Le Renard roux et l’Echinococcose alvéolaire

Sa présence diminue le risque pour l'homme de contracter cette maladie

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Dans un article précédent1 nous mettions en évidence l’utilité du Renard roux qui capture les rongeurs et qui régule les milieux naturels par son action de prédateur2. Cet animal diminue ainsi le risque pour l’homme de contracter la maladie de Lyme.

La même conclusion est valable pour une autre maladie : l’Echinococcose alvéolaire.

L’Echinococcus multilocularis est un cestode3 présent en Wallonie dont le cycle de vie traverse deux hôtes :

a) un carnivore ou omnivore dit « hôte définitif » : il héberge le ver adulte ;

b) un herbivore dit « hôte intermédiaire » : il abrite le stade larvaire qui est potentiellement pathogène.

Le ver adulte parasite l’intestin grêle des hôtes définitifs : des canidés (renards, chiens, loups) et, plus rarement, des félins (chats notamment, via le léchage). Le cestode adulte est hermaphrodite4. Ses œufs sont expulsés dans l’environnement via les excréments de l’animal infecté. Ils peuvent alors être ingérés par un hôte intermédiaire, un rongeur par exemple, qui consomme des végétaux souillés. Le stade larvaire se loge alors le plus souvent chez les micromammifères, comme le campagnol, qui vivent sur le sol dans les prairies ou les forêts. Après ingestion, les œufs éclosent et migrent vers un organe, comme le foie, où ils provoquent des kystes. Le cycle de vie du parasite est bouclé lorsque le carnivore infecté est mangé par son prédateur, comme le renard roux.

Mais l’homme aussi peut être un hôte « intermédiaire ». L’infection est alors due à l’ingestion d’œufs présents sur certains aliments, comme des baies sauvages ramassées au sol et contaminés par des excréments de renards, chiens ou chats ; ou présents sur les mains après contacts directs avec un des hôtes définitifs, par exemple en manipulant une dépouille de renard.

Heureusement les cas de contagion de l’homme sont rares car le risque d’ingestion d’œufs est minime et qu’il n’est pas un hôte naturel du parasite. 

La maladie chez l’homme se présente le plus souvent sous la forme de lésions hépatiques, après une longue période d’incubation sans symptômes. Cette maladie chronique grave doit être soignée par chirurgie et avec un traitement antiparasitaire de longue durée afin d’enlever les kystes et de freiner la progression des lésions.

Une des raisons avancées pour détruire systématiquement les renards par la chasse est de réduire le risque d’infection de l’homme puisque ce carnivore terrestre est susceptible de véhiculer, comme hôte définitif, le cestode à l’origine de l’échinococcose alvéolaire. Mais Il apparaît aujourd’hui que la « régulation » des renards augmente la présence du parasite et qu’il est plus efficace de traiter le problème par un vermifuge que de le tuer systématiquement. 

En effet, une étude récente5 menée en France et publiée récemment démontre, une nouvelle fois, l’inefficacité de l’acharnement que subit le renard. Son élimination est infructueuse car sa population se renouvelle sans cesse, ce qui a pour effet d’augmenter la présence du parasite responsable de l’échinococcose alvéolaire ! Elle préconise de vermifuger6 les renards à l’aide d’appâts dans les régions à risque afin de combattre le cestode Echinococcus multilocularis chez les canidés sauvages. 

Conclusions

Le Renard roux est un vecteur de maladies dont certaines sont transmissibles à l’homme. Mais c’est le cas aussi d’autres animaux, domestiques ou sauvages. L’acharnement à le détruire est sans doute lié au fait qu’il a été porteur de la rage au siècle passé. Mais après l’avoir gazé, sans résultat, il a été vacciné et la rage a disparu. 

Pourquoi alors encore poursuivre le goupil ? 

Pour protéger les poulaillers ? Il suffit de bien les clôturer ! 

Non, c’est son statut d’« autre gibier » (article 1 bis de la loi sur la chasse de 1882) qui permet aux chasseurs de le tuer toute l’année. Pourquoi ? Pour protéger le petit gibier élevé en cage et qui est ensuite lâché dans la nature pour le tir. 

Voilà qui est absurde : le renard est exterminé alors qu’il est utile à l’agriculture, à l’équilibre des écosystèmes et qu’il limite la propagation des maladies véhiculées par ses proies, les rongeurs. Au vu du nombre d’années que cela dure, cette destruction est d’ailleurs menée sans succès. Pourtant, il existe des alternatives, comme la vaccination l’a été pour la rage, afin de limiter les maladies à moindre frais et manière plus éthique et plus écologique ! 

Tout cet acharnement sur le renard afin de protéger le gibier artificiel (faisans, perdrix) des chasseurs. Ce gibier est élevé dans des cages, voire importé, pour le seul plaisir du tir, de la chasse de loisir et sans souci aucun de la souffrance animale. Alors que les recherches scientifiques montrent qu’une forte pression de la chasse sur les populations de renards augmente le risque sanitaire pour les populations humaines en termes d’échinococcose alvéolaire et de maladie de Lyme. Et pour remplacer le renard et traquer les campagnols, les agriculteurs ont alors recours à la lutte chimique, comme le bromadiolone, un puissant anticoagulant, qui a comme conséquence indirecte la mort des animaux qui nous débarrassent des charognes, comme certains oiseaux de proie protégés ! 

RÉFÉRENCES

1 L’Homme et l’Oiseau, 3ème trimestre 2017.
2 Le régime alimentaire du renard varie en fonction des ressources disponibles mais 4 proies sur cinq à peu près sont des rongeurs.
3 Parasite autrefois classé dans le groupe des ténias. Le ver adulte mesure de 1,2 à 4mm.
4 Il présente les organes génitaux des deux sexes.
5 « Echinococcus multilocularis management by fox culling : An inappropriate Paradigm ». Preventive Veterinary Medicine 147 (2017) 178-185.
Sébastien Comte (a), Gérald Umhang (b), Vincent Raton (a), Francis Raoul (c), Patrick Giraudoux (c, d), Benoit Combes (a), Franck Boué (b).
a) Entente de Lutte Interdépartementale contre les Zoonoses (ELIZ), Technopôle Agricole et Vétérinaire, Batiment G, 54220 Malzéville, France
b) ANSES, Nancy Laboratory for Rabies and Wildlife, National Reference Laboratory for Echinococcus spp., Wildlife Surveillance and Eco-epidemiology Unit, 54220 Malzéville, France
c) Laboratoire Chrono-Environnement, UMR 6249 CNRS, Université of Bourgogne Franche-Comté, 16 route de Gray, 25030 Besançon, France
d) Institut Universitaire de France, Paris, France
6 « The use of praziquantel-based anthelmintic