Dans les centres de revalidation pour la faune sauvage, il arrive régulièrement que des particuliers apportent des animaux en détresse comme des chevreuils, des pigeons ramiers, des renardeaux, des lapins, etc. Problème, il est interdit de transporter et de relâcher ces espèces une fois soignées car elles sont chassables !
Mais que dit la Loi ?
En Wallonie, la législation classe les espèces chassables en quatre catégories d’animaux de « gibiers ». Il y a le grand gibier (cerf, chevreuil, sanglier, etc.), le petit gibier (perdrix, faisan, etc.), le gibier d’eau (canard colvert, sarcelle d’hiver, etc.) et les autres gibiers (le lapin, le renard, le pigeon ramier, etc.).
Les espèces de « petit gibier » et de « gibier d’eau » voient leur population décliner, parfois de manière dramatique comme pour la Perdrix grise. Le Gouvernement autorise alors le lâcher de centaines de milliers d’individus de ces espèces chaque année pour que les chasseurs puissent avoir quelque chose à mettre dans leur viseur…
Par contre les espèces appartenant aux catégories « grand gibier » et « autres gibiers » se portent mieux. Il est interdit pour tous de les transporter et de les relâcher qu’on soit un particulier, un chasseur ou un responsable d’un centre de revalidation !
Deux exemples :
– Si vous trouvez un jeune chevreuil avec une patte cassée, vous ne pouvez pas le transporter vers un centre ou chez un vétérinaire. Vous pouvez soit le laisser sur place soit appeler un agent du Département de la Nature et des Forêts pour mettre fin à ses souffrances.
– Si un centre reçoit d’un particulier un Pigeon ramier ou un renard blessé. Ces animaux ne pourront légalement pas être relâchés. Le centre de revalidation « L’Arche » a d’ailleurs été condamné à plusieurs centaines d’euros d’amende en 2016 pour avoir relâché 4 renards.
Légaliser le transport de tous les animaux sauvages indigènes vers un centre de revalidation puis celui vers un endroit propice à l’animal (une fois qu’il est apte à retrouver son milieu naturel) et enfin sa remise en liberté est pour nous indispensable. Il n’est pas envisageable de les laisser périr sur place, ni de les garder ad vitam aeternam en cage ni de les euthanasier, cela va à l’encontre de nos principes !
Une dérogation pour les centres de revalidation !
Il est bien sûr très compliqué, voir impossible, pour les centres de revalidation de refuser un animal sous prétexte qu’il fait partie de la « mauvaise » catégorie de « gibier ». Comment expliquer cela à un particulier qui amène un jeune chevreuil ou un jeune lapin ? S’il est refusé par le centre, que va en faire ce particulier ?
Mais une solution existe ! En effet, la loi permet au Gouvernement d’accorder des dérogations pour le transport et le relâcher d’animaux entrant dans les catégories « grand gibier » et « autres gibiers ».
Dans ce cadre, la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO) et les centres de revalidation le Martinet, l’Arche et le CREAVES de Namur ASBL demandent au Ministre de la Nature, Monsieur René Collin, d’accorder une dérogation illimitée dans le temps aux établissements ayant reçu l’agrément de CREAVES (centres de revalidation), pour leur permettre le transport et la remise en liberté de toutes espèces animales sauvages et indigènes, même les espèces entrant dans les catégories « grand gibier » et « autres gibiers ».
Au besoin, ces réintroductions pourraient être réalisées en concertation avec le Département de la Nature et des Forêts (DNF).