En mai 2022, le cabinet de la Ministre Tellier a publié un nouvel arrêté de subvention en faveur de l’expansion du réseau d’aires protégées en Région wallonne. Aujourd’hui nous avons envie de vous plonger un peu plus loin dans les origines du projet et les objectifs que nous aimerions atteindre.
Pour cela, partons à la rencontre de Michaël, notre coordinateur d’équipe ‘Aires protégées’. Amoureux de la biodiversité, de la montagne et des forêts, Michaël est ingénieur des eaux et forêts et docteur en sciences biologiques. Il a partagé sa vie professionnelle au service de la conservation de la nature, la sensibilisation, mais également la gestion forestière.
Michaël, peux-tu nous expliquer le projet ‘Aires protégées’ et ta mission ?
Morcellement du réseau écologique, embroussaillement, pollutions diverses, urbanisation, intensification des pratiques agricoles et forestières, transformation drastique des milieux… Malheureusement, ces différentes réalités mettent fortement à mal notre faune et fore sauvages. C’est à nous tous d’inverser la tendance et c’est l’objectif que nous nous sommes fixé pour les prochaines années. Le projet ‘Aires protégées’ œuvre à la conservation de la nature et au développement du réseau de réserves naturelles dans le but de créer un maillage cohérent de sites protégés à l’échelle de la Région wallonne. Il est financé dans le cadre du plan de relance de la Wallonie. Nous sommes dans une fenêtre favorable et nous tenons à profiter de ce financement pour se rapprocher au plus vite des 3% du territoire wallon sous statut de protection. Notre mission est d’atteindre un niveau en cohérence avec la résilience des espaces naturels, des espèces qui les habitent et d’améliorer le statut de nombre de nos espèces menacées. Est-il encore besoin de rappeler que la fonctionnalité des écosystèmes est fondamentale à l’avenir de notre planète telle que nous la connaissons ?
Parle-nous un peu de ton équipe.
Un consortium de neuf associations reconnues pour la conservation de la nature et l’agrément des réserves naturelles (statut reconnu par le Service public de Wallonie) se sont regroupées pour décrocher la subvention. Cinq de ces associations se sont rassemblées et ont créé le projet ‘Aires protégées’ en formant une synergie afin d’utiliser toutes leurs compétences, d’être plus efficaces et plus professionnelles. Nous parlons des cinq associations suivantes : Ardenne & Gaume, Les Cercles des Naturalistes de Belgique, la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux, les Amis du Parc de la Dyle et les Amis de la Fagne. Nous avons tous soit des zones géographiques bien définies, soit des compétences plus particulières : la sensibilisation, la formation et l’éducation à la nature, la volonté de militantisme, la levée de fonds, la création et la conservation de réserves naturelles ainsi que leur entretien au travers des opérations de gestion en faveur du maintien des espèces et milieux (semi-) naturels concernés.
Pourquoi as-tu choisi de rejoindre ce projet ?
Convaincu de l’importance de la biodiversité et de la conservation de la nature, je suis sensibilisé depuis longtemps à la problématique des agressions que la nature subit au jour le jour. C’est tout naturellement que j’essaie d’améliorer la perception de la biodiversité, de la nécessité de la conserver. C’est inhérent à mon être. Nous ambitionnons la création d’un maximum de nouvelles réserves naturelles, mais également l’extension des réserves qui font déjà partie de notre patrimoine. Nous améliorons la structure qui va permettre le monitoring des espèces, la gestion et le développement des projets de restauration, d’éducation et de sensibilisation. Toute la population doit pouvoir en profiter et apporter sa pierre à l’édifice. Nous pouvons tous à notre échelle déjà participer à ce projet, tout simplement dans les jardins ou même sur les balcons en créant plus de connexions avec la nature et en améliorant son statut jour après jour.
Quel est ton souhait pour l’année à venir ? Qu’envisages-tu pour le futur ?
Actuellement, nous mettons en place le projet et son opérationnalité pour qu’il soit le plus efficace possible. Notre premier volet axé sur la maîtrise foncière et donc l’achat en pleine propriété ou l’acquisition de droits réels de longue durée a déjà commencé. Notre but initial est d’agrandir le réseau d’espaces naturels protégés en Région wallonne : en créant et/ou en agrandissant des réserves naturelles agréées (RNA). Le second volet de l’opération est la restauration via des travaux sur des habitats naturels. Le suivi et le monitoring des réserves sont également renforcés dans le cadre du projet. Et il y a du pain sur la planche ! Il existe en Wallonie de nombreux terrains marginaux, dans des zones les plus pauvres, en pente, humides, là où l’emprise humaine a été la plus faible.
Il nous faut repérer ces sites-là qui sont le plus souvent non-bâtissables et avec peu de potentialité de valorisation agricole ou forestière. Dans une certaine mesure, nous pouvons aussi partir de terrains qui ont été malmenés et participer via une restauration à améliorer leur capacité d’accueil de la biodiversité. Enfin, à plus long terme, nous allons œuvrer à mettre en valeur ce formidable réseau par l’installation d’une signalisation propre, des aménagements ainsi que des actions de communication et de sensibilisation.
Pour nos lecteurs, quel serait ton message?
Vous êtes peut-être propriétaire d’un terrain, d’un marais, d’une forêt de grand intérêt biologique ou connaissez quelqu’un, n’hésitez pas à rentrer en contact avec nous! Nous analyserons chaque opportunité et, le cas échéant, prendrons contact avec le propriétaire. Nous recherchons également des moyens. Toute participation financière nous aidera à acquérir un maximum de terrains favorables et de les adjoindre au réseau d’aires naturelles protégées de Wallonie. En effet, nous devons financer 20% de l’acquisition de ces terrains; vous l’imaginez bien, les montants en jeux sont colossaux avec l’explosion des valeurs immobilières. Nos associations ont besoin de moyens pour agir, se développer à court terme mais également se maintenir à long terme.
Raconte-nous une anecdote personnelle
En 2009, j’ai emménagé dans ma nouvelle habitation où nichaient quelques hirondelles de fenêtre. Malheureusement, il n’en resta très rapidement plus que quelques-unes. Nous avons mis en œuvre différentes actions pour les faire revenir: un jardin très naturel, l’installation de nichoirs artificiels, qui finalement n’ont été investis que plusieurs années après. À ce jour, plus d’une trentaine de nids sont occupés chaque année rien que sur ma maison. Un signe encourageant pour l’avenir ! La nature a cette capacité à redémarrer simplement sur base d’un jardin un peu sauvage, la plantation d’arbres fruitiers, de plantes mellifères et ce, bien évidemment sans aucun produit toxique. Très vite, la nature nous le rend bien. La recette est parfois un peu plus subtile, mais ensemble, nous pouvons œuvrer à l’agrandissement et à l’amélioration de l’espace nécessaire à la survie des espèces et habitats naturels menacés.