De nombreuses espèces sauvages vivent à proximité de l’homme depuis des siècles, d’autres se sont installées plus récemment… Cette proximité de plus en plus forte entre les installations humaines et les espèces sauvages, accompagnée par la destruction des habitats naturels, entraîne progressivement des conséquences désastreuses sur la qualité de vie de la faune sauvage, que ce soit en milieu urbain ou rural. Parmi ces installations humaines, certaines peuvent offrir indirectement un abri ou un habitat, dans lesquelles s’engouffrent de nombreuses espèces animales afin de se protéger d’éventuels prédateurs ou pour y poser leur nid. Mais dans la plupart des cas, ces installations se transforment en pièges mortels pour la faune sauvage ! Nous parlons ainsi de « cavités-pièges ».

Qu’est-ce qu’une « cavité-piège » ?

Dans la littérature, une cavité-piège est souvent définie comme un trou, un creux, ou tout objet présentant une ouverture et pouvant vraisemblablement constituer un piège potentiellement mortel pour la faune sauvage. Souvent, ces pièges potentiels ne nous sautent pas aux yeux, mais ils conduisent très fréquemment à la mort des animaux ou à la perte de leur habitat. Les témoignages et recensements se multiplient sur des espèces sauvages retrouvées dans des cavités diverses et variées, en cherchant un lieu de nidification ou un abris. En effet, chaque année, de nombreuses espèces sont retrouvées mortes ou blessées à cause de ces pièges tendus involontairement par notre mode de vie et de fonctionnement en tant que société moderne. Ces cavités-pièges sont nombreuses : 

  • les poteaux métalliques creux et non obturés en leur sommet (poteau de signalisation, de fixation, téléphoniques, …) ;
  • le matériel de construction (parpaing, brique, divers tuyaux, …) ;
  • certaines structures des habitations : les gaines d’aération, les puits de lumière, les conduits de cheminée, les gouttières, … ;
  • d’autres installations humaines : les regards d’égouts, les points d’eau artificiels (abreuvoir, piscine, bassin, mare artificielle, …), les trous au ras du sol, les déchets laissés au sol (canette, bouteille, jarre, plastique, …), les nichoirs mal entretenus … et bien d’autres installations !

un phénomène qui touche de nombreuses espèces sauvages

Le plus souvent, dans nos régions, les oiseaux sont les plus touchés par ce phénomène. Nous retrouvons ainsi des oiseaux cavernicoles, des zones agricoles, des prairies, des oiseaux migrateurs. Le rougequeue noir, le choucas des tours, la mésange bleue, la mésange charbonnière, la chouette chevêche sont les plus représentés, parmi elles des espèces strictement protégées par la loi sur la conservation de la nature et par la « Directive Oiseaux » de l’union européenne. Les témoignages ne manquent pas sur les nombreux oiseaux retrouvés morts ou gravement blessés dans un conduit de cheminée ou dans des poteaux non obturés. Or, l’état général des populations des oiseaux en Belgique est loin d’être réjouissant, nous rappelle le dernier rapport de l’IPBES et de la WWF. En effet, les populations d’oiseaux en Belgique enregistrent un fort déclin, diminuant en moyenne de 1,2 % par an, ce qui représente une baisse globale de 28,7 % depuis 1990. Pas moins de 54 % des espèces d’oiseaux étudiées sont en déclin.  

Parmi les victimes des cavités-pièges, nous retrouvons aussi de nombreux mammifères, tels que le hérisson, le lérot, la musaraigne, l’écureuil roux ou le loir, mais également certains reptiles (serpent, lézard), amphibiens (crapaud, triton, salamandre) et de nombreux invertébrés.

Quelle que soit la cavité-piège dans laquelle l’animal est tombé, si ce dernier n’est pas pris en charge lorsqu’on le découvre, l’issue est toujours la même : l’animal piégé, s’il ne meurt pas sur le coup, est gravement blessé et fini par mourir de faim, de ses blessures ou d’épuisement dans une longue agonie.

neutralisez les cavités-pièges !

De par la nature très diversifiée des cavités-pièges que l’on peut repérer, il existe forcément une multitude d’acteurs impliqués dans la création des cavités-pièges et, donc, autant d’acteurs à solliciter pour agir concrètement contre ces pièges pour la faune sauvage.
A chaque cavité-piège son propriétaire ! Face à une cavité-piège, il est donc essentiel de contacter la personne, la collectivité, l’organisation ou l’autorité compétente pour y faire face efficacement et durablement. Le contact peut se passer via un courriel, sur le site web de l’organisation, par téléphone, en face à face ou en utilisant la lettre-type de la LRBPO à distribuer aux acteurs concernés.

Il est également possible d’agir directement pour neutraliser la cavité-piège soi-même, selon le type de cavité-piège que l’on a repéré. De nombreuses solutions existent, certaines temporaires, d’autres sur le plus long terme.

Quelques exemples …

– Afin de neutraliser rapidement un trou au sol ou un poteau non obturé, il est possible de les colmater par diverses méthodes : avec de la terre, des branchages, des cailloux, de l’enduit « fait-maison » à base de paille, de sable et de chaux. 

– Pour bloquer l’accès aux gouttières et aux cheminées, faites poser par un spécialiste une crapaudine, un grillage, un piège à feuille, … adaptée à vos besoins.

– A la vue d’un point d’eau artificiel problématique, placez une échappatoire pour la faune sauvage : un grillage au bord du point d’eau, une planche de bois, … 

Attention ! Il convient de respecter des principes simples mais essentiels lorsque vous vous retrouvez face à de potentiels pièges pour la faune sauvage :

  • s’assurer de l’absence de tout animal sauvage avant de colmater la cavité-piège ;
  • si un animal sauvage est piégé, en fonction de la dangerosité de la situation ou de l’espèce concernée, il est possible d’agir soi-même en emmenant l’animal au centre de revalidation le plus proche (pour les petits animaux s’il est possible de le sortir du piège sans difficultés) ou de contacter l’équipe d’intervention animalière des pompiers au 112 ; 
  • si une cavité-piège est repérée, en informer au plus vite le propriétaire de cette cavité-piège, que ce soit une personne physique, une organisation, une collectivité, une entreprise, une autorité locale, …, via les canaux les plus adaptés (courriel, téléphone, lettre-type, en personne).

Participez à la recherche pour lutter contre les cavités-pièges

Pour objectiver l’impact des cavités-pièges sur les espèces sauvages et avoir une meilleure vision du phénomène à l’échelle nationale, la Ligue a besoin de vous !
Si vous êtes témoins d’un animal sauvage pris au piège, signalez-le nous en fournissant le plus d’informations possibles à l’adresse mail militance@protectiondesoiseaux.be (photos, espèce concernée, type de cavité-piège, localisation).

N’hésitez pas à soutenir également la Ligue en relayant le présent article sur les réseaux. Ensemble, contribuons à la recherche et neutralisons les cavités-pièges !

Pour aller plus loin …
Si vous souhaitez obtenir plus d’informations sur le sujet des cavités-pièges, sur l’ampleur du phénomène à l’international et en Belgique, sur les nombreuses solutions possibles pour les neutraliser, consultez notre dossier thématique qui traite de ce sujet plus en profondeur.

Utilisez également notre lettre-type afin de contacter les acteurs concernés par une cavité-piège que vous auriez repérée.