Chaque année, des milliers d’oiseaux périssent en heurtant des surfaces vitrées, un problème aggravé par l’urbanisation et la multiplication ces dernières années des surfaces vitrées dans les constructions. Les espèces migratoires sont particulièrement touchées. Pourtant, des solutions pertinentes et efficaces existent pour limiter ces collisions sans nuire à l’esthétique des bâtiments. Intégrer ces mesures dès la conception est essentiel pour préserver la biodiversité.

Oiseaux et verre : éviter les collisions
Les oiseaux nos voisins, une autre perception de l’environnement

Ce sont des centaines de milliers d’oiseaux qui meurent, chaque année, après avoir heurté des surfaces vitrées. Le phénomène est encore largement sous-estimé, mais demeure pourtant la cause principale de mortalité de l’avifaune (1, 2). Les espèces migratrices et urbaines sont particulièrement touchées, en raison de la prolifération des bâtiments aux façades réfléchissantes et transparentes (3). L’urbanisation croissante façonne en effet de nouveaux paysages, dans lesquels les oiseaux doivent évoluer, créant des espaces où le risque de collision est amplifié. Les habitations de campagne ne sont cependant pas en reste : vérandas ou baies vitrées peuvent également provoquer de nombreux dégâts.
En Belgique, l’absence de statistiques précises complique l’estimation de l’ampleur du problème, mais les observations locales révèlent que les passereaux, les pigeons bisets féraux et certaines espèces migratrices (ou partiellement migratrices, telles que le Rouge-gorge familier, la Grive musicienne, l’Étourneau sansonnet ou la Bécasse des bois) sont les principales victimes (4). Il est donc essentiel d’intégrer des mesures préventives dans la conception et l’utilisation des bâtiments pour assurer une cohabitation harmonieuse entre infrastructures humaines et biodiversité.
La problématique du verre
Les collisions d’oiseaux avec les vitres sont influencées par plusieurs facteurs : la réflexion et la transparence du verre. Les reflets des vitres créent, en effet, l’illusion d’un environnement continu, surtout près des arbres et zones boisées, attirant les oiseaux qui cherchent à s’y poser (5). La transparence du verre aggrave le problème, les oiseaux ne percevant pas l’obstacle (3). Les grandes baies vitrées et les bâtiments élevés augmentent aussi les risques, tout comme l’éclairage nocturne, attirant les oiseaux migrateurs (3). Enfin, la météo, la saisonnalité et le comportement territorial accentuent ces collisions (6).
Protéger les oiseaux, aussi bien en milieu urbain que rural, nécessite une prise en compte systématique de ces enjeux dans la conception et la rénovation des bâtiments, ainsi qu’une sensibilisation du public.
Mesures ménageant les oiseaux

Afin de limiter les collisions, il est impératif en premier lieu de repenser l’usage du verre en architecture. L’usage de verre sérigraphié aux motifs contrastés, d’un verre feuilleté avec des intercalaires visibles, ou encore l’utilisation de verre coloré sont plusieurs solutions permettant de rendre les vitres plus visibles pour les oiseaux (7). De plus, les verres avec une réflexion inférieure à 15 % permettent de réduire l’effet miroir responsable en grande partie de ces collisions (8). Les verres disposant de revêtements anti-UV s’avèrent également efficaces étant donné que les oiseaux perçoivent les UV contrairement aux humains (9).
Cependant, d’autres solutions d’adaptation plus abordables existent, telles que la mise en place de motifs adhésifs sous forme, par exemple, de bandes verticales. Pour être efficaces, ces bandes font en moyenne 2 cm de large et se placent à 10 cm les unes des autres, de préférence à la surface extérieure de la vitre afin d’augmenter leur visibilité. D’autres motifs autocollants peuvent être employés pour rendre les vitres visibles aux oiseaux, telles les bien connues silhouettes de rapaces. Mais attention : ces films ou autocollants doivent être de couleur claire, placés à l’extérieur des vitres et avec des espacements de 5 cm entre chaque pour une meilleure efficacité. Si placer des autocollants n’est pas une option, la mise en place de structures annexes telles que des treillis métalliques ou encore des pare-soleils est également efficace pour réduire les collisions (12). Finalement, des solutions en amont telles que la prise en compte de l’aménagement des espaces verts à proximité, en évitant par exemple de planter des arbres ou arbustes proches des surfaces vitrées ce qui pourrait attirer les oiseaux et entraîner des collisions, mais aussi en aval, telles que la réduction des éclairages nocturnes à l’intérieur des bâtiments et maisons et l’usage de rideaux opaques se révèlent tout aussi efficaces (13). Ainsi, en intégrant une ou plusieurs de ces approches, il est possible de concilier esthétisme architectural et protection de l’avifaune.
Il ne s’agit pas de culpabiliser, mais plutôt de prendre conscience de l’impact de nos choix de construction et d’aménagement de nos jardins. En pensant de manière systémique et en intégrant dès aujourd’hui la question des collisions d’oiseaux dans la conception des bâtiments, il est possible de faire évoluer nos pratiques. Chacun, à son échelle, peut agir. C’est en combinant sensibilisation et volonté d’agir que nous pourrons construire un environnement plus sûr, aussi bien pour les humains que pour les oiseaux.
Attention aux idées reçues
Solutions inefficaces pour prévenir les collisions des oiseaux avec les vitres :
- Placer quelques autocollants éparses de prédateurs (chats, rapaces) sur une grande vitre s’avère peu efficace, d’une part car les oiseaux ne les reconnaissent pas forcément comme des dangers, et d’autre part car les autocollants ne seront pas suffisamment visibles. Pour fonctionner, les autocollants doivent être nombreux et clairs, le motif importe peu. (14)
- Laisser les vitres sales n’est pas une solution dont l’efficacité a été prouvée pour limiter les collisions des oiseaux avec les vitres. (15)
- Mettre des objets ou des plantes directement derrière la vitre ne fonctionne pas, les oiseaux voient davantage les reflets extérieurs à la vitre tels que les arbres. (16)
- Les vitres inclinées sont tout aussi dangereuses, elles reflètent tout autant la lumière entraînant de nombreuses collisions. (17)
Pour aller plus loin
Sur cette thématique, nous vous conseillons les ressources suivantes, développées par l’association suisse Vogelwarte :
Références
- Klem, Jr, Daniel. (1990). Collisions between birds and windows: Mortality and prevention. J. Field Ornith.. 61
- Paquet, A. (2021). *Monitoring des populations d’oiseaux en Région de Bruxelles-Capitale : Rapport 2020*. Département Études Natagora. Rapport pour Bruxelles Environnement. https://document.environnement.brussels/opac_css/elecfile/AVIBRU_Rapport_2020.pdf
- Klem, Jr, Daniel. (1989). Bird-window collisions. Wilson Bulletin. 101.
- LRBPO. (2019). *Les oiseaux en Belgique : Menaces et protections*. Bruxelles : Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux.
- Borden, W. & Lockhart, Owen & Jones, Andrew & Lyons, Mark. (2010). Seasonal, Taxonomic, and Local Habitat Components of Bird-window Collisions on an Urban University Campus in Cleveland, OH. Ohio Journal of Science. 110. 44-52.
- Lao, S., Anderson, A. W., Blair, R. B., Eckles, J. W., Turner, R. J., & Loss, S. R. (2023). Bird–building collisions increase with weather conditions that favor nocturnal migration and with inclement and changing weather. Ornithological Applications, 125(1), duac045. https://doi.org/10.1093/ornithapp/duac045
- WELLER, B. (2023). GLASBAU 2023—(Inkl. E-book als pdf). WILHELM ERNST & SOHN VERL.
- Schmid, H., Doppler, W., Heynen, D., & Rössler, M. (2012). Les oiseaux, le verre et la lumière dans la construction (2e éd. revue et enrichie). Station ornithologique suisse. https://vogelglas.vogelwarte.ch/assets/files/broschueren/Schmid_et_al_2012_Voegel_Glas%20und%20Licht%20franz.pdf
- Swaddle, J. P., Emerson, L. C., Thady, R. G., & Boycott, T. J. (2020). Ultraviolet-reflective film applied to windows reduces the likelihood of collisions for two species of songbird. PeerJ, 8, e9926. https://doi.org/10.7717/peerj.9926
- Klem Jr, D. (2009). Preventing bird–window collisions. The Wilson Journal of Ornithology, 121(2), 314‑321. https://doi.org/10.1676/08-118.1
- Comment éviter les collisions des oiseaux sur les vitres ? (s. d.). RTBF. Consulté 1 avril 2025, à l’adresse https://www.rtbf.be/article/comment-eviter-les-collisions-des-oiseaux-sur-les-vitres-11293809
- Glass collisions : Preventing bird window strikes. (s. d.). American Bird Conservancy. Consulté 1 avril 2025, à l’adresse https://abcbirds.org/glass-collisions/
- Lopes, A. C., Rocha, G. O. C., De Oliveira Passos, M. F., Barçante, L., & De Azevedo, C. S. (2024). The influence of building surroundings and glass cover in bird collisions. Birds, 5(4), 703‑711. https://doi.org/10.3390/birds5040048
- Klem, D. (1990). « Collisions between birds and windows: mortality and prevention. » Journal of Field Ornithology, 61(1), 120–128
- Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). (2024). Agissons contre les collisions d’oiseaux. Récupéré sur https://www.lpo.fr/decouvrir-la-nature/conseils-biodiversite/conseils-biodiversite/accueillir-la-faune-sauvage/agissons-contre-les-collisions-d-oiseaux
- American Bird Conservancy. (2023). « Solutions to Prevent Window Strikes. » Récupéré sur https://abcbirds.org/program/glass-collisions
- LIGUE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX, [sans date]. Fiches conseils Médiation Faune Sauvage – LPO (Ligue pour l… Ligue Pour la Protection des Oiseaux [en ligne]. Disponible à l’adresse : https://www.lpo.fr/la-lpo-en-actions/mobilisation-citoyenne/mediation-faune-sauvage/fiches-conseils-mediation-faune-sauvage
Cet article a été rédigé par un groupe d’étudiants de l’ULB dans le cadre du Master en sciences et gestion de l’environnement. Chaque année, la LRBPO collabore avec l’Université afin de contribuer à la formation des futurs professionnels de l’environnement, et de leur permettre de découvrir la dynamique associative.