Après de longs mois, le Ministre de la chasse, Willy Borsus a enfin accepté de recevoir la délégation de SDC ce 4 mai dernier.

Nous lui avons remis une pétition de 36.782 signatures ainsi que le Livre Blanc sur la chasse contresigné par d’éminents scientifiques et membres de la société civile.
Nous lui avons rappelé l’émission d’investigation interpellante de la RTBF sur les dérives de la chasse.
Nous étions plein d’espoirs de pouvoir enfin engager un dialogue constructif en vue de mettre fin aux multiples dérives de la pratique de la chasse dénoncées depuis des mois par notre collectif de 74 associations citoyennes représentatives de la société civile.
Notre délégation de SDC ressort de cette entrevue profondément déçue.

Alors que Willy Borsus déclare son intérêt pour la protection de la nature et son intérêt pour la faune sauvage, il ne montre aucune ouverture de toucher aux pratiques abusives et aux dérives de la chasse.
Il ne compte en aucune manière demander l’avis des non-chasseurs sur les arrêtés actuellement en préparation (plans de tir, destruction et nourrissage du sanglier et plans de gestion en faveur de la Perdrix grise).

D’autre part, et malgré que la DPR (Déclaration de Politique Régionale) prévoit une réorganisation du pôle ruralité, Willy Borsus n’a aucune intention de modifier la section Chasse, qui est la seule à donner des avis sur les projets d’arrêtés du Gouvernement Wallon et qui est composée pour une large majorité de chasseurs. Il n’a également aucune intention d’élargir la représentation du Groupe de Travail chasse qui prépare ces arrêtés, aux représentants de SDC. Ce Groupe de Travail est constitué actuellement exclusivement de chasseurs et de membres de l’Administration.

En résumé, le Ministre Willy Borsus ne semble avoir aucune intention d’activer les leviers utiles pour limiter les multiples dérives de la chasse  comme :

  • le nourrissage du sanglier qui participe à l’explosion de ses populations;
  • les lâchers annuels de centaines de milliers de petit gibier et de gibier d’eau, inadaptés à la vie sauvage et censés remplacer le gibier en régression constante dans les plaines agricoles et les plans d’eau, qui servent en réalité de cibles de tir;
  • la destruction par le tir et par le piégeage des petits prédateurs, comme le renard, la fouine ou le putois qui sont considérés par les chasseurs comme des concurrents, alors qu’ils sont en réalité des régulateurs naturels et des alliés de l’agriculture;
  • les modes de chasse au tir imprécis et peu sélectifs, comme la battue à cor et à cris et la chasse à l’arc, ou encore le piégeage de destruction, qui entraîne d’inutiles et atroces souffrances à des animaux considérés comme sensibles;
  • les entraves injustifiées à la circulation dans les forêts sous prétexte de quiétude du gibier et de sécurité des promeneurs.

Le Ministre Willy Borsus se contente de faire sienne, pour le moment, les exigences d’un certain monde de la chasse d’affaires complètement déconnecté des réalités du XXIe siècle, en matière de crise de la biodiversité, du respect du bien-être animal et de l’accès des citoyens à la nature et à la forêt. Nous ne doutons pas que nos arguments, qui ont pour but de mettre un terme aux dérives de la chasse, finiront par être pris en compte par l’ensemble des partis politiques qui sont à l’écoute des citoyens.