Le virus de la rage se transmet d’un mammifère, généralement carnivore infecté (chien, chat, renard) à un autre animal ou à l’homme. Les contaminations se font essentiellement par morsure.
“Quand, dans les années 1950, la rage en provenance de l’est de l’Europe s’est propagée dans nos contrées, le renard a été pointé comme le principal vecteur de la maladie et une chasse impitoyable aux renards a alors commencé. En essayant de réduire la population vulpine par tous les moyens, on pensait juguler la propagation de cette maladie virale souvent mortelle. La chasse intensive aux renards, mais aussi le gazage des terriers n’ont pourtant eu quasi aucun impact sur les populations de renards déjà affaiblies par la rage. Les autres habitants de ces tanières, notamment les blaireaux, qui passent presque toute la journée dans leur terrier, ont par contre vu leur population être décimée, voire au bord de l’extinction. C’est seulement dans les années 1980 et 1990 qu’ont débuté les premières vastes campagnes de vaccination et que la rage a été endiguée au point que le Luxembourg et de nombreux autres pays d’Europe centrale sont aujourd’hui déclarés indemnes de rage. Les appâts contenant du vaccin, généralement des comprimés composés de farine de poisson congelée, dans lesquels est dissimulée une capsule de vaccin, ont été utilisés dans tout le pays” (12).
Ainsi, malgré les campagnes répétées d’extermination du renard pour lutter contre la rage, cette maladie ne disparut pas. Elle ne fit que progresser : la destruction des renards eut pour effet de déséquilibrer la structure sociale de leurs populations avec pour conséquence collatérale de favoriser la fécondité des renardes et de pousser les mâles à de longs déplacements à la recherche de zones libres. Cela multiplia les risques de contamination par l’arrivée d’animaux originaires des zones adjacentes. En conséquence, après avoir été drastiquement réduite par la chasse et le piégeage, par les poisons, le gazage des terriers, ou encore par les maladies comme la gale, les populations du renard se sont reconstituées rapidement grâce à la remarquable autorégulation de la fécondité de l’espèce et à l’immigration d’individus à la recherche d’un domaine vital.
Lorsque la rage disparut, grâce à la vaccination antirabique orale, un nouveau danger apparut. Sans effets négatifs pour le renard, la transmission du Ténia (Echinococcus multilocularis) du renard à l’homme (13) qui consomme des aliments crus contaminés par les œufs de ce ténia peut provoquer une grave maladie du foie.
“Le ténia du renard est un parasite qui, à l’état de larve, se cache dans un hôte intermédiaire, généralement une souris. Quand cet hôte est mangé par un hôte définitif, comme le renard (mais aussi le chien ou le chat), les parasites grandissent alors dans l’intestin grêle de cet hôte pour devenir des ténias adultes”.
“Certains ont évoqué l’utilité de la chasse pour protéger les humains du ténia du renard. Or, une étude (14) menée autour de l’agglomération Nancéenne publiée fin 2017 dans la revue scientifique internationale « Preventive Veterinary Medicine » fournit de nouvelles informations intéressantes sur la relation entre le renard, le tir de renards et l’impact sur l’évolution de la prévalence du parasite. En fait, les résultats indiquent 1. que le tir intensif de renards sur trois ans n’a pas eu d’impact mesurable sur la densité de l’espèce, ce qui s’explique en partie par la déstructuration de la population et une meilleure survie des jeunes au vu des territoires libérés par le tir, et 2. qu’avec une augmentation du tir de renards, on observe également une augmentation de la prévalence du parasite, qui peut s’expliquer par un pourcentage plus élevé de jeunes renards dans la population, qui eux sont plus susceptibles d’être contaminés par le parasite” (12).
A nouveau désigné comme bouc émissaire, le renard fut accusé de propager cette échinococcose, ce qui permit de justifier la poursuite de sa chasse. Or, il vaudrait mieux favoriser la prédation des rongeurs afin de réduire les populations des micromammifères qui sont impliqués dans le cycle du parasite. Ce danger de contamination a été grandement écarté par la science. Par exemple, une étude publiée en 2017 (Comte et al 2017 (14)) réalisée dans le Nord-Est de la France par des scientifiques (de l’ANSES, de l’ELIZ, de l’Université de Bourgogne Franche-Comté et de l’Institut Universitaire de France) indiqua, sans équivoque, qu’après 4 ans d’une chasse intensive, la population de renards ne diminua pas mais que le taux de leur contamination grimpa de 40 à 55 %, sans doute dû au fait des déplacements des jeunes renards qui sont plus susceptibles d’être porteurs du parasite. Autre exemple, au Grand-duché du Luxembourg, où la chasse du renard est interdite depuis le 1er avril 2015 : le taux de contamination de l’espèce y a été réduit de 40 à 10% (1).