N’oublions pas que la reconnaissance de l’urgence de la situation et de la nécessité de préserver la perdrix et son habitat résulte non pas de ses soi-disant « chevaliers servants », ni même de la Région wallonne, mais bien du combat acharné mené par la Ligue devant le Conseil d’État (8).
Il y a six ans, c’est la Justice, sous l’impulsion de la Ligue, qui a conduit à ce que la chasse à la perdrix soit conditionnée à l’adoption de plans de gestion visant, à tout le moins, à en permettre une « chasse durable » (9).
Depuis lors, la Région wallonne a donc (re)confié cette mission aux chasseurs moyennant ces fameux plans de gestion. Pour quels résultats ? Mystère là encore, si ce n’est qu’aux dernières nouvelles, la situation de l’espèce ne s’est pas améliorée, que du contraire (10).
Le monde de la chasse et la Région wallonne étaient-ils « au chevet » de la perdrix lorsqu’ils se sont retrouvés devant le juge et que ce dernier a imposé la mise en place de plans de gestion (10) ?
Étaient-ils « au chevet » de la perdrix, lorsqu’ils se sont retrouvés, une fois encore, face au juge et que ce dernier a déclaré certains plans de gestion illégaux, notamment au vu de l’insuffisance des aménagements proposés par les chasseurs, et approuvés par la Région wallonne ; ces aménagements n’étant, au final, que de la poudre aux yeux (11) ?
Sont-ils « au chevet » de la perdrix, en n’assurant aucun suivi scientifique et objectif de l’évolution des populations wallonnes, fondant ainsi toute une politique sur l’incertitude, laquelle devrait justement profiter à l’espèce, et pas l’inverse ?
Les manquements s’accumulent… Malgré cela, la Section Chasse s’obstine à entraîner la Région wallonne dans sa chute morale, avançant toutes les deux, au pas d’Echternach, vers une disparition de plus.
Le pire, c’est que le Gouvernement wallon connaît depuis bien longtemps la situation. Dans une question parlementaire du 5 décembre 2014, posée il y a donc plus de dix ans, un député wallon dressait le constat suivant :
« La perdrix grise est en constant déclin depuis une cinquantaine d’années au point d’avoir disparu d’une partie importante de son aire de répartition. Les causes de sa disparition sont connues : disparition des habitats, manque de nourriture dans les monocultures, pratiques agricoles et présence de prédateurs. Elle est ainsi considérée par la Wallonie comme étant une espèce menacée et vulnérable. Pour éviter qu’elle ne disparaisse, la piste d’une interdiction de sa chasse a été avancée, mais rejetée, car les chasseurs, constitués en associations cynégétiques, seraient indispensables pour sauver l’espèce » (12).