La plupart des compétences liées à notre environnement sont maintenant régionalisées : la protection de la nature, la chasse, l’aménagement du territoire, le développement durable, etc. Avec un nouveau Gouvernement Wallon, on peut donc s’attendre à une nouvelle politique environnementale.
Les défis sont nombreux pour le sud du pays, de très nombreuses espèces sont en déclin, que ce soit d’oiseaux, de plantes ou de papillons. Même la plupart des écosystèmes d’intérêt européen (forêt de hêtres, prairies fleuries, …) sont eux aussi en mauvais état de conservation. Les dérives de la chasse sont nombreuses comme le nourrissage abusif du sanglier et les lâchers de centaines de milliers de faisans quelques semaines avant la chasse.
Les deux ministres liés à ces compétences sont toujours en place, avec René Collin comme Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité et Carlo Di Antonio comme Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et du Bien-être animal. Leurs décisions allaient régulièrement à l’encontre de la nature. En partenariat avec le Mouvement Réformateur, nous pouvons nous attendre à des décisions identiques voire pires. En effet, les dernières revendications des membres de ce parti inquiètent le monde de la protection de la nature ! En voici deux beaux exemples :
La clé des forêts aux chasseurs ?
Les populations de sangliers ont quadruplés depuis trente ans en Wallonie. En effet ces animaux sont nourris par les chasseurs induisant une augmentation artificielle de leur population. Face à cette situation, six députés MR (L. Brogniez, G. Mouyard, Y. Evrard, L. Louvigny, J. Baltus-Möres et P.-Y. Jeholet) ont proposé d’étendre la période de chasse de cette espèce en battue à toute l’année (au lieu de trois mois actuellement). Mais ils n’ont pas pensé à limiter ou interdire le nourrissage du sanglier !
Autoriser les battues toutes l’année, c’est :
• Donner les clés de la forêt (le plus souvent publique) aux chasseurs, en effet, ils pourront décider de fermer ou non la forêt en fonction de leur « loisir ». Impossible alors de s’y promener, d’y réaliser une activité avec un mouvement de jeunesse, d’y faire du vélo, etc.
• Perturber tous les animaux de la forêt… Toute l’année.
Le retour de la tenderie ?
Le 08 février 2017 deux députés wallons MR, aujourd’hui Ministres, Jean-Yves Jeholet et Jean-Luc Crucke ont déposé une proposition de résolution visant à ré-autoriser la tenderie.
Ce qu’ils voulaient autoriser, c’était de tendre des pièges en octobre et novembre pour attraper des oiseaux sauvages : Pinsons, Bouvreuils, Tarins, Chardonnerets, Alouettes et Grives. Il est à noter que la plupart de ces espèces sont en déclin. Ces oiseaux auraient pu être piégés pour assouvir la passion de certains à les faire chanter dans leur salon ou dans des concours soit pour être mangés… Pour nos deux protagonistes, la tenderie est, en effet, une tradition wallonne à perpétuer mais aussi une forme d’éducation à la nature ! Devant le tollé provoqué par cette proposition, ils ont heureusement retiré rapidement leur proposition.
Nos inquiétudes
Depuis juillet 2014, les propositions et parfois concrétisations des deux ministres cdH n’étaient pas des meilleurs : rétablissement du nourrissage aux sangliers toute l’année, augmentation de la période la chasse (autorisée dans l’obscurité, une heure avant le lever et une heure après le coucher du soleil), privatisation des forêts publiques, plantation de sapins de Noël en forêts, augmentation de la liste d’espèces chassables, destruction plus aisée des espèces protégées, etc.
Avec leur nouveau partenaire, ce genre de réformes néfastes à l’environnement et aux utilisateurs de notre patrimoine naturel risquent d’être de plus en plus nombreuses.
Notre espoir : la multifonctionnalité ?
La Nature est partout, en ville, dans nos jardins, campagnes et forêts. Elles nous offrent à chaque fois des services indispensables : épuration de l’air et de l’eau, sols riches pour l’agriculture mais aussi des lieux de promenade, d’épanouissement. Il est donc primordial de la prendre en compte dans chacune de nos démarches et pas seulement dans quelques réserves naturelles. La moitié de la Wallonie est couverte par les zones agricoles et un autre quart est couvert de forêt. Ces surfaces servent bien sûr respectivement à la production d’aliments et de bois mais elles ne peuvent avoir une vocation unique. Elles doivent être multifonctionnelles et l’épanouissement de la nature doit en être une fonction importante.
Le nouveau gouvernement semble y avoir pensé dans sa déclaration de politique générale :
La nature et la biodiversité contribuent à notre qualité de vie et offrent de nombreux « services collectifs » et des ressources qui doivent rester accessibles à chacun. C’est pourquoi, le Gouvernement wallon s’engage à ce que la nature soit partout pour tous…
Cela reste très flou et nous sommes curieux de voir ce qu’il sera annoncé dans les semaines à venir mais nous serons, comme toujours, attentifs à ce qu’il n’y ait pas de régressions législatives en matière d’environnement mais bien des changements positifs. Affaire à suivre !