Cette réserve naturelle, agréée comme Zone humide d’intérêt biologique depuis 1994, couvre une superficie de 3 ha 77 a. Acquise en commun par les Cercles des Naturalistes de Belgique (CNB) et la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO) dès 1988, elle fut complétée en 1992. L’achat de ces terrains avait pour but premier d’éviter l’extension de l’enrésinement dans la vallée du ry de Noye ou de Nouée, ruisseau ardennais, affluent de rive droite du Viroin. Cette vallée est particulièrement riche en batraciens, reptiles, mammifères, oiseaux et insectes. Pour toutes ces espèces, l’ombrage causé par les résineux est néfaste, sans parler des effets sur l’eau alors que le ruisseau abrite encore la truite sauvage, l’écrevisse à pattes rouges…

Le plan de gestion mis au point en 1992 prévoit de laisser évoluer les peuplements forestiers typiques des fonds de vallée (saulaie à bourdaine, aulnaie riveraine à laîches et à cardamine amère, aulnaie-frênaie à stellaire des bois et fougères…) installés après l’abandon de la fauche. Par contre, une intervention est nécessaire pour éviter l’envahissement des zones de mégaphorbiaies par les saules et pour en favoriser l’ensoleillement (coupe ponctuelle d’arbres ou d’arbustes), de même pour les petits fragments de lande à callune. À titre expérimental, il est décidé la fauche annuelle tardive d’une partie de l’ancienne coupe à blanc d’épicéas, dans l’espoir de reconstituer un pré de fauche et de veiller également à l’entretien des mares et du ruisseau.

L’application du plan est possible grâce au personnel ouvrier du Centre Marie Victorin qui y consacre annuellement quelques journées de travail, aidé à plusieurs reprises par le Cercle des Jeunes Naturalistes de Haute Ardenne, par les participants aux stages de Vierves, les section C.N.B. «La Niverolle», «El Mouqet» et «Viroinvol».

Au niveau de l’ancienne coupe à blanc, les résultats sont encourageants. La hauteur de la végétation diminue au profit d’un faciès plus proche du pré de fauche, les espèces rares (laîches diverses, orchidées) se maintiennent ou sont en augmentation (Platanthère des montagnes…). Le site reste admirablement fleuri (Populage des marais, Cardamines amère et des prés, Salicaire, Eupatoire chanvrine, Lysimaque commune, Valériane officinale…) et attire une foule de butineurs. Parmi ceux-ci, les plus remarquables sont les papillons dont le Grand Nacré, le Tabac d’Espagne, le Morio, la Grande Tortue, le Grand Sylvain… Une belle espèce, nouvellement installée, s’y reproduit : le nacré de la sanguisorbe (sur la Reine-des-prés).

La faune herpétologique se porte bien. La Grenouille rousse, le Crapaud commun, les Tritons alpestre et helvétique, la Salamandre tachetée se reproduisent avec succès dans les mares aménagées. Les reptiles fréquentent le pré de fauche (Couleuvre à collier, Lézard vivipare, Orvet…) ainsi que les endroits bien ensoleillés (Coronelle, Vipère péliade, Lézard des murailles).

Avifaune

La réserve s’intégrant dans un vallon presque exclusivement forestier, on y rencontre une avifaune essentiellement arboricole dont pas mal d’espèces rares et/ou menacées. Les oiseaux de proie, tel l’Autour des palombes, la Bondrée apivore et la Chouette hulotte concrétisent le haut de la chaîne alimentaire. Les oiseaux grimpeurs, liés à certaines essences d’arbres ou à certains stades d’évolution des peuplements, sont ici bien représentés: Pic noir, Pic épeiche, Pic mar, Pic épeichette, Sittelle torchepot et Grimpereau des jardins.

Parmi les petits insectivores, citons les sept espèces de mésanges arboricoles, les Fauvettes à tête noire et des jardins et les trois espèces de pouillots dont le Pouillot siffleur qui fréquente assidûment l’aulnaie. Les petits passereaux granivores sont représentés par le Pinson des arbres, le Grosbec cassenoyaux et le Bouvreuil pivoine.

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Le sol meuble et profond ainsi que l’humus de bonne qualité caractérisant la banquette alluviale sont des éléments très favorables à la présence de la Bécasse des bois. Espèce de plus en plus rare en Belgique, la Gélinotte des bois a également été signalée dans la réserve.

La très bonne qualité de l’eau, la quiétude du site et la présence de nombreux sites favorables à la nidification expliquent les nombreuses observations de Bergeronnette des ruisseaux, Cincle plongeur et Martin-pêcheur.

En hiver, le site n’est pas déserté et, outre les oiseaux grimpeurs et les mésanges sédentaires, il faut signaler la présence régulière de Tarins des aulnes qui trouvent dans la réserve un site de nourrissage inégalable.

Depuis sa création, la réserve est visitée régulièrement par les groupes séjournant au Centre Marie-Victorin (Gîte des Jeunes pour l’Environnement) à Vierves, les guides-nature en formation, les stagiaires séjournant au Gîte… Les Naturalistes belges y ont organisé une excursion sous la conduite de J. Duvigneaud et l’association « De Ark » y a consacré une journée dans le cadre du projet « Meuse internationale ». Si vous désirez faire plus ample connaissance avec cette charmante ­réserve, deux journées par an sont organisées où vous êtes bienvenus: une excursion le dernier dimanche d’avril et une gestion l’avant-dernier dimanche d’août.

Pour plus de renseignements :

Sébastien Monnom Centre Marie-Victorin – Rue des Ecoles 21 B – 5670 Vierves-sur-Viroin

Tél. : 060/399878