Cette réserve naturelle agréée cumule les statuts : Zone Natura 2000, Zone humide d’intérêt biologique, intégrée au Parc naturel Viroin-Hermeton et depuis 2023, au Parc national Entre-Sambre-et-Meuse, couvre une superficie de 3 ha 77 a.
Acquise en commun par les Cercles des Naturalistes de Belgique (CNB) et la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO) dès 1988, elle fut complétée en 1992. L’achat de ces terrains avait pour but premier d’éviter l’extension de l’enrésinement dans la vallée du ry de Noye ou de Nouée, ruisseau ardennais, affluent de rive droite du Viroin. Cette vallée est particulièrement riche en batraciens, reptiles, mammifères, oiseaux et insectes. Pour toutes ces espèces, l’ombrage causé par les résineux est néfaste, sans parler des effets sur l’eau alors que le ruisseau abrite encore la truite sauvage, l’écrevisse à pattes rouges…
Le plan de gestion mis au point en 1992 prévoit de laisser évoluer les peuplements forestiers typiques des fonds de vallée (saulaie à bourdaine, aulnaie riveraine à laîches et à cardamine amère, aulnaie-frênaie à stellaire des bois et fougères…) installés après l’abandon de la fauche. Par contre, une intervention est nécessaire pour éviter l’envahissement des zones de mégaphorbiaies par les saules et pour en favoriser l’ensoleillement (coupe ponctuelle d’arbres ou d’arbustes), de même pour les petits fragments de lande à callune. À titre expérimental, il est décidé la fauche annuelle tardive d’une partie de l’ancienne coupe à blanc d’épicéas, dans l’espoir de reconstituer un pré de fauche et de veiller également à l’entretien des mares et du ruisseau.
Suite aux inondations régulières que connaît le village en aval du ruisseau de Noye (91 maisons ont été touchées en 2021), deux digues écrétrices de crues seront construites au sein de la réserve, avec pour objectif, de limiter les crues en laissant se former durant quelques heures, un lac temporaire de rétention de l’excédent d’eau. Les travaux ont été planifiés en phase avec phénologie des espèces, l’écoute des avis naturalistes, et en bonne collaboration entre les différents acteurs en jeu : la LRBPO, les CNB, commune de Viroinval, le DNF, le DEMNA et le service technique de la province de Namur.
L’application du plan est possible grâce au personnel ouvrier du Centre Marie Victorin qui y consacre annuellement quelques journées de travail, aidé à plusieurs reprises par le Cercle des Jeunes Naturalistes de Haute Ardenne, par les participants aux stages de Vierves, les Cercles CNB « Niverolle & Mouqet » et « Viroinvol ».
Au niveau de l’ancienne coupe à blanc, les résultats sont encourageants. La hauteur de la végétation diminue au profit d’un faciès plus proche du pré de fauche, les espèces rares (laîches diverses, orchidées) se maintiennent ou sont en augmentation (Platanthère des montagnes…). Le site reste admirablement fleuri (Populage des marais, Cardamines amère et des prés, Salicaire, Eupatoire chanvrine, Lysimaque commune, Valériane officinale…) et attire une foule de butineurs. Parmi ceux-ci, les plus remarquables sont les papillons dont le Grand Nacré, le Tabac d’Espagne, le Morio, la Grande Tortue, le Grand Sylvain… Une belle espèce, nouvellement installée, s’y reproduit : le nacré de la sanguisorbe (sur la Reine-des-prés).
La faune herpétologique se porte bien. La Grenouille rousse, le Crapaud commun, les Tritons alpestre et helvétique, la Salamandre tachetée se reproduisent avec succès dans les mares aménagées. Les reptiles fréquentent le pré de fauche (Couleuvre à collier, Lézard vivipare, Orvet…) ainsi que les endroits bien ensoleillés (Coronelle, Lézard des murailles).