Quand nourrir les oiseaux ?

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À quelle période de l’année et dans quelles conditions est-il opportun de nourrir les oiseaux ? Le nourrissage des oiseaux des jardins est une pratique courante en Europe, comme dans le monde. En général, celle-ci se déroule en hiver, et de nombreux belges y participent. Le nourrissage est-il bénéfique à d’autres saisons ?

Les arguments mis en avant par les adeptes du nourrissage hivernal sont d’une part une amélioration potentielle de la survie des oiseaux pendant la saison la plus difficile sur le plan des conditions météorologiques, et d’autre part les opportunités d’observations rapprochées, dont le potentiel éducatif est élevé. L’apport de nourriture en période hivernale est constitué essentiellement de mélanges de graines (tournesol principalement, en général avec du millet, de l’avoine, des arachides, …). Il arrive que ces aliments soient complétés par des graisses en période de gel. Le nourrissage est souvent effectué à partir du mois d’octobre jusqu’en mars. La plupart du temps, il prend fin au printemps juste avant la période de nidification. En effet, en cette période, les oiseaux sont plus territoriaux et abandonnent en grande majorité les mangeoires.

La Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux est parfois interrogée concernant le prolongement de la période de nourrissage de nos amis ailés. Cette prolongation aurait lieu pendant la période de reproduction afin d’enrayer le déclin observé des populations d’oiseaux.

Conséquences du nourrissage en période de reproduction

Le nourrissage en période de nidification peut avoir pour effet positif un avancement de la date de ponte, ce qui est souvent associé à une ponte d’œufs plus importante et donc plus de jeunes à l’envol. Par contre, le nourrissage en période de reproduction comporte plusieurs effets négatifs.

Tout d’abord, la qualité nutritionnelle de la nourriture fournie artificiellement est inférieure à celle des aliments naturels que les oiseaux se procurent dans la nature (chenilles, insectes, …). Il est donc primordial de prendre en compte la qualité des aliments pour que ceux-ci soient bénéfiques aux oiseaux. Les aliments déshydratés fournis via les mangeoires ne peuvent servir que de complément, car les oisillons ont besoin de nourriture humide pour s’hydrater (leurs parents ne leur apportent pas d’eau).

Un autre élément important est la transmission d’agents pathogènes. En effet, le rassemblement d’oiseaux autour des mangeoires, même si elle est moindre en période de reproduction, favorise le développement de maladies. Les températures plus élevées au printemps augmentent les risques de transmission. Il a été démontré que la trichomonose contribue à la diminution de la population du Verdier d’Europe par exemple. De plus, un nourrissage pendant la période de nidification peut affecter la synchronisation du comportement reproducteur des oiseaux avec la disponibilité des ressources alimentaires. En effet, ce nourrissage induit une ponte et une éclosion des oisillons plus hâtive, ce qui peut avoir pour conséquence une inadéquation entre le pic de ressources alimentaires (arthropodes, insectes…) et la demande énergétique des poussins.

Le nourrissage pourrait également avoir un effet sur l’évolution des espèces. A titre d’exemple, en Nouvelle-Zélande, il ne restait que 200 individus de Strigops kakapo. Un nourrissage systématique des femelles reproductrices a alors été organisé pour favoriser la reproduction. Résultat : les femelles ont vu éclore une majorité de poussins mâles.

La LRBPO ne recommande pas le nourrissage pendant la période de nidification afin d’éviter les risques potentiels associés à cette pratique.

Favoriser un jardin naturel et limiter le nourrissage aux périodes de grand froid

Nous conseillons donc de limiter le nourrissage à la période la plus froide de l’hiver (quand les températures sont négatives ou légèrement au-dessus de 0°C), en arrêtant progressivement le nourrissage dès que les températures remontent. Afin d’accueillir les oiseaux dans un jardin, nous conseillons plutôt d’aménager ce dernier le plus naturellement possible afin qu’ils puissent y trouver tout ce dont ils ont besoin, toute l’année. Par exemple, les buissons et les haies sauvages d’espèces indigènes fournissent des baies, des graines et des insectes. Les vergers procurent des cavités mais aussi des fruits. Les prairies de fauches ou fleuries sont de véritables terrains de chasse pour les oiseaux. Une mare permet aux oiseaux de s’abreuver et de se baigner, mais également de se nourrir des insectes qui y sont attirés.

Le meilleur moyen d’aider les oiseaux est d’aménager un jardin naturel :

  • Stopper l’utilisation des pesticides et des insecticides.
  • Planter une haie sauvage en évitant de la tailler en période de nidification.
  • Éviter de tondre l’entièreté de la pelouse.
  • Si le terrain le permet, planter un verger.
  • Semer une prairie de fauche ou fleurie.
  • Installer une mare.
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