéfique, puisqu’elle se reproduit plus rapidement que le Gobe-mouche noir, espèce migratrice qui doit revenir de ses quartiers d’hiver.

Conclusion

Nous ne recommandons pas le nourrissage pendant la période de nidification pour les raisons énoncées ci-dessus mais également par manque d’études scientifiques à ce sujet. Nous conseillons donc d’arrêter progressivement le nourrissage dans le courant du mois de mars, lorsque les beaux jours arrivent et de recommencer graduellement dans le courant du mois de novembre. Si certains d’entre vous veulent continuer à nourrir tout au long de l’année, nous vous recommandons de mettre des petites mangeoires verticales et de privilégier des aliments énergétiques de qualités, et de vous limiter par exemple aux graines de tournesol, qui seront un apport complémentaire si nécessaire, mais pas obligatoirement. Si l’objectif de ce nourrissage est d’augmenter le nombre de couples nicheurs dans votre jardin, nous vous conseillons plutôt d’aménager ce dernier plus naturellement afin d’attirer les invertébrés dont les oiseaux sont friands. Les haies sauvages d’espèces indigènes fournissent des baies, des graines et des insectes. Les vergers procurent des cavités mais aussi des fruits. Les prairies de fauches ou fleuries sont de véritables terrains de chasse pour les oiseaux. Une mare permet aux oiseaux de s’abreuver mais également de se nourrir des insectes qui sont attirés par ce milieu.

En résumé : les solutions

La Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux ne recommande pas le nourrissage pendant la période de nidification afin d’éviter les risques potentiels associés au nourrissage. Si certains d’entre vous veulent continuer à nourrir tout au long de l’année :

  1. Préférez les petites mangeoires verticales.
  2. Installez plusieurs postes de nourrissage plutôt qu’un seul.
  3. Nettoyez régulièrement vos mangeoires.
  4. Privilégiez des aliments énergétiques de qualités.
  5. Si vous observer des oiseaux malades, arrêtez directement pendant 4 semaines.

Aménager votre jardin au naturel :

  1. Plantez une haie sauvage en évitant de la tailler en période de nidification.
  2. Si vous avez la place, plantez un verger.
  3. Semez une prairie de fauche ou fleurie.
  4. Évitez de tondre toute votre pelouse.
  5. Installez une mare.
  6. Stoppez l’utilisation des pesticides et des insecticides.

ATTENTION : 

Le pain et les oiseaux :

Ne donnez pas de pain, celui-ci n’est pas adapté au métabolisme des oiseaux, il peut même être fatal. Sous l’effet des levures, le pain gonfle dans leur estomac, ce qui leur donne un faux sentiment de satiété. Le pain ne contient pas les éléments nutritifs appropriés, mais au contraire un ingrédient toxique, le sel. Il peut également générer des problèmes osseux comme les « ailes d’anges », qui est une malformation des ailes.

Vous voulez en savoir plus, lisez ceci sur notre site.

Ne nourrissez pas les oiseaux des étangs : 

  1. Les opportunistes comme les rats, les bernaches du canada, les perruches, les pigeons se nourrissent et cela favorise leur population.
  2. La nourriture inadéquate a des conséquences sur la santé des oiseaux.
  3. Le milieu se dégrade à cause de la surpopulation de certains espèces mais aussi par la décomposition des aliments qui modifie le pH de l’eau des étangs.
  4. Les oiseaux deviennent dépendants de l’homme et peuvent donc devenir agressifs.

Vous voulez en savoir plus sur le nourrissage des oiseaux des étangs, lisez ceci sur notre site.