Animaux en péril et la Ligue, une collaboration efficace

Je me souviens avoir entendu parler très tôt de la tenderie. Je n’étais encore qu’un gamin que ma maman m’initiait déjà très sérieusement au respect des animaux. Je l’accompagnais de temps à autre sur les marchés pour récolter, à l’aide de troncs, un peu d’argent pour notre refuge local.

C’est à cette époque que j’ai découvert ce que l’homme était capable d’infliger aux animaux pour son profit ou pour son plaisir. Parmi toutes les choses abjectes que je découvrais, horrifié, à la lecture des brochures de diverses associations de l’époque et soigneusement classées dans la bibliothèque du foyer familial, deux m’ont particulièrement marqué : la vivisection et la tenderie.

Je n’oublierai jamais ces premières photos d’oiseaux dont les ailes s’emberlificotaient dans les filets tendus par les piégeurs. J’en étais à ce point choqué que j’en avais fait le sujet d’une élocution devant mes condisciples à l’école primaire. À l’époque, je ne me doutais pas que je rencontrerais, bien des années plus tard, celui qui incarna cette lutte, à savoir Roger Arnhem.

Les années ont passé ainsi qu’une longue période « réfugié à l’abri » de toutes ces horreurs jusqu’à ce que je rejoigne, cette fois professionnellement, le monde de la protection animale.

Bien que mon destin m’ait dirigé vers la protection des animaux domestiques et plus particulièrement vers ceux qu’on qualifie de rente ou de ferme, j’ai toujours été en admiration pour le travail qui est fourni en faveur de la protection de la faune sauvage. Premièrement parce que c’est bien évidemment nécessaire, mais aussi par qu’il est beaucoup plus difficile de sensibiliser la population à ce combat qu’à celui de la lutte contre les abandons de nos chiens durant les vacances. L’action en faveur de la faune, et en particulier si elle ne concerne pas des animaux emblématiques comme le panda ou la panthère des neiges, est un combat difficile et il faut être courageux pour le mener.

Voilà pourquoi, lorsque j’ai pris les rênes d’Animaux en Péril en 1997, j’ai souhaité rencontrer Roger Arnhem. Je voulais avoir l’occasion de lui dire tout le bien que je pensais de lui, mais je souhaitais également l’informer qu’il pourrait toujours, au besoin, compter sur notre collaboration.

C’est ainsi qu’a démarré une collaboration entre la LRBPO et Animaux en Péril, certes occasionnelle, tant nos champs d’action sont souvent éloignés, mais très sincère et surtout efficace. S’il arrive en effet de temps à autre, et encore très récemment dans une ferme dite «pédagogique» à Bruxelles, de devoir prendre en charge sur le même lieu de saisie des animaux aussi divers que des moutons et des rapaces, il est clair que nos deux associations se retrouvent avec plaisir sur le terrain.

Si je ne devais retenir qu’une seule intervention en collaboration avec la Ligue, ce serait bien évidemment le rapatriement des oiseaux mazoutés lors de la marée noire en Bretagne. Ces rescapés, transportés en avion, arrivaient par centaines à l’aéroport de Charleroi pour être pris en charge par des dizaines de bénévoles «nettoyeurs » au siège d’Anderlecht. Avec Animaux en Péril, nous avons proposé notre logistique afin d’assurer le transport des oiseaux de Charleroi vers Bruxelles. C’était une opération très chargée émotionnellement parce que, malgré les efforts surhumains et cette immense chaîne de solidarité, beaucoup d’oiseaux n’ont pas survécu.

Ces jours-là, comme tous les autres jours depuis son existence, la Ligue de protection des oiseaux a essayé de sauver des animaux victimes de l’homme. Aujourd’hui, cette noble association fête son centième anniversaire. C’est un âge respectable qui suscite l’admiration. Après 100 ans de combat, elle mériterait de pouvoir se contenter de regarder dans le rétroviseur avec fierté. C’est un luxe qu’elle ne pourra malheureusement pas se permettre, parce que la lutte est loin d’être terminée… Bon anniversaire à toi, chère magnifique association.