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Revue 3/2025

L’Homme et l’Oiseau - Dossier chasse

© Benoit Huc

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VC heto 3.25

Sommaire

4 News
10 La Ligue répond à vos questions

14 Ornithologie
• Ailes contre verre : un phénomène à l’échelle mondiale
• Le Busard des roseaux
• Identifier les rapaces en vol

32 Actions de la Ligue
• La chasse à la Perdrix: prétendu sauvetage ou alibi pour un loisir mortifère ?
• Cette année encore, les chasseurs manquent leur cible pour le grand gibier
• À propos de la destruction irraisonnée du Renard roux Vulpes vulpes en Wallonie
• Regards croisés sur le Pôle Ruralité de la Wallonie
• La disparition des insectes dans les prairies
• Le Bien-être des animaux s’oppose aux lâchers

60 Réserves naturelles
Nos réserves naturelles à la loupe

62 Centre de soins pour la Faune Sauvage
• Journées Portes : Ouvertes du Centre de Soins 2025 une belle réussite collective !
• News

70 Historique
1996 1ère partie

74 Faune sauvage
La vie de Max Biographie animale d’un renard à Bruxelles (1/2)

80 International
Sous l’aile d’un Balbuzard, du Sahara à la Casamance

Cher/Chère Membre,
La fable du chasseur-roi : quand la nature sert de champ de tir.
On croyait les fables réservées aux enfants, ou tout au plus à la littérature. Et pourtant, l’actualité cynégétique en Wallonie nous en livre une bien réelle, bien vivante – et bien triste. Celle de la perdrix grise, du cerf, du renard… et du chasseur.

Ce numéro de L’Homme et l’Oiseau consacre un dossier éclairant – et accablant – à une réalité trop souvent occultée : celle d’une politique de chasse en pleine déroute morale, politique et écologique. Le constat est sans appel : les décisions actuelles en matière de gestion de la faune sauvage relèvent moins de la science que du fantasme. Et ce sont toujours les mêmes espèces qui paient le prix d’un aveuglement entretenu.

Commençons par la Perdrix. Espèce en chute libre, en danger avéré, victime des pratiques agricoles intensives (voir l’article que nous consacrons à la disparition des insectes dans les prairies) et de la destruction de ses habitats. Les chiffres sont là. Les causes sont identifiées. Mais que propose le monde cynégétique ? Une imposture : continuer de tirer sur l’espèce, tout en prétendant la « sauver ». Sauver, vraiment ? À coups de fusil ? La Ligue dénonce avec force cette logique absurde, où le droit de tuer semble primer sur tout, même sur le bon sens.

Passons au grand gibier. Là encore, les manipulations sont grossières. Les chasseurs s’érigent en gestionnaires avisés, en régulateurs indispensables, tout en amplifiant artificiellement les populations de cervidés par des pratiques indirectes de nourrissage et une absence volontaire de prédation naturelle. Puis, face aux « dégâts » provoqués, ils pointent le doigt… sur la faune elle-même. C’est un cercle vicieux, entretenu avec la bénédiction des autorités.

Et le Renard, enfin. Le grand mal-aimé. Toujours classé « nuisible » en Wallonie, pour des raisons qui relèvent davantage du mythe que de la biologie. Le Renard, pourtant, est un régulateur précieux, un prédateur naturel efficace, un acteur-clé de nos écosystèmes. Mais il incarne, aux yeux de certains, une menace à éradiquer. À croire que l’image du prédateur dérange autant que celle de la nature libre, non domestiquée. On le persécute donc, sans vergogne, souvent dans le silence, parfois dans la souffrance.

À cette mécanique bien rodée s’ajoute une pratique encore plus dérangeante : celle des lâchers de petit gibier. Des milliers d’oiseaux sont chaque année élevés en captivité pour être relâchés dans la nature juste avant leur exécution à la chasse. Faisans, perdrix : ces oiseaux ne sont pas des animaux sauvages, mais des produits industriels. Le bilan sanitaire et éthique est désastreux. Fragilisés, ces animaux sont livrés à la prédation, introduisent des pathogènes, et faussent les équilibres naturels. C’est une forme de chasse sans aucune valeur écologique, ni morale, ni même sportive. Et cela viole l’esprit, sinon la lettre, des lois sur le bien-être animal. L’État wallon lui-même admet aujourd’hui l’absence de justification valable à ces pratiques – mais sans y mettre fin.

Ce qui se joue derrière ces cas emblématiques, c’est bien plus qu’un désaccord sur la chasse. C’est une lutte culturelle, idéologique, entre deux visions du monde. D’un côté, celle, du passé, qui continue de considérer la nature comme un terrain de jeu, un tableau de chasse, un décor à exploiter. De l’autre, une vision fondée sur le respect du vivant, sur les données scientifiques, sur la nécessité impérieuse de repenser nos rapports à la biodiversité.

La Ligue, dans ce numéro, fait ce qu’elle a toujours fait : alerter, documenter, déconstruire. Mais aussi proposer. Car l’heure n’est pas seulement au constat. Il est temps que la politique de la faune soit reprise des mains d’une minorité bruyante, et remise entre celles de l’intérêt général. Il est temps que les renards cessent de mourir au nom d’intérêts électoraux. Que les perdrix cessent d’être les otages d’un double discours. Que les cerfs ne soient plus les victimes d’un système entretenu par ses propres contradictions. Car derrière le renard, la perdrix et le cerf, c’est bien notre rapport collectif au vivant qui est en jeu.

Heureusement, la nature est belle, les oiseaux qui – entre autres – la composent, nous émerveillent tous les jours dont ces fantastiques rapaces nocturnes que nous vous présentons en vol dans ce numéro.

Nous vous espérons en bonne santé. Prenez soin de vous. Merci pour votre soutien. Merci pour votre fidélité.
Jean-FrançoisBuslain, Directeur

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