L’objectif du Centre de Soins de la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO) est de revalider les animaux sauvages en détresse, et de les relâcher dans la nature. Les méthodes et les lieux de relâchers sont pensés en fonction des besoins de chaque espèce. Ce moment de retour dans le monde sauvage est une étape capitale dans la vie de nos pensionnaires, et est aussi souvent un événement marquant pour les personnes qui s’en sont occupées.

Une seconde chance

Matthieu Pierret, Garde Forestier chez Bruxelles Environnement, témoigne: « Je considère comme un privilège, en tant que garde forestier, de pouvoir participer à la réintroduction des renards passés par les centres de revalidation comme la LRBPO. En effet, ces renards sont généralement des victimes directes ou indirectes de l’homme avec qui ils cohabitent néanmoins dans les campagnes et jusque dans nos villes. Les voitures, les chiens, le poison, le piégeage et bien d’autres dangers guettent maître goupil. Ceux qui survivent à ces coups du sort se voient ainsi avoir une seconde chance. Relâchés en forêt, ils peuvent espérer repartir vers de nouvelles aventures ! »

Retrouver en douceur leur environnement naturel

Parfois, pour la sécurité des animaux relâchés, il faut éviter une transition trop brusque entre la captivité du Centre de Soins et la liberté totale de la vie sauvage. Dans ces cas-là, un protocole de libération progressive (soft release, en anglais) est mis en place. Marie-Clémentine a participé à une telle expérience: « Bénévole au Centre de Soins, j’ai eu l’occasion de relâcher deux fouines juvéniles chez nous en juin dernier. Habitant une maison avec jardin située dans un grand îlot de verdure, à proximité du parc de la Woluwe, cela semblait être le lieu idéal pour leur permettre de retrouver en douceur leur environnement naturel. Ma famille et moi les avons donc accueillies et nourries durant une semaine dans notre jardin. La première journée et la première nuit, elles sont restées enfermées dans leur cage, puis mes enfants et moi avons ouvert la cage le soir suivant pour leur permettre de sortir et appréhender les environs. Nous ne les avons pas revues les jours suivants mais la nourriture laissée chaque soir disparaissait durant la nuit et notre compost était fouillé. Il nous arrive encore fréquemment d’entendre la nuit des bruits qui nous font penser à des fouines s’amusant. Ce fut une expérience très enrichissante pour toute la famille et j’espère vivement qu’elles ont trouvé un environnement qui leur convient. »

Un eldorado pour pic vert

On ne soulignera jamais assez l’importance du développement de l’agriculture raisonnée pour la protection de notre biodiversité. Adrien et Brigitta, eux, l’ont bien compris puisqu’ils ont créé l’Eldoradis (www.leldoradis.be) un maraîchage bio à Linkebeek. Ce potager bucolique à l’entrée de Bruxelles, a ouvert ses portes à la LRBPO.
En juin dernier, nous y avons relâché un jeune Pic vert. En plus de l’abondance de nourriture, l’absence de pesticide et la quiétude, le lieu mixe espaces forestiers, clairières, haies, vergers et points d’eau. De quoi, nous l’espérons, lui donner envie de s’y implanter…

Le relâcher, un moment de joie et de fierté

Muriel est bénévole au Centre de Soins de la LRBPO à Anderlecht depuis un peu plus d’un an. Elle a effectué un soft release de mésanges pour la première fois ce printemps: « J’ai pris énormément de plaisir à accueillir ces petits pioupious chez moi et surtout je me sentais valorisée d’aider ces petits protégés à retrouver la liberté. Une fois à la maison, j’allais plusieurs fois par jour voir si elles allaient bien et ne manquaient de rien.
Je prenais plaisir à les observer manger et tester leurs capacités de vol dans la volière. J’ai ressenti aussi beaucoup de joie et de fierté quand je les ai laissées s’envoler… Elles revenaient de temps en temps juste après que j’aie ouvert la grille, comme pour dire au revoir (oui je sais… je suis sentimentale !). Quand j’en voyais sur les branches des arbres de mon jardin, les jours suivants, je me demandais si c’étaient les mêmes qui repassaient… Une expérience que j’ai hâte de réitérer l’année prochaine ! »