On se pose souvent cette question : comment bien faire pour aider la nature chez soi ? Y a-t-il des actions à faire différemment ou mieux pour offrir à la faune, à la flore et à la fonge de mon jardin une chance de s’y sentir bien ? Effectivement, n’oublions pas la fonge… Les champignons sont en effet souvent les « grands oubliés de l’histoire » alors qu’ils sont omniprésents dans notre environnement et que leurs rôles sont essentiels au bon fonctionnement des écosystèmes !

Quel est le lien entre une réserve naturelle et mon jardin ?

Le manque de connectivité de la nature est un problème majeur dans notre monde actuel. Cependant, si chacun commence à laisser pousser les fleurs sauvages via des fauches tardives, à offrir des arbres et arbustes indigènes aux oiseaux, insectes et mammifères alors toute la chaîne va en profiter. Le sol sera plus vivant, les plantes résisteront mieux, les insectes y trouveront refuge et nourriture. Qui dit plantes et arbres dit nectar, pollen, fruits et graines, et par voie de conséquence, les insectes et les oiseaux s’en trouveront très nettement favorisés et le cercle s’agrandira.

Votre jardin peut ainsi être un tremplin, une zone relais pour les populations en danger. Grâce à de petites actions chez vous, vous renforcez le maillage écologique local et permettez un écosystème plus complet. Pas besoin de tout avoir chez vous, il n’y a pas de frontière à votre jardin, vous compléterez ce qui vous entoure et vice-versa !

Dans les réserves naturelles tout comme dans les jardins, laissez aussi faire la nature (elle le fera certainement mieux que vous) et donc laissez certaines parties en libre évolution et méfiez-vous des œillères du type une gestion uniquement orientée « oiseaux » ou « papillons » ou « reptiles » … N’oubliez pas non plus que vous ne ferez pas d’omelette sans casser des œufs et que toute gestion ou tout aménagement, s’il est favorable à une série d’espèces, est défavorable à toute une série d’autres espèces et qu’en cela, vous êtes un fameux apprenti-sorcier…

Vous vous en doutez, il n’y a pas une réponse mais une multitude de petites choses que vous pouvez faire au quotidien. Aujourd’hui, nous vous proposons de rencontrer différents collègues du projet « Aires protégées ».

Au sein des réserves naturelles, nous préférons souvent que la nature retrouve ses droits naturellement, mais nous pouvons aussi l’aider. Ces actions, vous pouvez les reproduire pour la plupart près de chez vous.

Voici quelques conseils de Michaël, Florence, Marc-Antoine, Bernard et Catherine à réaliser dès cet automne chez vous.

Durant la belle saison, nous aimons faire le point sur la nature qui nous entoure. Pourquoi telle espèce pousse ici, quelle est cette nouvelle plante arrivée cette année et surtout, est-ce que mon jardin, mon balcon sont des endroits accueillants ?

Qu’est-ce qu’un jardin accueillant ?

Un jardin accueillant est un jardin varié, riche en micro-habitats, qu’il s’agisse d’un compost, d’un vieux tas de bois, d’un roncier, d’un massif d’orties, d’un mur de pierres sèches, d’une mare, d’un arbre mort, de buttes de permaculture, de parties de pelouse non tondues régulièrement et dans lesquelles on ne combat pas la présence de mousses, d’un petit verger, d’un potager, d’une haie d’essences indigènes, de massifs de plantes indigènes très nectarifères, d’un lierre qui prend d’assaut une partie d’un mur ou d’un arbre mort, de la mise à disposition d’abreuvoir pour les oiseaux (dont profiteront aussi les micro-mammifères et les insectes), d’une place à feu (si faire un feu chez vous est possible et non interdit par un règlement communal). Profitons des spécificités de notre jardin, les recettes ne sont pas toutes les mêmes et nous ne sommes pas obligés de tout avoir dans un même jardin. Nous pouvons chacun jouer sur des aménagements de manière réfléchie !

N’hésitons pas non plus à ajouter quelques petits aménagements et des zones refuges pour favoriser en priorité les espèces que l’on souhaite accueillir (hôtel à insectes, nichoirs, cabane à hérisson…)

Et le sol dans tout ça ?

Renonçons aux mauvaises habitudes : l’usage de pesticides et d’engrais non-naturels sont à exclure ! À la place d’engrais chimiques, pensons à la matière organique : compost, toilette sèche, paille, crottin, fumier, cendre de bois,… Pour le potager, un sol riche en matières organiques est beaucoup plus vivant et permet de retenir une plus grande quantité d’eau. Par ailleurs, un sol fertile va permettre aux plantes d’être plus riches en micronutriments et tout cela naturellement. Mais attention, un jardin ne se résume pas à un potager. Il est crucial de dédier de beaux espaces à un sol pauvre, qui engendrera toujours plus de biodiversité qu’un sol riche qui ne laisse la place qu’à quelques espèces parmi les plus compétitives et les plus productives !

Si vous plantez des arbustes à l’automne, n’oubliez pas que chaque sol a ses spécificités. Un sol calcaire appréciera des essences telles que le cornouiller mâle ou le nerprun purgatif tandis qu’un sol plus acide préfèrera le sorbier des oiseleurs par exemple.

Que faire à l’automne dans mon jardin ?

À la Sainte Catherine, tout bois prend racine. Ce célèbre dicton nous fixe une première action à effectuer. N’hésitons pas à planter arbres fruitiers, haies, petits fruitiers,… en favorisant un maximum les essences indigènes, les anciennes variétés, les hautes tiges…

Durant toute l’année, nous conseillons également de laisser une partie de jardin (un tiers environ) sauvage. Deux fauches par an sont suffisantes (une en juin et une à l’automne). Cette fauche tardive aura peu d’impact sur les nicheurs et les insectes. Malgré tout, laissez leur toujours une zone refuge et faites des tournantes !

Vous pouvez également ramasser les feuilles et les composter par exemple tout en en laissant un petit peu pour nourrir le sol.
L’automne c’est aussi le moment pour nettoyer vos nichoirs et les préparer pour le printemps suivant.

Vous voulez en apprendre plus sur l’entretien des nichoirs, mangeoires et abreuvoirs : visitez notre site sous la section « conseils ».

Revenons également sur les champignons, de petits aménagements peuvent favoriser la diversité fongique au quotidien :

  • la mise en place d’un tronc d’arbre mort reposant au sol/d’un tas de bois dans un coin ombragé du jardin afin de suivre l’évolution de sa colonisation par les champignons pendant de nombreuses années (tas de bois qui pourra également servir de gîte hivernal au hérisson)
  • un broyat de branches : toute une série d’espèces de champignons lignicoles sont susceptibles de le coloniser et vous pourrez constater son envahissement progressif par le mycélium
  • et à nouveau, évitez les engrais et les amendements car cela peuvent déstabiliser la petite faune et la nature du sol

Vous pouvez également commencer de plus grands travaux comme la création d’une mare, elle deviendra un pôle d’attraction de votre jardin à toutes les saisons et vous offrira de nombreuses observations naturalistes.

Et enfin, un petit coup de cœur naturaliste ?

Il est difficile d’en choisir un seul… Michaël, notre forestier, nous a mentionné le rougequeue à front blanc, petit passereau élancé qui apprécie les grands arbres et ses cavités. Son chant est très agréable !

Sans surprise, notre spécialiste de la fonge, Bernard, a mentionné les champignons. En l’occurrence les champignons des prairies maigres qui regroupent toute une série de genres (clavaires, hygrocybes, entolomes, géoglosses, dermolomes) aux espèces parfois remarquablement colorées et qui ne se développent que dans des prairies exploitées de manière très extensive, sans aucun engrais ni apports de types fumures, lisiers… Ces mêmes champignons peuvent tout autant élire domicile dans la pelouse de votre jardin si vous y exportez pendant des années le produit de la tonte et que vous ne mettez jamais aucun engrais ! De belles découvertes en perspective !

Marc-Antoine, chargé de projet réserves naturelles, se laisse tenter par les papillons en général. Ils sont faciles à observer et nous donnent rapidement une idée sur le milieu où l’on se trouve.

Florence, chargée de projet pour les réserves naturelles dans la province de Liège, a un coup de cœur pour le faucon crécerelle : une espèce commune mais qui subit les effets de l’urbanisation et du réchauffement climatique. C’est un très joli petit rapace facile à observer dans nos campagnes (milieux ouverts à semi-ouverts) et qui est facilement reconnaissable par son vol stationnaire à la recherche de petites proies.

Et enfin, Catherine, chargée de projet pour les réserves naturelles dans la région de la Dyle, nous fait découvrir une espèce moins connue, la jasione des montagnes. Une plante basse présentant une inflorescence en forme de joli pompon bleu de la famille des Campanulacées qui affectionne les pelouses sèches sur sable. Contrairement à ce que pourrait nous faire croire son nom, on la trouve parfois aussi dans nos jardins au sol sablonneux, par exemple dans le Brabant Wallon, passant presque inaperçue au milieu de l’herbe.

Et vous, quel est votre coup de cœur ?

Nos conseils « numéro 1 »

Diversifiez les habitats et, surtout, laissez du temps au temps. En fait, un jardin trouve son équilibre et sa diversité maximale parfois au bout de 15-20 ans seulement !

  • Observez et partagez autour de vous. Que ce soit du positif ou du négatif, vous tirez les bons enseignements de l’observation pour s’adapter.
  • Évitez les pollutions sonores et visuelles et offrez aux animaux de vraies nuits : noires et calmes.
  • Faites bouger les choses, vous avez un rôle à jouer ! Une espèce invasive, un souci, notifiez-les aux acteurs locaux et publics (renseignez-vous auprès de votre commune)
  • Devenez bénévole auprès d’une association œuvrant pour la nature. Nous sommes présents un peu partout en Belgique !