À la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO), nous sommes pleinement conscients de l’urgence et de l’importance de défendre les intérêts des oiseaux et de leur environnement. Notre engagement envers cette cause se manifeste à travers un mémorandum politique de l’année 2024, qui énonce une série de mesures essentielles destinées à préserver la faune sauvage.
À quelques jours des élections du 9 juin, la LRBPO a interpellé les différents partis politiques afin de connaître leurs positions face à ces mesures essentielles destinées à préserver la faune sauvage. Découvrez un résumé de nos mesures, leurs raisons d’être et le positionnement de chaque parti politique, ci-dessous.
Nos 13 demandes pour la préservation de la faune sauvage
Contexte : Ces introductions entraînent des problèmes écologiques : perturbation des populations sauvages et des espèces proies ; par exemple, des populations de Vipères péliades ont déjà été fortement affectées par des lâchers massifs en Wallonie; entraîne l’introduction de maladies ou de parasites au sein des populations sauvages; le profil génétique régional des oiseaux sauvages risque de disparaître au fil des introductions, ce qui est un facteur d’érosion de la biodiversité.
Mais aussi éthiques. Comment est-il possible d’encore, de nos jours, de chasser des animaux d’élevage n’ayant pas peur de l’homme ?
Proposition de la LRBPO : Les lâchers de petits gibiers à des fins de tir de loisir doivent être interdits. Seuls les lâchers de repeuplement dans des habitats favorables devraient être autorisés, conformément à la réglementation en vigueur pour la chasse de la Perdrix grise, comme c’est le cas en Flandre et aux Pays-Bas.
Contexte : Cette pratique est justifiée par les chasseurs pour la protection de leur petit gibier élevé en cage et relâché pour être chassé. Mais ces destructions sont totalement inutiles car chaque renard mort est rapidement remplacé par un jeune en recherche de territoire. L’absurdité de cette situation est mise en évidence par le fait que ces destructions se renouvellent chaque année, elles sont donc inopérantes. Les recherches scientifiques soulignent que la pression excessive de la chasse sur les populations de renards accroît le risque sanitaire pour les populations humaines, notamment pour ce qui concerne l’échinococcose alvéolaire et la maladie de Lyme.
Proposition de la LRBPO : La chasse des prédateurs naturels comme le Renard doit être proscrite. Nous demandons l’interdiction de la chasse aux renards, notamment pendant la période de reproduction. Tuer une renarde durant cette période peut laisser mourir de faim ses renardeaux au terrier, ce qui va totalement à l’encontre du bien-être animal.
Contexte : Chaque année des dérogations à la loi sont délivrées par centaines pour la destruction de milliers d’oiseaux protégés par la Loi sur La Conservation de la Nature, sans qu’il y ait un contrôle sérieux de leur nécessité ou de leur pertinence.
Il ne faut pas négliger le rôle écologique joué par ces oiseaux dont certains voudraient réduire les effectifs. Dans les cultures, ils sont les prédateurs de nombreux ravageurs. Les corvidés sont également d’excellents nettoyeurs de la nature, et des bords des routes, en raison de leur régime opportuniste et partiellement nécrophage. Ils sont des agents de santé de nos écosystèmes.
Proposition de la LRBPO : Il est impératif de restreindre les dérogations excessives accordées pour la destruction des oiseaux, en exigeant que les critères d’octroi de ces dérogations soient fondés sur des données scientifiques solides et en réexaminant les pratiques de gestion de leur population. Toute destruction d’animal sauvage ne devrait s’envisager qu’avec la plus grande prudence, sur base d’arguments scientifiques rigoureux, au risque de perturber le précieux équilibre des écosystèmes auquel il participe.
Contexte : Quantité d’oiseaux meurent de saturnisme en absorbant des grenailles de plomb que les chasseurs répandent des milliers de tonnes par an via les cartouches, principalement dans les campagnes. Ces oiseaux empoisonnés intoxiquent à leur tour leurs prédateurs ou des espèces nécrophages, et potentiellement l’être humain qui consomme le gibier. En conséquence, c’est toute la chaîne alimentaire qui se trouve impactée.
Proposition de la LRBPO : Pour interdire l’usage de tout projectile de chasse contenant du plomb, pour tout gibier et sur l’ensemble du territoire wallon. Le plomb a été banni de la plupart de nos utilisations industrielles comme les peintures, les canalisations ou l’essence. Il est incompréhensible qu’on permette encore aux chasseurs d’en répandre des milliers de tonnes chaque année dans la nature où elles s’accumulent.
Contexte : Les démonstrations itinérantes de rapaces soulèvent des préoccupations concernant le bien-être animal, justifiant une action urgente pour mettre fin à ces pratiques. Une approche éducative plus bénéfique pourrait favoriser l’observation des oiseaux dans leur environnement naturel plutôt que leur exposition en captivité. Ces exhibitions sont assimilables à des activités de cirque dans lesquelles seuls les animaux domestiques sont autorisés depuis 2014.
Proposition de la LRBPO : Pour l’interdiction définitivement de démonstrations itinérantes de rapaces.
Contexte : La pratique illégale de la tenderie, qui consiste à capturer des oiseaux sauvages pour les détenir en captivité, est en forte progression en Belgique. Celle-ci alimente un trafic à grande échelle de concours de chants de pinsons des arbres, entre autres. Les lacunes organisationnelles et les moyens insuffisants de l’UAB (Unité Anti Braconnage) compromettent la répression de ces délits environnementaux, d’autant plus que l’UAB est en sous-effectif, souffre de lacunes de coordination, et envisage une réforme qui risque de diluer davantage son efficacité et son autorité.
Proposition de la LRBPO : Il est nécessaire de transférer la délivrance des bagues aux oiseaux captifs au DNF, réformer l’UAB pour renforcer son efficacité et son indépendance avec plus de ressources, et assurer sa transparence en partageant ses informations avec les associations environnementales pour évaluer l’évolution de la tenderie en Wallonie.
Contexte : À l’instar de la liste positive des mammifères et des reptiles, une liste positive des espèces d’oiseaux pouvant être détenues par des particuliers a été établie en 2019 par le Conseil Wallon du Bien-Être des Animaux. Celle-ci limite de manière importante la liste des espèces pouvant être détenues en captivité.
Proposition de la LRBPO : Pour interdire la détention d’oiseaux sauvages indigènes et encadrer plus strictement les pratiques de détention d’oiseaux domestiques.
Contexte : Les feux d’artifice ne sont pas sans conséquence sur la santé des animaux domestiques ou sauvages : pics de stress, dérangements, décollages massifs pour les oiseaux, pollution atmosphérique et retombées de substance chimique, jusqu’à des pics de mortalité (crise cardiaque, collision, etc.).
Proposition de la LRBPO : Pour une interdiction de vente et d’utilisation de feux d’artifice.
Contexte : Chaque jour, de mars à août, des jeunes orphelins dont le nid a été détruit arrivent dans les centres de revalidation pour la faune sauvage. Les travaux d’entretien pendant la période de reproduction ont des conséquences graves sur la faune sauvage. Ils nuisent aux couvées en détruisant les supports et en effrayant les parents.
Proposition de la LRBPO : Nous proposons l’interdiction de l’élagage et de l’abattage d’arbre ainsi que de la taille des haies du 1er mars au 15 août afin de réduire la pression sur la faune sauvage et la biodiversité.
Contexte : Les populations d’oiseaux communs spécialistes des milieux agricoles ont globalement diminué de 59,4% entre 1990 et 2021 en Wallonie, soit une perte de 2,7% par an¹ . Ce déclin n’est pourtant pas irréversible, car le milieu agricole pourrait être restauré de manière rapide (beaucoup plus que les forêts par exemple), si les actions adéquates étaient entreprises.
Proposition de la LRBPO : La LRBPO demande la prise de mesures concrètes et ambitieuses pour initier une transition massive du secteur agricole vers l’agriculture biologique. Dans le même temps, une re-création d’un réel maillage écologique en milieu agricole est indispensable.
Contexte : La tendance générale des oiseaux nichant sur et dans le bâti à Bruxelles est à la baisse, avec une diminution de 4,8 % par an entre 1992 et 2021, et des dangers similaires sont observés dans les grandes villes wallonnes, comme en témoigne le déclin annuel de 2,42 % du Martinet noir en Wallonie entre 1990 et 2020, nécessitant des actions urgentes de préservation de ces espèces.
Proposition de la LRBPO : Lors de la rénovation et de l’isolation thermique des bâtiments, des mesures spécifiques doivent être prises pour sauvegarder la faune occupant le bâtiment avant les travaux, en planifiant ceux-ci en dehors de la saison de reproduction, en privilégiant des méthodes alternatives si nécessaire, et en intégrant des solutions de nidification.
Contexte : Le Pôle Ruralité est divisé en cinq sections : Nature (10 membres), Chasse (18 membres), Pêche (20 membres), Forêt (14 membres) et Agriculture (20 membres). La section “Nature” est la moins bien représentée. Pourtant, le sondage réalisé en 2019 à l’initiative de la LRBPO par la société LISTEN était sans appel: les naturalistes amateurs sont quatre fois plus nombreux que les chasseurs. La composition du pôle ruralité n’est donc pas représentative des intérêts de la population. De plus, le fonctionnement actuel du Pôle Ruralité implique que seule la Section “Chasse” soit consultée pour les thématiques traitant d’espèces classées comme gibier. Ce fonctionnement est un non-sens, car toutes les espèces (qu’elles soient classées ou non comme gibier par l’être humain) font partie de la nature et sont parties prenantes de leurs écosystèmes.
Proposition de la LRBPO : Pour une représentation équilibrée des associations de la conservation de la nature en concordance à celle des autres sections du Pôle de la ruralité et pour que la section de Conservation de la Nature soit consultée pour toute question ou projet de réglementation concernant toutes les espèces, même celles classées gibier.
Contexte : Les Centres de Revalidation des Espèces Animales Vivant à l’État Sauvage (CREAVES) sont des structures d’utilité publique qui reposent majoritairement sur l’initiative et la bonne volonté de citoyens dévoués, et qui ne bénéficient que de très peu d’aide des autorités. Pour être en mesure d’assurer à la fois le bon fonctionnement de leur structure et le bien-être animal, les CREAVES ont besoin de pouvoir engager au moins une personne à temps plein, ce qui n’est souvent pas le cas à l’heure actuelle.
Proposition de la LRBPO : Pour garantir un soutien financier accru permettant au CREAVES d’exercer pleinement ses fonctions professionnelles, ainsi qu’une réglementation plus stricte des conditions d’agrément pour les nouveaux centres.
À notre époque, la conservation de la biodiversité et la préservation des habitats naturels sont des enjeux critiques qui nécessitent une attention particulière. Nous vivons dans un monde où les pressions exercées sur les écosystèmes sont plus importantes que jamais, en raison de facteurs tels que l’urbanisation croissante, l’exploitation des ressources naturelles ou encore le changement climatique.
Chaque citoyen pourra, que ce soit le 9 juin ou le 13 octobre, faire entendre sa voix à travers les urnes. Continuons à brandir nos idéaux pour une justice environnementale !
Notre association y travaille depuis 100 ans déjà et ne cessera de se battre pour protéger au mieux les oiseaux, la faune sauvage, et notre biodiversité !
Références :
1. Laudelout A., Derouaux A. & Paquet J.Y., 2022. État de l’avifaune des milieux agricoles 2021, Natagora – AVES, Rapport du Département Etudes, 2022, 22 pp.