Un de nos pensionnaires favoris, et souffrant de nombreux maux est le Hérisson d’Europe (Erinaceus europaeus). Ces derniers temps, il a malheureusement fait parler de lui, son statut passant à “quasi menacé” sur la liste rouge de l’IUCN (International Union for Conservation of Nature). Le Centre de Soins de la Ligue met tout en œuvre pour revalider et relâcher les Hérissons qui lui parviennent dans les meilleures conditions. Mais vous pouvez, vous aussi, agir à votre échelle pour protéger ce petit mammifère.
Hérissons en danger : comment les protéger ?
Le Hérisson d’Europe “quasi-menacé”
Comme son nom l‘indique, l’espèce se trouve exclusivement en Europe. Son aire de répartition s’étend dans l’Ouest de celle-ci, ainsi que sur les côtes de la Norvège, de la Suède et dans une grande partie de la plaine d’Europe orientale.
Il existe quatre espèces du genre Erinaceus, mais le Hérisson d’Europe est le seul dont la population est en déclin. Son statut IUCN est d’ailleurs passé en octobre dernier de “préoccupation mineure” à “quasi menacé” (1). Le Hérisson est, en plus, une espèce dite “parapluie”, ce qui signifie que les mesures mises en œuvre pour sa protection procurent également un effet positif sur les populations des autres espèces de la communauté. Il devient donc plus que jamais primordial de le protéger, tant dans les Centres de Soins qu’au sein de son environnement naturel.
Le hérisson, premier mammifère à arriver dans les centres de soins
Malgré une défense particulièrement piquante, les Hérissons sont soumis à de nombreuses menaces, ce qui en fait l’espèce de mammifère qui arrive le plus fréquemment dans notre centre de soins.
Le trafic routier est, comme pour beaucoup d’espèces, un fléau pour les Hérissons. Cette menace ne constitue cependant pas le facteur principal de leurs arrivées en centre de soins. Il s’agit en réalité des incidents survenant dans les jardins, ces derniers constituant des lieux aux multiples dangers pour nos amis à picots. En premier lieu, on retrouve les outils de jardinage, et plus particulièrement les tondeuses-robots utilisées la nuit. Les hérissons d’Europe sont, en effet, exclusivement nocturnes et ne font pas le poids face à de telles lames. Il n’est donc pas rare de recevoir des hérissons scalpés, ayant perdu une partie de leur peau et de leurs picots. Cette situation a surtout lieu dans les CREAVES (Centres de Revalidation des Espèces Animales Vivant à l’Etat Sauvage) en Wallonie, l’utilisation des robots-tondeuses étant moins courante à Bruxelles. Les Hérissons sont aussi attaqués par les chiens, et peuvent se noyer dans les piscines ou les étangs qui n’ont pas de structure pour leur permettre de sortir.
Dans les jardins et en dehors, nos amis à picots souffrent également des nombreux pesticides qui sont pulvérisés régulièrement dans l’environnement. Ils ont, en effet, un régime principalement insectivore et vont se délecter de limaces et escargots. Mais parfois, ils peuvent également piller les nids et se nourrir de jeunes poussins et jeunes micromammifères. Ils peuvent donc ingérer ces produits directement (comme les rodenticides et les insecticides) ou indirectement via leur proies. Une étude danoise, réalisée par la Docteure Sophie Lund Rasmussen sur 115 hérissons décédés, a montré que près de 80% d’entre eux avaient ingéré des pesticides et a décelé jusqu’à neuf substances différentes pour le même individu (2). A leur arrivée au centre de soins, les hérissons sont souvent très parasités, maigres et en hypothermie. Les analyses révèlent qu’une grande partie d’entre eux est sujette à des bactéries résistantes aux antibiotiques communs. Ces diagnostics pourraient être le résultat d’une faiblesse générale belle et bien due à la présence de produits nocifs, qui sont aussi présents en milieu rural qu’urbain.
Par ailleurs, une étude récente de deux universités en Suisse et en Italie montre que cette année, ce sont les maladies infectieuses qui ont particulièrement touché les Hérissons (70,6% en Suisse et 53,7% en Italie) par rapport aux causes traumatiques (3).
Loin devant les renards, les écureuils ou les fouines, les hérissons sont ainsi les mammifères qui arrivent en plus grand nombre dans les centres de soins. Le graphique ci-contre représente le nombre d’accueils de hérissons au Centre de soins de Bruxelles. La tendance est nettement à l’augmentation. Et notre centre ne fait pas exception : en 2023, ce sont près de 4000 individus qui ont été recueillis dans les CREAVES de Wallonie.
Comment aider le hérisson à votre échelle ?
Si vous possédez un jardin, de nombreuses actions peuvent être entreprises pour y aider et protéger le Hérisson :
1. Rendre votre jardin accueillant pour les hérissons :
- La nuit, n’utilisez pas votre robot-tondeuse et gardez vos animaux de compagnie le plus possible à l’intérieur.
- Munissez vos piscines et vos étangs de rampes permettant au hérisson (et aux autres petits animaux) de pouvoir sortir s’ils tombent dedans par mégarde.
- Offrez à votre jardin des coins plus “sauvages”, qui favorisent la biodiversité de manière générale : privilégiez les essences indigènes, aménagez des tas de branchages ou de feuilles et variez un maximum les éléments qui le structurent. Vous pouvez également prodiguer une petite maison accueillante pour hérissons. Ils pourront l’utiliser toute l’année, y compris pour hiverner.
- Favorisez les échanges entre votre jardin et l’extérieur en aménageant des passages dans votre clôture pour les hérissons.
2. Mettre à disposition eau et nourriture :
- Vous pouvez également les nourrir les hérissons, mais à condition de le faire correctement. L’idéal sont des croquettes adaptées spécialement aux hérissons, mais vous pouvez aussi leur prodiguer des croquettes pour chat de qualité. Surtout, ne pas donner de lait, même aux plus petits hérissons. C’est en automne, au moment de faire leurs réserves de graisses pour l’hivernage que ce nourrissage sera le plus utile. Mettre de l’eau à disposition toute l’année est également bénéfique, pas seulement pour le hérisson mais pour toutes les espèces animales.
- Attention cependant : veillez à laver régulièrement vos gamelles et à changer l’eau et la nourriture tous les deux jours. Ceci est très important pour éviter la propagation de maladies et de parasites dont souffrent les hérissons.
La Ligue met, de son côté aussi, tout en œuvre pour participer à la protection du Hérisson. En plus de la prise en charge des Hérissons en détresse dans son Centre de Soins bruxellois, nous avons initié en 2021 le projet d’étude “Suivi Hérisson”, qui a pour objectif de collecter des données lors des passages en centre de soins et des relâchers.
Entre l’achat des gaines d’identification et l’analyse des données, ce projet représente un certain coût, et même si nous pouvons compter sur des aides de partenaires, nous avons également besoin de vous !
Faites un don sur le numéro de compte : BE94 7340 5911 2314 avec la communication “Suivi Hérissons” pour nos boules de piquants préférées !
Références :
1. https://www.iucnredlist.org/fr/species/29650/213411773
2. Rasmussen SL, Roslev P, Nielsen JL, Pertoldi C and Vorkamp K (2024) Pesticides in the population of European hedgehogs (Erinaceus europaeus) in Denmark. Front. Vet. Sci. 11:1436965. doi: 10.3389/fvets.2024.1436965
3. Prandi, I., Dervas, E., Colombino, E., Bonaffini, G., Zanet, S., Orusa, R., Robetto, S., Vacchetta, M., Mauthe von Degerfeld, M., Quaranta, G., Hetzel, U., & Capucchio, M. T. (2024). Causes of Admission, Mortality and Pathological Findings in European Hedgehogs: Reports from Two University Centers in Italy and Switzerland. Animals, 14(13), 1852. https://doi.org/10.3390/ani14131852
