Implantation en Europe

Les causes

La perruche à collier a été introduite en Europe et en Amérique à partir de ses aires de répartition qui sont, selon la sous-espèce, l’Afrique et l’Asie. Cet oiseau étant sédentaire, les perruches à collier implantées en Europe sont donc des perruches d’élevage, libérées ou échappées : ce sont des populations férales. La cause principale de cette introduction par l’homme est que l’espèce est très appréciée des éleveurs et des populations férales existent en Angleterre, en Espagne, en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique et dans certaines autres villes d’Europe. Malheureusement, cette féralisation de l’espèce pose certains problèmes et l’espèce est considérée comme exotique envahissante (Bruxelles Environnement, 2017).

L’exemple de la ville de Bruxelles

L’origine de la population bruxelloise de perruches à collier remonte à 1973-1974. Une quarantaine de perruches à collier s’envole du zoo de MeliPark Heysel. Quarante ans plus tard, elles se sont reproduites et leur nombre est évalué à plus de 8 000 individus. Depuis lors, de nombreux spécialistes s’inquiètent de la concurrence avec les espèces aviaires locales dont les habitudes de nidification sont similaires.

Actuellement, l’espèce est largement répandue sur l’ensemble du territoire bruxellois. Seules des zones hébergeant des habitats moins favorables (zones de culture, cœur de la forêt de Soignes) sont inoccupées. Sur le territoire belge, on retrouve désormais la perruche à collier dans d’autres grandes villes que Bruxelles telles qu’Anvers ou encore La Louvière.

Une étude de Strubbe & Matthysen (2009) montre que la perruche à collier est loin d’avoir colonisé tous les habitats appropriés en Belgique, notamment dans le nord du pays où le bâti est plus important et moins dispersé qu’en Wallonie. Selon eux, on peut donc s’attendre à une continuité de croissance et à une expansion future de l’espèce. En effet, la perruche à collier est un oiseau mobile qui peut parcourir de grandes distances sur ses vols quotidiens vers et depuis son site de repos.

Impacts des populations férales Européennes

De manière générale, les perruches à collier parviennent à s’acclimater rapidement à l’environnement et au climat des grandes villes d’Europe. Il est également constaté que la prédation sur l’espèce est relativement faible. Une étude observe que l’écureuil roux (Sciurus vulgaris) et l’écureuil gris (Sciurus carolinensis) peuvent s’attaquer aux couvées et aux oisillons dans les cavités des nids (Bulter et al., 2013). Une autre étude réalisée en Italie observe que certaines espèces telles que la Corneille mantelée (Corvus cornix) et le goéland leucophée (Larus michahellis) peuvent repousser et chasser la perruche. On estime néanmoins que la perruche à collier ne souffre pas de la prédation d’espèces indigènes et ne le sera pas de manière importante à l’avenir (Fraticelli, 2014).

Actuellement, seul le faucon pèlerin (Falco peregrinus) semble être un prédateur régulier dans les villes où la perruche prolifère. Elle a donc réussi à se multiplier, au point que l’on craint aujourd’hui qu’elle ne supplante les espèces animales indigènes.

Impacts sur l’habitat

Globalement, la perruche à collier entraîne des impacts relativement faibles sur le milieu qu’elle fréquente. Son action dans la modification de la chaîne alimentaire reste difficile à évaluer et seules quelques altérations physiques des milieux où il existe de grandes colonies sont constatées.

Impacts sur les espèces indigènes

Les impacts potentiels engendrés sur diverses espèces indigènes (aviaires ou non) restent très controversés. Par exemple, Strubbe et Matthysen (2009) considèrent que la présence de la perruche à collier interfère négativement avec certaines espèces, en particulier avec la sittelle torchepot (Sitta europaea) alors que plusieurs études n’observent pas d’impacts et suggèrent qu’il n’existe aucune interférence dans géographique avec les oiseaux indigènes cavernicoles. Les observations concernant l’espèce démontrent néanmoins que la perruche à collier est de taille généralement supérieure à celles des oiseaux concurrents et se déplace/niche en groupe. Elle possède donc deux avantages par rapport aux autres espèces aviaires rivales (Le Louarn et al., 2016). Cela suppose que la perruche puisse s’imposer au niveau des accès à la nourriture et des endroits de nidification. C’est ainsi qu’elle acquiert son caractère invasif, s’appropriant nourriture et habitat, se reproduisant sans difficultés majeures et pouvant dès lors prendre lentement le dessus sur les espèces indigènes qui partagent les mêmes caractéristiques de nutrition, d’habitat et de reproduction.

 

Pour en connaître plus sur les impacts des perruches à collier sur leur habitat, les autres espèces,… Cliquer ici : Rapport espèces exotiques envahissantes.

Références

Bulter, C., Cresswell, W., Gosler, A. & Perrins, C., (2013). The breeding biology of Rose-ringed Parakeets Psittacula krameri in England during a period of rapid population expansion. Bird Study, Volume 60, Numéro 4. Pages 527-532.

Fraticelli, F (2014). « The rose-ringed parakeet Psittacula krameri in a urban park : demographic trend, interspecific relationships and feeding preferences ». Pages 23-28.content/uploads/2014/08/2.-Fraticelli.pdf.

Le Louarn, M., Couillens, B., Deschamps-Cottin, M. & Clergeau, P., (2016). Interference competition between an invasive parakeet and native bird species at feeding sites. https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10164-016-0474-8. 23/02/18. Journal of Ethology. N°3.

Strubbe, D. & Matthysen, E., (2009). « Predicting the potential distribution of invasive ring-necked parakeets Psittacula krameri in northern Belgium using an ecological niche modelling approach ». Biological Invasions. Volume 11. Pages 497-513.

Weiserbs, A (2008) « Elaboration de plans d’action pour des espèces problématiques dans la Région de Bruxelles-Capitale : les espèces exotiques invasives » Aves. http://www.aves.be/fileadmin/Regionales/Aves_Bruxelles/Documents/impact_ perruches_rapport_technique.pdf