La Journée mondiale des zones humides a lieu chaque année le 2 février. C’est l’occasion de mettre en valeur ces milieux uniques, qui sont d’une importance cruciale pour la biodiversité, mais qui sont pourtant malmenés par le développement des activités humaines. En 2023, l’accent est mis sur la restauration des zones humides. La LRBPO a rencontré Alain Malengreau, guide volontaire au complexe marécageux d’Hensies-Harchies-Pommeroeul, pour faire le point sur ces zones si importantes.

Une zone humide, c’est quoi?

La Convention de Ramsar, adoptée le 2 février 1971 par l’UNESCO, est la convention relative aux zones humides d’importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau. Elle définit les zones humides comme “des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou  temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres”. Alain Malengreau résume: “Une zone humide est une zone où le principal facteur d’influence du biotope est l’eau.”

Pourquoi les zones humides sont-elles importantes?

De nombreux organismes dépendent des zones humides pour accomplir leur cycle de vie: Bécassine des marais, Râle d’eau, Gorgebleue à miroir,… mais aussi de nombreux amphibiens, libellules, insectes, et plantes. Les zones humides regorgent de biodiversité.

Et ce n’est pas tout: “Les zones humides sont importantes pour la faune et la flore spécifiques à ces milieux mais elles offrent également de multiples services écosystémiques, notamment dans la régulation des crues.” ajoute l’ornithologue Alain Malengreau.

Le week-end dernier, du 27 au 29 janvier, Alain a coordonné le recensement des laridés (mouettes et goélands) à leurs “dortoirs” en Hainaut occidental. Un comptage qui illustre un des rôles importants des zones humides pour la biodiversité. “Les Marais d’Harchies jouent un rôle essentiel comme site de nidification, mais également en hiver comme dortoir. Un dortoir peut accueillir plusieurs milliers de laridés. Le dénombrement de cette année revêt une importance toute particulière dans le contexte de l’épidémie de grippe aviaire. Cela devrait nous donner des indications chiffrées sur l’état de la population hivernante.

Les zones humides sont l’écosystème le plus menacé de la planète

Malgré leur importance, les zones humides disparaissent encore aujourd’hui à un rythme alarmant. Elles sont même rayées de la carte trois fois plus vite que les milieux forestiers. Au total, pas moins de 80% des zones humides mondiales ont été dégradées au cours des trois derniers siècles, et 35% depuis les années 1970. Ce sont les activités humaines qui sont responsables de cette dégradation. Alain Malengreau confirme: “La pression anthropique est très forte. L’assèchement et la destruction des habitats menacent ces milieux. Ils sont peu exploitables pour des activités économiques. Ils sont jugés inutiles, et en fin de compte supprimés.”

En conséquence, 25% des espèces des zones humides sont menacées à cause de la disparition de leur habitat. Plus largement, depuis les 50 dernières années, les populations de 81% des espèces terrestres des zones humides et 36% des espèces côtières déclinent.

Conserver et restaurer les zones humides, les deux faces d’une même pièce

Les grandes zones humides en Wallonie sont protégées dans leur ensemble. Mais il faut éviter l’effet d’îlot et protéger aussi les plus petites zones, qui se limitent parfois à une mare de quelques ares, et qui sont indispensables aux maillages et couloirs écologiques.”, explique Alain Malengreau.

Parallèlement à ces mesures de conservation, il est crucial de restaurer les zones humides dégradées, et de recréer des milieux capables de s’auto-entretenir. La restauration des zones humides permet de revitaliser la biodiversité, et de retrouver plusieurs des services fournis à l’origine par la zone humide naturelle.

Et comment peut-on donner un coup de pouce supplémentaire à la nature en tant que citoyen ? “En créant une mare dans son jardin, c’est déjà un bel engagement éco-responsable, et plus largement en soutenant toutes les associations de protection de l’environnement.” conclut Alain Malengreau.

Références

World Wetlands Day (2023) Matériel. World Wetlands Day. Consulté le 31 janvier 2023 sur https://www.worldwetlandsday.org/fr/material#

The Ramsar Convention Secretariat (2014) A propos de la Convention sur les zones humides. Convention on Wetlands. Consulté le 31 janvier 2023 sur https://www.ramsar.org/fr/a-propos-de-la-convention-sur-les-zones-humides

Wikipedia (2023, 24 janvier) Convention de Ramsar. Wikipedia. Consulté le 31 janvier 2023 sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Convention_de_Ramsar