Une bactérie provoque actuellement la mort de nombreuses mésanges. Il s’agit de Suttonella ornithocola, responsable d’une infection induisant une pneumonie chez l’oiseau atteint.

Cette maladie a débuté début mars, principalement en Allemagne de l’Ouest où l’on recense 32 000 observations d’oiseaux morts (selon le rapport du 28/04/2020). Selon NABU (Naturschutzbund Deutschland), le nombre de cas commencerait néanmoins déjà à décroître. Cette épidémie a suivi son cours dans les pays voisins de l’Allemagne pour arriver jusqu’en Belgique.

Les principaux symptômes de cette infection sont :

  •         apathie (l’oiseau reste au sol, ne fuit plus)
  •         problèmes respiratoires
  •         plumage ébouriffé
  •         difficulté à déglutir
  •         corps gonflé
  •         yeux fermés, paupières collées

Photo : Otto Schäffer

Suttonella ornithocola affecte presque exclusivement les mésanges, en particulier les petites espèces, comme la mésange bleue, espèce très répandue dans les jardins d’Europe. Les mésanges plus rares comme les mésanges noires, les mésanges huppées ainsi que probablement les mésanges boréales et nonnettes peuvent également être touchées. La mésange charbonnière semble être épargnée.

En Belgique

En Belgique, les premiers cas ont été analysés à la Faculté de Médecine Vétérinaire de Liège : le 29/04/2020, 7 mésanges bleues ont déjà été étudiées, des analyses PCR sont en cours. Jusqu’à présent, la Faculté n’a pas pu confirmer ou infirmer l’implication de Suttonella ornithocola dans les épisodes de mortalité actuels. Etant donné le peu de sujets examinés, la Faculté préconise aux citoyens de venir lui apporter les cadavres de mésanges retrouvés à proximité de mangeoires (voir plus d’informations ci-dessous).

Au Centre de Soins de la Faune Sauvage de Bruxelles, aucun cas n’a encore été signalé.

Que faire si vous trouvez une mésange morte ?

Voici la marche à suivre si vous découvrez un oiseau mort dans votre jardin :

  1. Encodez votre observation sur le site www.observations.be

           Dans le champ « comportement », indiquez « trouvé mort » ou « malade ou blessé »

           N’hésitez pas à ajouter des informations complémentaires dans « commentaires » (état général de l’animal, photos, …) 

  1. Si possible, conservez l’oiseau mort et transférez- le à la Faculté de Médecine vétérinaire au Sart Tilman où il sera autopsié et analysé. Les frais seront pris en charge par le Réseau de Surveillance Sanitaire de la Faune Sauvage. L’animal doit être manipulé avec des gants et conservé dans un sachet plastique. Vous trouverez toutes les informations relatives au dépôt de l’animal sur le site suivant : http://www.faunesauvage.be/faune-sauvage/?p=587814. Si vous ne pouvez pas l’y amener directement, il est souhaitable de le congeler à -20° dans un sachet plastique. 

L’agent pathogène est inoffensif pour les humains et les animaux domestiques. Néanmoins, comme les oiseaux peuvent potentiellement avoir été atteints par d’autres maladies ou être porteurs de plusieurs agents pathogènes, il faut toujours être prudent lorsqu’on entre en contact avec eux.

Précautions à prendre au niveau des mangeoires et abreuvoirs

Etant donné le caractère hautement contagieux de cette bactérie chez les oiseaux, il est impératif de stopper tout nourrissage dans les jardins où plusieurs oiseaux morts ont été détectés aux alentours des plateformes de nourrissage. L’objectif n’est pas de supprimer tous les postes de nourrissage mais de réagir au cas par cas.

De manière générale, il faut nettoyer et rincer les mangeoires le plus fréquemment possible. Il faut également éviter de donner de la nourriture en excès afin d’empêcher sa putréfaction.

Il est recommandé de nettoyer et renouveler l’eau des abreuvoirs quotidiennement. La qualité de l’eau est primordiale pour diminuer la transmission du pathogène. 

Références

Birdguides. Cause of Blue Tit deaths identified. Date : 23/04. www.birdguides.com

Becki Lawson, HenryMalnick, Tom W.Pennycott, Shaheed K.Macgregor, Shinto K.John, Gwen Duncan, Laura A.Hughes, JulianChantrey, Andrew A.Cunningham (2011). The Veterinary Journal. Volume : 188. Numéro : 1. Pages : 96-100. Avril. 

Geoffrey Foster, Henry Malnick, Paul A. Lawson, James Kirkwood, Shaheed K. MacGregor et Matthew D. Collins (2005). Suttonella ornithocola sp. nov., from birds of the tit families, and emended description of the genus Suttonella. International Journal of Systematic and Evolutionary Microiology. Volume : 55. Numéro : 6. www.microbiologyresearch.org

NABU. Bakterium Suttonella ornithocola verursacht Blaumeisensterben. En ligne : 30/04/2020 :  www.nabu.de

Paquet Alain (2020) Une infection bactérienne très contagieuse touche les mésanges bleues. En ligne le 30/04/2020 : http://blog.aves.be/aves/2020/4/30/une-infection-bactrienne-trs-contagieuse-touche-les-msanges-bleues

Réseau de Surveillance sanitaire de la Faune sauvage. En ligne le 30/04/2020 : http://www.faunesauvage.be/faune-sauvage/?p=587814