Le 28 octobre 2019 le Ministre wallon de l’Agriculture et de la Chasse, Willy Borsus, communiquait à la presse : “Il faut prendre des mesures urgentes pour diminuer le nombre des sangliers”. Ce Communiqué de Presse (CP) faisait suite à une réunion au cabinet du Ministre à laquelle participaient des représentants du lobby des chasseurs, acteurs de la chasse “business”, et de l’administration du Département Nature et Forêt (D.N.F).

Cette réunion a enfin fait le constat, dénoncé de longue date par les associations de défense de la nature, les agriculteurs (FWA et FUGEA) et les sylviculteurs, que vu l’énorme surpopulation des sangliers en Wallonie, il fallait prendre des mesures drastiques afin d’en réduire le nombre. Nous notons cette décision positive de la part du Ministre.

Nous remarquons toutefois qu’une des mesures essentielles à prendre, notamment dans le cadre de la lutte contre la Peste Porcine Africaine (PPA), à savoir l’interdiction définitive du nourrissage des sangliers n’a pas même été évoquée. Cette mesure est pourtant réclamée par les naturalistes, les agriculteurs et les scientifiques pour éviter les concentrations qui favorisent les contaminations. Rien n’est vraiment précisé non plus quant à l’objectivité des contrôles du nombre de sangliers et de leur diminution, dont la responsabilité du comptage et de la gestion est semble-t-il laissée à l’appréciation des seuls conseils cynégétiques. Laisser aux principaux responsables des surpopulations la gestion de la grande faune et le contrôle du suivi des tirs est un bel exemple de «conflit d’intérêt». Ces contrôles pour être scientifiquement crédibles, doivent se baser sur un suivi des populations et des tirs réalisé par le Département de l’Etude du Milieu Naturel et Agricole (D.E.M.N.A.) et par le D.N.F.

Le milieu de la chasse business est en situation de “conflit d’intérêt” évident : son objectif réel mais inavoué est de disposer d’un “cheptel gibier” aussi abondant que possible pour honorer des tableaux de chasse toujours plus impressionnants, et nécessaires pour justifier les montants financiers énormes réclamés aux participants.. Il est regrettable que la réputation des nombreux chasseurs qui pratiquent une chasse respectueuse des équilibres des écosystèmes en opérant la régulation sur des populations naturelles de grand gibier soit ternie par les agissements de grosses chasses d’affaires (une cinquantaine) qui foulent au pied toutes les règles éthiques de la chasse.

Cette minorité, très influente, est loin de représenter la majorité des chasseurs, mais elle noyaute la principale fédération de chasse wallonne, les conseils cynégétiques et le Pôle ruralité section chasse, empêchant ainsi toute tentative de réforme.

Les quelques chasseurs possédant ou louant de grands territoires qui parviennent à influencer le pouvoir politique par leurs puissants moyens de lobbying dans le but exclusif de garder leurs privilèges impactent négativement toutes les petites chasses adjacentes avec des densités incroyables de sangliers, sur-nourris, qui débordent inévitablement sur tous les autres territoires de chasse, leur occasionnant des frais énormes en réparations de dégâts agricoles.

Comme le souligne le Ministre dans son communiqué de presse, la nature, la biodiversité et les écosystèmes forestiers sont, avec la zone agricole, les premières victimes de ces surpopulations sciemment entretenues. Sur cette base, les associations de protection de la nature demandent à être associées aux réunions prévues par le Ministre pour évaluer et analyser les résultats des tirs de cette saison de chasse, avec les autres acteurs de la ruralité que sont les agriculteurs, les propriétaires et l’Union des Villes et des Communes de Wallonie.

Enfin, une révision en profondeur de la loi sur la chasse s’impose afin d’en revenir à une chasse respectueuse des écosystèmes, de la faune sauvage (c-à-d non artificialisée, ni en sur-nombre) et des autres utilisateurs de la forêt non-chasseurs.

Une rencontre avec le Ministre Willy Borsus sera sollicitée par le collectif  Stop-Dérives-Chasse pour discuter de ces points qui nous paraissent essentiels.