Protection de la Nature en Région Wallonne : l’heure du bilan

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Avant d’établir de nouvelles propositions de conservation de la nature à l’attention des partis politiques, il convient d’examiner l’évolution des propositions concernant la législation en cours, et de questionner le Président du Gouvernement wallon sur la suite qu’il compte, avec ses ministres, leur donner avant les élections prochaines.

N°1 – Rétablir des habitats

La sauvegarde des alouettes, des bruants, des traquets, des cailles, des perdrix, etc, nécessite des mesures agro-environnementales (haies, bandes de cultures pour la faune, jachères,…) plus importantes que celles subsidiées actuellement.
Actuellement : L’habitat nécessaire à la faune est seulement de 1,5% en zones agricoles. Il en faudrait au moins 10%. Le programme « Yes we plant! » visant 4.000 km de haies est un bon début, mais c’est insuffisant. Il devrait être complété de bandes de cultures réservées à la faune des champs. La réduction de jachères, décidée à partir de juin 2022, est en sens contraire au rétablissement des habitats. Un recours contre cet arrêté a été déposé au Conseil d’État par la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux.

N°2 – Développer une agriculture écologique

C’est apporter une aide importante pour le développement d’une agriculture écologique, durable et favorable au maintien d’une flore et d’une faune naturelles, et diversifiées, dans la campagne. Il est nécessaire d’obtenir une réduction, la plus importante possible, de l’usage de pesticides.

Actuellement : Aucune réduction de pesticides n’est prévue. Au contraire, le ministre fédéral de l’Agriculture (MR) continue d’autoriser l’usage d’un insecticide à base d’indoxacarbe dont l’utilisation est interdite par l’Europe. Un recours a été introduit par les associations Nature & Progrès et Pesticide Action Network.

N°3 –Ne plus prélever dans les espèces en difficulté

Selon un sondage de la société LISTEN, 91% de la population, dont 95% des personnes de 55 ans et plus, seraient très favorables à une interdiction de la chasse à des espèces rares ou en voie de raréfaction.

Actuellement : La chasse à la Perdrix grise et à la Sarcelle d’hiver, en danger d’extinction, qui avait été annulée par le Conseil d’État, a été rétablie par le nouvel arrêté quinquennal. Par recours, nous avons obtenu de nouveau l’annulation de la chasse à la Sarcelle d’hiver. Pour la Perdrix grise, soumise à un plan particulier à chaque conseil cynégétique désirant maintenir la chasse à cette espèce, les recours doivent s’effectuer séparément. Malgré les annulations que nous obtenons, la Région wallonne, et son ministre de la chasse Willy Borsus (MR), continuent d’autoriser des plans non conformes à son arrêté.

N°4 – Rééquilibrer le pôle ruralité

Lors de l’établissement du Pôle Ruralité, une disproportion flagrante a été établie. En exemple : la section Chasse compte 16 membres d’associations de chasseurs, tandis que la section Nature est réduite à 4 membres d’associations naturalistes. Pourtant, selon le sondage LISTEN, les naturalistes apparaissent quatre fois plus nombreux que les chasseurs.

Actuellement : Bien que chacun des partis ait marqué son accord à notre demande et qu’une excellente proposition ait été présentée par l’Union des Villes et Communes, la révision des sections du Pôle Ruralité reste au point mort. Le dossier est pourtant dans les mains du ministre-président.

N°5 – Tenir compte de toutes les espèces

Dans le Pôle Ruralité, la section Nature n’est pas consultée lorsqu’il est question d’espèces classées gibier. Pourtant, ces animaux font partie de la nature. Les pratiques des chasseurs (lâchers d’animaux d’élevages, destruction de prédateurs, …) ont aussi une influence importante sur l’ensemble de la flore et de la faune.

Actuellement : Bien que tous les partis se soient déclarés favorables à cette consultation de la section Nature, le ministre de la chasse, qui en a le pouvoir, ne modifie pas cette absurdité de ne pas tenir compte de la conservation de la Nature lorsque certaines pratiques la mettent en danger. Par contre, lorsqu’il est question de modifier la loi sur la conservation de la Nature, la ministre responsable admet que toutes les sections puissent être consultées.

N°6 – Interdire totalement l’usage de plomb dans les munitions de chasse

Bien que des munitions sans plomb existent depuis plus de trente ans, l’usage de cartouches, qui continue de disperser des tonnes de grenailles de plomb dans les champs, constitue une pollution causant le saturnisme chez les oiseaux qui en absorbent, et chez les prédateurs de ces oiseaux intoxiqués.
Cet usage de plomb dans les munitions de chasse constitue aussi une atteinte à la santé des personnes qui mangent ces gibiers, dont la chair est imprégnée de particules de plomb.

Actuellement : Mettre un terme à cette pollution ne semble pas une priorité au Gouvernement wallon. Au contraire, l’usage de cartouches au plomb reste désigné dans les nombreuses autorisations de destructions, accordées en dérogation à la loi sur la conservation de la Nature.

N°7 – Contre les maltraitances ignobles

La maltraitance des animaux doit être sévèrement réprimée. C’est ce qu’expriment 78 % des personnes qui considèrent l’animal comme un être sensible, qu’il soit domestique ou à l’état sauvage.

Actuellement : Une étude est en cours chez la ministre du Bien-être animal concernant les animaux sauvages dont la capture, la chasse ou la destruction sont autorisées.

N°8 – Pas de repeuplements par des sujets d’élevage

Selon le décret sur le Bien-être animal, l’abandon et la maltraitance d’un animal sont interdits. Nombre d’études ont démontré que les animaux issus d’élevages ne doivent pas être lâchés dans la nature. Ils sont peu adaptés à la vie sauvage pour des repeuplements. De plus, ils sont souvent porteurs de germes pathogènes qu’ils répandent parmi les individus sauvages.
Ceux qui survivent induisent aussi des modifications génétiques (exemple: dans leurs croisements avec les canards colverts sauvages, ceux issus d’élevages provoquent une diminution des lamelles filtrantes dans le bec).

Actuellement: Les chasseurs restent autorisés à lâcher, par centaines de milliers, des animaux élevés en captivité depuis des générations, sans l’imprégnation nécessaire à la vie sauvage.

N°9 – Pour une chasse éthique

Depuis plus de vingt ans, par le système de la licence, la commune de Bütgenbach a retrouvé un bon équilibre en ses forêts, où il n’est plus nécessaire de protéger les plantations par des clôtures coûteuses. La chasse y est pratiquée de la manière la plus éthique et écologique.

Actuellement : Les pratiques de l’affût, de l’approche et de la poussée silencieuse devraient être seules autorisées. Elles permettent de choisir des animaux à l’arrêt ou se déplaçant lentement, permettant un tir précis. La Région wallonne semble réticente à introduire le système par licences, qui pourtant permet un bon équilibre entre la forêt et sa grande faune.

N°10 – Se limiter au grand gibier

Sans nécessité, tuer des animaux ne peut s’accorder avec le Bien-être animal, surtout lorsque, pour les oiseaux et autres petits animaux, cette mise à mort est effectuée au moyen de cartouches. Trop souvent, la dispersion des grenailles que contiennent les cartouches causent des blessures non immédiatement létales, qui condamnent les victimes à d’atroces souffrances.

Actuellement : Le Gouvernement wallon s’efforce de maintenir la chasse aux petites espèces, même lorsqu’elles sont en danger de disparition. Pour ce Gouvernement, la chasse reste prioritaire par rapport à la nécessaire conservation de la Nature.

Nous en sommes … à peu d’évolution !

Laisser trop peu d’habitats réservés à la petite faune des champs, conserver la chasse à des espèces en danger d’extinction, avoir une représentation de la ruralité faussée, maintenir l’usage de cartouches au plomb et les pratiques de chasse les plus cruelles, autoriser les lâchers d’animaux non adaptés à la vie sauvage, manquer de volonté pour développer une chasse plus éthique…, c’est le triste bilan actuel du Gouvernement wallon en conservation de la Nature. Pour contrer ce manque de courage politique envers la nature, nous n’avons comme possibilité que de recourir au Conseil d’État. Nous en sommes à plus de quarante requêtes.

Actuellement
: Nos actions commencent à porter. La chasse à la Sarcelle d’hiver est annulée. Concernant la Perdrix grise, la majorité des plans de chasse ont également été suspendus. Trois des conseils cynégétiques ont décidé de ne plus chasser la Perdrix grise. La lutte juridique est intense, notamment contre l’abondance des autorisations de destruction d’oiseaux protégés. Il reste un an d’espoir de voir évoluer ce Gouvernement vers plus de respect de la Nature…