Dans la région de Walcourt-Cerfontaine, depuis 1986, le Groupe Environnement de l’Eau d’Heure (G.E.E.H.) milite activement pour la Protection de la Nature. Mais, étrangère à toute identité juridique, cette association de fait ne peut acquérir aucun bien. C’est donc à la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux qu’elle a choisi d’offrir le montant d’achat d’une friche humide située dans une plaine basse cultivée et pâturée.
La parcelle de 75 ares, anciennement terre agricole, jouxte un pré déjà géré en réserve par le G.E.E.H., grâce à l’amabilité désintéressée d’André Poulain, natif de la région. Ceci porte à 1 ha 25 l’espace territorial protégé.
Arrosé par deux ruisselets, il s’inscrit dans une suite de prairies basses incluant un petit bois de peupliers et de frênes. Au printemps, des eaux débordent et s’épandent en nappes où vient frayer la Grenouille rousse. L’intérêt du site ne se limite cependant pas là : lors des migrations, des oiseaux comme la Grue cendrée, la Bécassine des marais, la Barge à queue noire, la Sarcelle d’hiver, le Chevalier combattant et la Bergeronnette flavéole peuvent y être observés.
Au cours de l’hiver 95-96, le premier après l’accession de la friche au statut de réserve LRBPO, six Hiboux des marais s’y sont installés de même qu’au moins un mâle et une femelle du Busard Saint-Martin. Aussi, quelle ne fut pas la joie de chacun d’apprendre la découverte, par Bernard Hanus (GEPOP), à quelque 300 mètres de l’endroit décrit, du cantonnement d’un couple nicheur de Busards Saint-Martin. Le couple a conduit 3 jeunes à l’envol grâce à la compréhension et à la patience de l’agriculteur exploitant le champ d’escourgeons choisi par les oiseaux ; compréhension et patience quelque peu aidées par le Service de Protection de la Nature de la D.G .R.N.E. à Jambes, pour les pertes susceptibles d’être encourues par le cultivateur.
Mais, faut-il croire qu’en notre monde rares sont les bonheurs de longue durée ? A moins de 5 km de là, les abords du Bois de Goméreux (Fontenelle) sont au centre d’activités de haine vouée aux rapaces. Des nemrods, jouissant semble-t-il de l’impunité scandaleuse si répandue en nos régions de culture latine, détruisent tous prédateurs, qu’ils soient à plumes ou à poils, stupidement supposés concurrents. Depuis des années, on ne compte plus les Buses variables assassinées. Le 13 octobre 1996, une Buse de Russie fusillée a rejoint les autres; puis le 27 janvier 1997, un Autour des Palombes était retrouvé près d’une amorce ; enfin, le 10 février 1997, un mâle de Busard Saint-Martin, en parfait était physique, mourait au pied d’une haie, les membres crispés et le jabot gonflé d’une nourriture sûrement améliorée par du Temik ou par un autre poison violent. L’espèce nichera-t-elle à nouveau près de la réserve ? Pas sûr..!