Le Centre de Soins pour la Faune Sauvage de la LRBPO est aujourd’hui dans l’obligation d’arrêter la prise en charge d’animaux domestiques.
Depuis 30 ans, la mission du Centre de Soins est d’aider les animaux sauvages en danger afin de les soigner, les revalider et les relâcher dans leur espace naturel. Cependant, au fil des années, la LRBPO a dû aussi combler un manque, en Région bruxelloise, de structures d’accueil pour des animaux domestiques autres que les chiens ou les chats. Elle a, ainsi, répondu à la demande du public en accueillant et soignant gratuitement des oiseaux domestiques, des NAC, ou d’autres animaux apprivoisés abandonnés et/ou blessés.
Ce changement implique entre autres que les pigeons domestiques ne pourront plus être pris en charge par le Centre de Soins de la LRBPO.

Pourquoi la LRBPO n’accueille t-elle plus d’animaux domestiques ?

L’accueil d’animaux domestiques entrave le bon fonctionnement du Centre :

Croissance importante des entrées d’animaux d’année en année
Notre Centre de Soins fonctionne 365 jours par an. Le nombre d’entrées ne cesse de croître chaque année. De 800 à ses débuts, nous sommes passés à 3000 en 2020, 3300 en 2021 et 3451 en 2022! Lors de la haute saison (mars à juillet) nous avons comptabilisé jusqu’à 50 entrées sur une seule journée.
Avec tant d’animaux pris en charge, nos équipes et nos locaux atteignent leurs limites (physiques, financières et humaines). Situé en pleine ville, face à une école, coincé entre d’autres bâtiments, avec des difficultés de stationnement, sans possibilité d’extension des installations existantes, limité en nombre de volières intérieures et extérieures, notre centre est saturé une bonne partie de l’année.

Charge de travail supplémentaire
Les soins aux animaux domestiques ajoutent à nos équipes 33% de charge de travail. Les soins pour ces animaux engendrent donc des augmentations considérables des coûts, tant humains que matériels. Leur prise en charge réduit inévitablement l’espace et le temps disponibles pour les soins à la faune sauvage. En effet, un espace de quarantaine est obligatoire et nous impose une cage par animal. Au vu de l’espace disponible, c’est une moins-value pour la protection et le bien-être de la faune sauvage.

Impact négatif pour notre faune sauvage indigène
La faune sauvage indigène a besoin de protection aujourd’hui. La LRBPO s’est donnée pour mission de la protéger au quotidien. Ces dernières années, d’autres structures ont ouvert leurs portes pour protéger les animaux domestiques. Cela a du sens de continuer sur cette voie.

Augmentation de la propagation des maladies
Accueillir à la fois des animaux sauvages et domestiques accroît la propagation des maladies (des animaux domestiques vers les animaux sauvages, et vice versa) et engendrent donc des mortalités et des soins supplémentaires. Ces maladies sont nombreuses. Citons par exemple (liste non exhaustive): la grippe aviaire, passée de ‘saisonnière’ à ‘permanente’, la variole aviaire, la coccidiose ou la trichomonose. Toutes ces maladies sont très contagieuses, certaines sont mortelles pour les animaux, et se répandent rapidement dans les espaces confinés dans lesquels nous devons parfois travailler. Et l’accentuation des risques globaux est constatée d’année en année.

La situation actuelle est intenable

Les défis financiers et structurels auxquels fait face notre association sont colossaux:

  1. Notre structure est largement sous financée par rapport au service rendu à la population. Les financements publics s’élèvent difficilement de 20 à 30 000€ par an (+ 20 000€ d’aide à l’emploi) alors que les coûts globaux de fonctionnement de notre centre s’élèvent à plus de 300 000€.
  2. Notre Centre de Soins fonctionne grâce à la détermination de dizaines de bénévoles et seules deux à trois personnes (lors de la haute saison) peuvent être rémunérées pour le travail réalisé. Ce n’est pas tenable.
  3. Nous avons reçu la demande de Bruxelles Environnement de réduire le nombre d’accueil d’animaux, afin d’être en règle avec les législations. (Voir ci-après). Cela permettra de réduire la pression sur notre Centre de Soins mais ne la supprimera pas entièrement.

Bien-être des animaux sauvages

En septembre 2023, la LRBPO a été mise en demeure par Bruxelles Environnement de réduire la capacité d’accueil de son Centre de Soins.

Si nous voulons continuer à accueillir, dans de bonnes conditions, les animaux sauvages en détresse, nous devons donc accepter cette décision.

Ne pas prendre en charge les espèces domestiques, dont les pigeons des villes, est une décision difficile mais qui
permettra à la LRBPO de :

  • Réduire la charge de travail pour ses équipes,
  • Réduire la pression sur son centre,
  • Assurer à 100% notre mission principale de protection de la faune sauvage,
  • Réduire la propagation des maladies.

Concrètement, que va-t-il se passer ?

À partir du 1er janvier 2024, le Centre de Soins pour la Faune Sauvage de Bruxelles géré par la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO) ne prendra plus en charge les animaux domestiques (comme les lapins, perruches, canaris, …), ou encore les oies et canards issus de races domestiques que l’on peut retrouver sur les étangs de Bruxelles, ni les nouveaux animaux de compagnie (NAC – tels que les tortues, serpents², …), ni les «pigeons des villes» (scientifiquement nommés «pigeons biset domestiques», à ne pas confondre avec les pigeons ramiers qui sont des oiseaux sauvages).
La LRBPO invite les citoyens à prendre connaissance de la liste des centres de soins et autres refuges pouvant prendre le relais pour les espèces domestiques que la LRBPO ne prend pas en charge. (cf. flyer «Les animaux acceptés au Centre de Soins pour la Faune Sauvage – Bruxelles»).

La LRBPO tire la sonnette d’alarme

À la suite de cette décision, prise à contrecœur, la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux tire la sonnette d’alarme pour une espèce en particulier: les pigeons domestiques. Depuis 2020, c’est plus de 1800 individus qui ont été pris en charge par le Centre de Soins de la LRBPO. Qui s’occupera de ces animaux en détresse à partir du 1er janvier ?

La Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO) demande aux autorités compétentes en Région bruxelloise de créer, et de financer une structure de prise en charge des pigeons domestiques en difficulté (blessés, jeunes tombés du nid, etc.).

C’est l’unique solution à ce jour pour assurer le bien-être animal de toutes les espèces.

 

¹ Administration en charge de l’environnement et de l’énergie en Région de Bruxelles-Capitale, qui s’occupe entre autre de la surveillance et de la gestion de la qualité de l’air, de l’eau et des sols ainsi que des déchets, du bruit, du bien-être animal, de la biodiversité et des espaces verts.
² Les couleuvres à collier qui sont des serpents indigènes de Bruxelles seront acceptés en tant que faune sauvage, ainsi que tout autre reptile vivant à l’état sauvage en Belgique.