C’est un grand honneur pour nous, et nous l’en remercions chaleureusement.
Voici ce qu’elle disait, le 23 septembre 2018, sur les ondes d’Europe 1, à l’occasion de la sortie de son roman «Les prénoms épicènes». Interviewée par Bernard Poirette, Amélie Nothomb explique sa passion pour les oiseaux dont elle défend l’intelligence et pour les films d’Alfred Hitchcock, et en particulier son film de 1963 «Les Oiseaux». Une vision tintée de surréalisme. Comme les surréalistes, elle aime voir les choses les plus extraordinaires dans ce qu’il y a de plus ordinaire.
« Je trouve que c’est un maître absolu du cinéma dans tous ses films mais particulièrement dans «Les Oiseaux». Il se trouve que j’ai aussi la passion absolue de l’ornithologie ».
« Une des choses qui m’énerve dans l’espèce humaine est l’indifférence profonde qu’elle nourrit à l’égard des oiseaux. On vit en présence de ce règne et on s’en fout. On ne les regarde pas et si on les regarde, on trouve qu’ils sont cons. Ce que j’aime dans ce film, c’est que non seulement Hitchcock n’est pas indifférent aux oiseaux mais qu’en plus il en a une panique profonde. Je comprends très bien ce point de vue ! »
« C’est une présence tellement singulière, on pourrait très bien vivre les oiseaux comme une menace et j’aime cette façon de voir les choses. On a tendance à voir dans les oiseaux le compagnon familier, celui que l’on ne regarde même pas, le piaf… De voir que cet animal tellement simple est une menace capitale, j’aime ça. Et puis j’adore la terreur de Tippi Hedren, de toute façon, les héroïnes hitchcockiennes sont les plus belles pour moi ».
« Ce que j’aime chez les oiseaux, c’est qu’ils n’ont rien à voir avec nous. C’est vrai que les oiseaux ne sont pas attachants mais ils sont là pour nous rappeler que nous on est nuls et qu’eux ont tout compris ».
Dans le magazine le Vif du 5 juillet 2016, interrogée par Marina Laurent, Amélie Nothomb parle de la perfection de l’Œuf :
« C’est l’une des choses incompréhensibles chez moi. J’ai toujours été obsédée par les œufs. Aucun aliment ne me rend aussi dingue que les œufs. C’est amusant car mon premier roman se déroulait entièrement dans un œuf. C’est un univers tellement parfait, un œuf ! Il n’y a pas d’objet plus désirable, c’est un mystère : je voudrais être un œuf ! »
« Quand on y pense, c’est aussi un acte très fort que de manger un œuf car vous arrêtez net la possibilité d’un oiseau. C’est intéressant qu’on en parle car j’aime tant les oiseaux que j’ai acquis certaines de leurs caractéristiques. Je ponds. Je couve. Je rêve souvent que je vole. Et quand je décide de manger, je mange comme un oiseau. Comme un ogre donc et c’est effrayant, croyez-moi. Si l’oiseau est mon animal totémique il joue surtout, dans toutes les cultures, le rôle d’intercesseur avec Dieu. En fait, je suis née mystique et ça me va très bien ».