« Il faut limiter la prolifération des espèces, comme disent les gens qui ne songent jamais à limiter la leur. Jusqu’à un certain point nous sommes tous d’accord, mais je songe aux millions de pigeons migrateurs qui couvraient de leur vol le ciel des Etats-Unis : c’est une espèce aujourd’hui éteinte, dont il ne subsiste qu’un misérable spécimen dans un musée de la Nouvelle-Angleterre ».

Marguerite Yourcenar.

Le lobby de la chasse est systématiquement opposé aux mesures de protection. Il se soucie avant tout de promouvoir la chasse et de défendre les chasseurs. Mais où sont donc les chasseurs qui sont prêts à arrêter leur loisir, afin de permettre la protection des espèces et la reconstitution des populations sauvages ?

Notons qu’il n’existe pas de chiffres précis quant aux nombres d’oiseaux lâchés, mais aussi tués, par la chasse en Wallonie. Eluder les statistiques permet d’éviter le débat !

Les chiffres de destructions concernant les corvidés sont édifiants: environ 50.000 Corneilles noires et 25 000 Pies bavardes ont été tuées en 2013. A comparer, selon l’Atlas des oiseaux nicheurs, à 39.000 couples de corneilles et 30.000 couples de pies.

Pour les corvidés, les chasseurs en viennent même à se plaindre à la place des agriculteurs pour pouvoir les tirer.

Pour le retard, c’est une autre affaire. C’est son statut d’« autre gibier » (article 1 bis de la loi sur la chasse de 1882) qui permet aux chasseurs de le tuer toute l’année. Pourquoi ? Pour protéger le petit gibier élevé en cage et qui est ensuite lâché dans la nature pour le tir.

Voilà qui est absurde : le renard est exterminé alors qu’il est utile à l’agriculture, à l’équilibre des écosystèmes et qu’il limite la propagation des maladies véhiculées par ses proies, les rongeurs. Au vu du nombre d’années que cela dure, cette destruction est d’ailleurs menée sans succès. Pourtant, il existe des alternatives, comme la vaccination l’a été pour la rage, afin de limiter les maladies à moindre frais et manière plus éthique et plus écologique !

Tout cet acharnement sur le renard afin de protéger le gibier artificiel (faisans, perdrix) des chasseurs. Ce gibier est élevé dans des cages, voire importé, pour le seul plaisir du tir, de la chasse de loisir et sans souci aucun de la souffrance animale. Alors que les recherches scientifiques montrent qu’une forte pression de la chasse sur les populations de renards augmente le risque sanitaire pour les populations humaines en termes d’échinococcose alvéolaire et de maladie de Lyme. Et pour remplacer le renard et traquer les campagnols, les agriculteurs ont alors recours à la lutte chimique, comme le bromadiolone, un puissant anticoagulant, qui a comme conséquence indirecte la mort des animaux qui nous débarrassent des charognes, comme certains oiseaux de proie protégés !