Nos plantes et arbres indigènes ne se sont pas implantés n’importe où, n’importe comment au jardin naturel. Notre monde végétal sauvage, sous son apparent désordre, est le fruit d’une lente adaptation des plantes entre elles et avec leur milieu. C’est l’ordre infiniment subtil où chaque espèce a sa place et exploite au maximum les caractéristiques du sol, du relief, du climat, de l’orientation etc…
Nous n’avons pas la prétention de faire de notre lopin de terre un modèle parfait d’équilibre naturel. C’est impossible puisqu’il y a action de l’homme. De toute façon, un certain équilibre (semi-naturel) finira par s’installer pourvu que nous lui en laissions le temps, et que nos interventions soient modérées.
Equilibre ou semi-équilibre ne veut pas dire que le jardin va se figer et que chaque espèce va occuper sa place ad vitam aeternam. Tous les milieux évoluent naturellement vers le stade « forêt ». Votre intervention, dans un souci de diversité, consistera à freiner ce processus par le fauchage (pré), la taille (haie) l’éclaircie (massif, bosquet) et l’arrachage (semis naturel des arbres).
Cependant il est nécessaire, dès le départ, de tenir compte du principe des associations végétales. Chaque plante dans la nature compose, avec d’autres, des ensembles où des végétaux dominants sont associés à d’autres de moindre importance. Il n’est pas question ici de lutte entre espèces, mais bien de complémentarité, de protection mutuelle.
Un exemple d’association végétale : le bouleau. Il colonise un milieu sablonneux défriché, en enrichissant le sol et en l’humidifiant. Il permet au Chêne pédonculé de se développer et ainsi de devenir l’espèce dominante. Le Noisetier, le Sorbier des oiseaux, la Bourdaine, à leur tour trouveront les conditions pour s’installer, ainsi qu’un cortège de plantes herbacées comme la
Trientale d’Europe, la Molinie bleue, la Germandrée scorodoine, le Myrtillier commun et l’Anémone sylvie qui couvriront complètement le sol. A cet ensemble cohérent, que l’on appelle Chênaie à Bouleaux, s’associeront spontanément des espèces animales : oiseaux (Sitelles, Geais, Pics…), mammifères (Ecureuil, Mulot…), mais aussi des insectes, des arachnides, des vers… Un écosystème complet. C’est ce type d’ensemble que nous copierons, mais à l’échelle du jardin.
Quelques exemples d’associations convenant au jardin : en caractère gras : l’espèce dominante – arbre (1) – arbuste (2) – buisson (3) – plante herbacée (4) – plante grimpante (5) – plante rampante (6) :
Sureau (2) – Lierre grimpant (5) – Lierre terrestre (6) – Véronique à feuille de lierre (4) – Lamier blanc (4)…
Aubépine (2) – Cornouiller mâle (3) – Fusain (2) – Framboisier (3)…
Prunellier (3) – Ronce (3) – Eglantier (3) – Liseron (5) – Houblon (5) – Digitale (4) – Vesce en épi (5)…
Bouleau (1) ou Sorbier (1) – Bruyère commune (4) – Fétuque (4) – Germandrée scorodoine (4)…
Noisetier (2) – Petite pervenche (6) – Violette (4) – Jacinthe des bois (4) – Ficaire fausse renoncule (4)…
Certains arbres pourront également être plantés en solitaire pour créer un ensemble plus décoratif. Par exemple pour les grand jardins : Pommier, Tilleul, Hêtre…
Pour ce qui est des espèces herbacées, certaines s’implanteront d’elles-mêmes là où les conditions leur conviennent. Pour d’autres, il faudra donner un petit coup de pouce en prélevant modérément dans la nature plantes ou graines. Par exemple : Digitale, Violette, Ficaire…
Ces compositions végétales formeront autour de votre maison un décor superbe et diversifié où se donneront rendez-vous tous les oiseaux du quartier. Voilà donc inauguré votre jardin-volière !