Serait-ce une surprise si le bilan de cette année est de nouveau nettement supérieur à celui de l’année précédente ? Hélas non… Une tendance qui ne cesse de se confirmer : le nombre d’animaux en détresse augmente irrémédiablement, et nous peinons de plus en plus à tenir le cap. 3357 patients ont franchi les portes de notre Centre de Soins pour la Faune Sauvage de Bruxelles, contre 3087 en 2020 et 2698 en 2019, encore un triste record…3357 individus pour 136 espèces différentes… Si certains en doutaient, Bruxelles regorge de vie !
Notre Centre de Soins pour la Faune Sauvage est la seule structure habilitée à accueillir et à prendre soins des espèces indigènes de la Région bruxelloise. Chaque année, nous recueillons plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’animaux en détresse dans le but de les soigner puis de les relâcher.
D’ailleurs, pas moins de 2165 animaux sauvages indigènes sont passés, cette année, entre les mains expertes de nos soigneuses, de notre vétérinaire bénévole et de nos volontaires motivés !
Des animaux bien souvent victimes de la pression urbaine, avec des causes d’entrée principalement, directement ou indirectement, dues à l’homme : ramassage de juvéniles non nécessaire; prédation chat, trafic routier, collision vitres, etc.
Parmi tous ces chiffres, quelques données peuvent attirer particulièrement notre attention, nous laissant à penser qu’elles sont à surveiller de très près.
Tout d’abord, les victimes de prédation chat sont au nombre de 285, contre 142 en 2019, soit une augmentation de 50% !
Malheureusement, ces attaques ont bien souvent des conséquences dramatiques sur notre petite faune indigène. En effet, malgré les soins et une prise en charge rapide, le taux de survie affiché dans notre Centre n’est en moyenne que de 20%. Et même si la proie ne semble pas avoir de plaies, une micro-blessure peut leur être fatale. Vu la fragilité de notre biodiversité, il devient de plus en plus nécessaire de continuer à mettre en place des mesures de sensibilisation à l’attention des propriétaires de chats.
Car, même si nous adorons tous ce joli félin, c’est à nous, en tant que propriétaires, d’avoir la responsabilité de nos choix, et de mettre en place des astuces simples mais efficaces pour limiter l’impact de notre animal.
Autre chose : 2021 semble avoir été bien moins fructueuse en matière de reproduction, par rapport à 2020, puisque nous avons accueilli 847 juvéniles en 2021 contre 1051 en 2020. Il est fort à parier que la météo en est la principale cause. En effet, rappelons-nous les inondations catastrophiques de la mi-juillet en Wallonie… Bien que Bruxelles en ait été épargné, nous avons également vécu une saison particulièrement arrosée et sans aucune vraie période de chaleur. Saison arrosée d’ailleurs puisque nous avons, hélas, vécu un dégât des eaux dans notre bâtiment, entraînant d’importants problèmes d’humidité et de champignons.
Mais, à contrario, le nombre de juvéniles ramassés trop vite par les découvreurs a étonnamment augmenté. Pour rappel, les jeunes oiseaux en fin de croissance, c’est-à-dire capables de se tenir debout et de sautiller, se jettent hors du nid afin de terminer leur éducation au sol, avant même de savoir voler (excepté la Chouette effraie et le Martinet noir). Même s’ils se font discrets en raison de la présence de l’homme, les parents ne sont jamais loin… Il est donc toujours préférable de ne pas intervenir dans la précipitation, d’analyser la situation, et de réagir en fonction, comme par exemple : simplement remettre l’oisillon en hauteur ou lui fabriquer un nid artificiel s’il faut le mettre à l’abri des chats.
Pour finir, parlons mammifères. En effet, le nombre de hérissons accueillis n’a cessé d’augmenter, frôlant les 300 accueils pour cette année 2021. Un réel problème de place se pose, puisque le hérisson, animal territorial, doit être maintenu dans des cages individuelles au risque de combats et donc de blessures. Alors que notre bâtiment actuel ne cesse de se dégrader, les murs, eux, ne se déplacent pas… Que ferons-nous lorsque nous aurons atteint la limite de ce que l’on nous accorde ?
Pour le moment, nous continuons de nous battre, car le hérisson fait partie des espèces les plus précieuses en milieu urbain. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la LRBPO a lancé une grande étude nationale participative sur le Hérisson européen revalidé. Depuis près d’un an, chaque hérisson relâché d’un des 17 Centres de Soins, belges participants est doté d’une gaine numérotée unique. En cas de découverte d’un Hérisson “gainé”, les découvreurs peuvent encoder diverses informations sur le site www.suiviherisson.be. Ainsi, à long terme, nous espérons récolter assez de données pour établir un protocole efficace de prise en charge et de relâcher du hérisson.
Bruxelles regorge d’une biodiversité incroyable et trop souvent méconnue, et nous en vivons des exemples chaque jour de l’année ! Qu’ils soient à poils, à plumes, ou à écailles, nous faisons tout pour leur donner une seconde chance et réparer les conséquences d’une urbanisation constante et d’une pression humaine toujours grandissante.
La faune sauvage exotique / domestique
Pour ce qui est de la faune exotique, ce sont 284 individus qui sont passés par chez nous contre 311 en 2020.
Des animaux arrivés pour diverses raisons : parfois échappés, parfois abandonnés, saisis pour maltraitante ou détention illégale, ou même suite à un décès comme ce fut le cas pour cette petite Calopsitte, dont le propriétaire a malheureusement succombé au virus du Covid19.
Les animaux, autorisés à la détention, sont le plus souvent remis à l’adoption dans de nouvelles familles aimantes et attentionnées, sous convention d’accueil.
Quant aux espèces qui ne peuvent être détenues, elles sont transférées dans des structures agréées et respectueuses de leurs besoins et de leur comportement. C’est une seconde chance qui s’offre à ces animaux, comme à cet Iguane qui a été saisi pour maltraitance. Le pauvre était détenu dans un terrarium à peine plus grand que lui, mais il peut à présent se mouvoir comme il l’entend.
Et pour terminer l’année en beauté (ou pas), nous avons reçu une visite, courte mais intense, d’un Macaque de Barbarie ! Le pauvre animal était détenu, lui aussi illégalement, dans la Région bruxelloise. Ce sont des animaux extrêmement dangereux, non seulement par rapport aux maladies qu’ils peuvent transmettre à l’humain, mais surtout par leur comportement qui peut devenir extrêmement agressif, lorsque l’animal atteint sa maturité sexuelle et cherche à s’affirmer. Le Centre de Soins pour la Faune Sauvage de Bruxelles, n’étant pas habilité et équipé pour s’occuper d’un tel animal, il a directement été transféré dans une structure spécialisée.
En bref, nous n’avons pas chômé, et nos soigneuses, déjà fatiguées d’une année 2020 difficile en raison de la pandémie actuelle et du manque d’effectifs, continuent de tirer sur la corde… Mais jusqu’à quand ?
7 jours sur 7, 365 jours par an, notre équipe se démène pour donner une seconde vie à ces animaux qui n’ont pas eu de chance. Ainsi, cette année, en excluant les décès survenus dans les 24h suivant leur arrivée, et les décédés à l’arrivée pour lesquels nous n’aurions rien pu faire, nous obtenons un taux de réussite réel de 51,7 %.