L’évolution rapide des technologies audiovisuelles de ces dernières années nous a mené à la création de nouveaux outils extrêmement performants et accessibles financièrement pour la réalisation de prises de vues animalières. Si cette technologie s’avère un allié redoutable pour mettre en avant la beauté de la nature qui nous entoure, elle dévoile aussi des effets pervers dans son utilisation.
Attention animaux sensibles, ne pas déranger !
Le drone de manière générale en est un parfait exemple et le drone FPV (First Person View que l’on peut traduire par « vue subjective ») plus spécifiquement, démontre une utilisation qui sans précaution d’usage peut avoir des effets néfastes sur la faune sauvage. De plus en plus de vidéos apparaissent sur des plateformes de diffusion en ligne dans lesquelles on peut assister à la poursuite de mammifères comme les chevreuils, les sangliers, les cerfs et les biches à l’aide de ce type de drone. Les oiseaux ne sont pas en reste puisque certains dronistes peu regardant n’hésitent pas à se rapprocher de vautours planant dans le ciel à la recherche des vents ascendants ou d’autres rapaces plus agiles qui ne manqueront pas de défendre un territoire voire une nidification.
On peut aisément imaginer le dérangement que cela provoque au sein des hardes, des colonies ou simplement pour un individu isolé. Pourtant ces vidéos sont présentées comme un génie de réalisation audiovisuelle, le tout accompagné d’une musique douce qui invite à l’émerveillement. Si ce matériel nous permet d’obtenir des angles de vues inédits et procure un plaisir sportif pour son utilisateur, il ne faut pas oublier que le dérangement de la faune sauvage peut générer de graves dysfonctionnements au sein d’une population donnée ainsi que des changements de comportements individuels.
Les oiseaux dépensent énormément d’énergie pendant le nourrissage des juvéniles en période de reproduction et peuvent littéralement abandonner une couvée si la pression exercée par un drone est trop forte et soutenue sur la durée. Cette même énergie n’étant plus dédiée au nourrissage des jeunes, leur croissance peut en être impactée ou ceux-ci sont voués, dans le pire des cas, à une mort certaine et lente. Les collisions avec les rapaces peuvent entraîner de sérieuses blessures voire la mort d’un individu. Des hardes de chevreuils peuvent se disloquer et certains individus plus faibles que les autres, sont susceptibles de générer un stress trop important pour leur métabolisme. Sans oublier le risque d’accident que cela peut engendrer en obligeant les grands mammifères à prendre la fuite en traversant des routes et autoroutes à proximité.
Savoir garder ses distances
Aussi maniable soit-il, le drone n’est pas destiné à réaliser des images animalières de type gros plan. Il faut donc garder une distance de vol suffisamment importante pour que l’animal ne soit pas dérangé par le bruit des hélices. Chez certaines espèces très sensibles, cette distance peut largement dépasser les 200 mètres. Il faut évidemment éviter de filmer des animaux dont les prédateurs principaux sont aériens. Et il est tout aussi important d’éviter toute zone de reproduction, de mise bas et de repos. Se renseigner sur l’animal que l’on veut observer est la première des règles à suivre pour réaliser de belles images puisqu’elle permet d’adapter au mieux les conditions de prise de vue en fonction de la sensibilité du sujet observé.
La législation qui encadre l’utilisation d’un drone FPV est très claire. Ceux-ci pesant généralement moins d’un kilogramme sont considérés comme étant des drones de loisirs à usage privé. Ce qui implique qu’ils ne peuvent être utilisés que sur un terrain privé ou moyennant une autorisation spécifique. S’il est déjà prévu l’interdiction de survoler un groupe de personnes ou une zone à risque (espace public, parc urbain, aéroport, etc), rien n’est encore prévu concernant la faune sauvage. Il est donc primordial qu’une prise de conscience par le biais d’une sensibilisation efficace soit mise en place afin d’éviter de restreindre la liberté d’action des utilisateurs par la voie légale. L’avenir du drone et du drone FPV plus particulièrement, réside dans le bon sens et la bonne pratique de ses utilisateurs.
A l’heure actuelle, il n’y a pas d’étude scientifique réalisée sur le sujet qui pourrait permettre d’établir un impact chiffré et précis sur la faune sauvage mais de manière ponctuelle, les images parlent d’elles-mêmes. Dans la quasi-totalité des vidéos disponibles sur internet et réalisées par des amateurs, on peut distinguer très clairement, le comportement de fuite et de stress des animaux filmés. Si la vidéo animalière est un très bon outil de préservation de la faune sauvage, c’est notamment parce qu’elle s’effectue dans le respect le plus total du sujet observé. Le caméraman se fond littéralement dans le paysage pour capturer des comportements animaliers qui ne seraient pas observables autrement. Dans ce cas-ci, c’est tout l’inverse qui se produit.
Les drones sont bruyants, volent à proximité du sujet et sont capables de le suivre sur de longues distances pendant de longues minutes. L’image d’un animal qui fuit ou qui attaque la caméra tout en éprouvant du stress n’est pas de la photographie ou de la vidéo animalière. Il s’agit là d’un manque de respect et d’un dérangement de la faune sauvage, tout simplement.