Les chasseurs n’admettent généralement pas qu’un tiers émette un avis sur leur gestion du gibier car ils paient cher pour exercer leur loisir. Mais ont-ils pour autant tous les droits sur la faune ? Il faut se poser la question de savoir à qui appartient le gibier.
En fait, la faune sauvage est qualifiée de « res nullius » en droit civil, c.-à-d. elle n’appartient à personne et donc pas plus aux chasseurs qu’à d’autres. La faune sauvage est libre et chacun doit avoir le droit de l’observer. De nos jours et vu sa raréfaction, elle est avant tout un patrimoine naturel commun à préserver, au point qu’il est à présent admis que les générations actuelles en sont responsables et comptables vis-à-vis des générations futures.
Même le « gibier » de repeuplement est « res nullius » dans la nature. Il n’appartient pas non plus aux chasseurs qui le confinent pourtant dans des territoires de chasse.
« Le chasseur a mandat de gestion sur le patrimoine naturel de la faune sauvage dont il est à la fois détenteur et responsable. Il peut accomplir cette gestion parce qu’il puise dans son hérédité les sources de son attitude de capacité ».
Naturopa n° 52, 1986, page 30.
Autrement dit, des intérêts particuliers se font passer pour un intérêt public et la capacité de chasser se transmettrait par hérédité. Nous voilà revenu à l’époque moyenâgeuse où le seigneur avait droit de vie et de mort sur ses sujets, humains ou non ! Un tel discours, toujours d’actualité pour certains, n’est plus crédible : car les besoins de chasser de l’homme d’autrefois ont disparu et parce que la biodiversité doit s’appréhender globalement et non pas par le prisme de la chasse.