Les populations d’oiseaux des zones agricoles se portent mal. La perdrix grise et le faisan de Colchide voient leurs effectifs diminuer. Cependant, la plupart des chasseurs souhaitent malgré tout établir un tableau de chasse pléthorique. Ils introduisent donc des centaines de milliers d’oiseaux d’élevage, et ce, quelques semaines avant la chasse.
Le nombre d’oiseaux introduits est impossible à connaître précisément, peu ou pas de statistiques existent à ce propos. Voici ce que la Ligue a pu obtenir comme données partielles :
• Dans l’Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie, il est indiqué que pour 41 % du territoire occupé par la perdrix en Région limoneuse, 16 800 individus d’élevage ont été introduits pour la saison de chasse 2006-2007, soit 10 perdrix par kilomètre carré. Si les introductions ont été semblables sur l’ensemble du territoire, cela correspondrait donc à 41 000 individus introduits. A titre de comparaison, il y avait en 2006 en Région limoneuse 3 500 couples de perdrix.
• L’AFSCA contrôle aussi l’importation de ces oiseaux provenant d’élevages étrangers. Ce qui permet d’avoir quelques chiffres intéressants mais (très ?) sous-estimés puisqu’il existe aussi de nombreux élevages en Wallonie. Selon l’AFSCA, en 2014, 142 699 faisans ont été importés de France pour être introduits en Wallonie où la population « naturelle » est estimée à 14 000 couples.
Ces introductions interpellent l’éthique :
• Comment peut-on chasser des animaux d’élevage n’ayant pas peur de l’homme ?
• Comment peut-on chasser des animaux non-adaptés à l’environnement dans lequel ils sont introduits, puisqu’ils ont été élevés en captivité ?
Ces introductions entraînent des problèmes écologiques :
• L’introduction massive d’oiseaux d’élevage sur une parcelle perturbe la population sauvage qui y réside et les espèces proies ; par exemple, des populations de Vipères péliades ont déjà été fortement affectées par des lâchés massifs en Wallonie.
• Le lâché d’oiseaux d’élevage peut entrainer l’introduction de maladies ou de parasites dans la population sauvage.
• Le profil génétique régional des oiseaux sauvages va disparaître au fil des introductions, ce qui est un facteur d’érosion de la biodiversité souvent méconnu du grand public.
Si ces projets d’introduction visent à maintenir l’espèce et à rétablir leurs populations, pourquoi la plupart des introductions ont-elles seulement lieu quelques semaines avant la chasse ? Beaucoup de chasseurs se contentent de ces introductions. Cette chasse n’est plus un art ou un acte culturel. Il s’agit tout simplement d’un hobby, dont la finalité est de tuer un maximum.
Nous demandons donc que les introductions de faisans, de perdrix ou d’autres oiseaux pour la chasse soient interdites, comme c’est déjà le cas en Flandre.