Les impacts sur les vitres font partie des plus grands dangers auxquels font face les oiseaux. L’omniprésence des surfaces vitrées rend les collisions très fréquentes et très répandues, donnant au phénomène un caractère massif, qu’il n’est pas souvent aisé d’appréhender à l’échelle d’un seul bâtiment. A l’échelle de la planète, l’ampleur des collisions des oiseaux sur les vitres est pourtant colossale. Des solutions existent pour réduire les risques. Comme souvent, les solutions les plus efficaces et les moins contraignantes sont celles qui sont envisagées en amont, dès l’étape de la conception des bâtiments.
Les collisions d'oiseaux sur les vitres : un problème fréquent
On estime qu’aux Etats-Unis, il y a plus d’oiseaux qui meurent suite aux collisions avec des surfaces vitrées que lors des pires accidents pétroliers. Alors que ces catastrophes pétrolières sont épisodiques, les collisions mortelles contre les vitres arrivent partout et tous les jours. Hans Schmid, de la Station Ornithologique Suisse de Sempach, estime que « c’est l’un des plus grands problèmes de protection des oiseaux de notre monde urbanisé ».
Chaque année, en Belgique, les victimes se comptent en centaines de milliers. Ces petits drames solitaires n’attirent pas toujours l’attention. On découvre bien, parfois, des traces sur les vitres, ou un oiseau mort près de la maison. On ne s’en inquiète pas outre mesure. Tout au plus, on déplore l’accident en se disant que c’est la faute à pas de chance. Les pertes sont sous-estimées, ce qui explique que ce problème n’a jamais été pris au sérieux par les architectes et les autorités.
Pourquoi les oiseaux se cognent-ils sur les vitres ?
Les collisions sont dues à trois causes :
- La transparence : l’oiseau voit à travers la vitre le paysage qui continue (végétation, arbre, ciel…) et c’est le choc fatal. Elle se matérialise par d’innombrables applications : des coupe-vent vitrés, des parois antibruit en partie en verre, des passages vitrés, des fenêtres d’angle, des serres, des vérandas, des balustrades de balcon en verre, des passerelles vitrées, des abribus…
- La réflexion : lorsque la zone derrière la vitre est plus sombre (intérieur de bâtiment, sous-bois…), le verre devient miroir. L’oiseau croit alors voir le ciel ou la végétation, et poursuit son vol jusqu’à foncer dans la vitre.
- La lumière : lorsque des locaux vitrés sont éclairés, surtout dans les immeubles très hauts, les oiseaux sont attirés par la lumière et entrent en collision avec la surface vitrée. Ceci concerne essentiellement les oiseaux migrateurs, et les grands bâtiments éclairés souvent toute la nuit.
Comment réduire les risques de collisions ?
La meilleure solution est d’éviter les surfaces vitrées quand elles ne sont pas strictement nécessaires. Un abri à vélo, une rambarde, un coupe-vent ne doivent pas être absolument vitrés. Si le verre est malgré tout le matériau choisi, il pourra être dépoli pour éviter les collisions.
Les éléments architecturaux donnant aux oiseaux l’illusion d’un paysage naturel ininterrompu sont particulièrement dangereux. Par exemple, les fenêtres d’angles sont à éviter, les côtés opposés des vérandas ne devraient pas être vitrés tous les deux, ou encore, il faudrait éviter de placer deux fenêtres en vis-à-vis.
On peut changer l’aspect du verre pour le rendre plus visible et moins réfléchissant. L’utilisation de verres colorés, imprimés, translucides, matés, sablés, dépolis, ou en relief (nervurés, cannelés…) ou même chaulés comme pour les serres, ou de pavés de verre, peuvent être des bonnes alternatives tout en satisfaisant le besoin de lumière. De même l’utilisation de films suivant différentes formes : bandes, croisillons, points, dessins, en respectant la règle des 5 x 10 est aussi une bonne solution. Les verres, avec motifs dépolis à l’acide, peuvent aussi être utilisés (Par exemple, Walker AviProtek).
Concernant les grands immeubles éclairés, la solution est très simple. Il suffit, mais apparemment ce n’est pas évident pour tout le monde, d’éteindre la lumière dans les pièces inoccupées ou de placer des stores ou des rideaux aux fenêtres. A New-York, l’association Audubon a lancé l’opération « Lights Out New-York » qui sensibilise et encourage les sociétés et les propriétaires de gratte-ciel à éteindre les lumières. Le but est surtout d’épargner les oiseaux, mais aussi d’économiser l’énergie. Le message a été entendu dans la ville qui ne dort jamais. Du 1er septembre au 1er novembre, au plus fort de la saison migratoire, de nombreux buildings, dont les célèbres Empire State Building, Rockefeller Center et Chrysler Building, éteignent les lumières de minuit à l’aube. Dans d’autres états et villes, comme San Francisco, des actions similaires ont été entreprises.
Il existe aussi des solutions pour les fenêtres déjà en place, dans lesquelles des oiseaux entrent régulièrement en collision. Appliquer sur la vitre des films autocollants en est une (par exemple: http://www.abcbirdtape.org/). Les motifs en fines lignes verticales ou en points espacés d’une dizaine de centimètres sont les plus efficaces. La surface vitrée doit être marquée sur toute sa surface, en appliquant des motifs de protection sur la face extérieure. Les silhouettes ne sont efficaces que si elles sont placées de manière très dense. En fait, la forme et la couleur des silhouettes importent peu. Dans la nature, un oiseau ne se faufile pas dans une ouverture plus petite que la paume de la main (certains se réfèrent à la règle des 5 cm x 10 cm). Le collage doit être conçu pour ne pas dépasser ces dimensions. Il existe aussi des films appliqués à l’extérieur qui opacifient la vitre d’un seul côté. Vu de l’intérieur vous voyez le paysage comme avant (http://www.collidescape.org/).
On peut aussi placer un store extérieur, un volet que l’on ouvre seulement quand on est présent dans la pièce. Dans tous les cas, il faut veiller à éteindre les lumières et fermer les rideaux, stores et pare-soleil le plus souvent possible. Il est aussi possible de placer des obstacles visibles à proximité de la surface extérieure de la vitre: ficelles, grillages, etc. On peut enfin signaler qu’une augmentation de mortalité a été constatée dans le cas où une mangeoire est placée trop près d’une fenêtre.
Nos collègues suisses de Vogelwarte ont créé un site reprenant une multitude d’informations utiles sur le sujet: https://vogelglas.vogelwarte.ch/fr/home
Que faire si vous trouvez un oiseau ayant cogné une fenêtre ?
Deux situations peuvent se présenter suite à un choc contre une vitre :
- l’oiseau reste au sol, il est choqué, hébété, il tremble, il a des difficultés pour respirer. Dans ce cas, il peut être ramassé et placé immédiatement dans une caisse en carton munie de trous. Cette caisse sera placée dans l’obscurité, dans un endroit frais. Laissez-le récupérer tranquillement. Au bout de quelques heures ou d’une nuit, vérifiez son état. S’il est agité, s’il cherche à s’échapper alors, il peut être relaché. Sinon, il doit être amené dans un centre de revalidation pour la faune sauvage.
- l’oiseau a une fracture du crâne, du bec. Du sang apparaît, dans ce cas, la mort intervient très rapidement. Sinon, amenez-le le plus rapidement possible dans un centre de revalidation.
Les oiseaux et l'effet miroir des vitres
Le printemps arrivant, vous avez peut-être déjà pu observer un phénomène bien particulier. Un merle, une mésange, une corneille vient taper sur votre fenêtre et recommence plusieurs fois, parfois même pendant quelques jours. C’est l’effet miroir, l’oiseau découvre son reflet dans la vitre et en période de nidification, celui-ci le prend pour un rival qu’il doit faire partir de son territoire. Chasser sa propre sa silhouette n’est cependant pas chose aisée! Ce phénomène constitue un stress pour l’oiseau. Mais pas l’inquiétude, il est assez rare que les oiseaux se blessent dans ces circonstances.
Pour éviter cette situation, il faut réduire la réflexion des fenêtres. Vous pouvez donc installer des stores, des voilages, des rideaux ou encore un carton à l’intérieur. À l’extérieur, vous pouvez décorer l’espace devant la vitre. Parfois, simplement placer des bacs à fleurs ou d’autres obstacles peut suffire. Enfin, il est possible d’installer des autocollants.
Parfois, réduire les reflets dans la partie basse de la fenêtre peut suffire (10-20 cm de hauteur), pour couvrir la surface sur laquelle l’oiseau perçoit son reflet quand il est posé (au sol ou sur le repord de la fenêtre). Cette option peut être testée d’abord simplement avec du carton pour vérifier ce qui fonctionne, avant de mettre en place quelque chose de plus esthétique et plus définitif.
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