De ce long cheminement commun, je n’oublie évidemment pas l’épisode douloureux de l’Erika en 1999. Alors que nous devions faire face à la plus grande catastrophe ornithologique d’Europe avec quelque 150 000 oiseaux touchés, notre bonne volonté n’y suffisait plus. Le fantastique élan de solidarité ne compensait pas les innombrables actions de terrain à assumer. Recueillir les oiseaux sur les plages, les transporter dans les centres de soins aménagés en hâte, offrir les premiers soins en espérant une résilience, cette chaîne d’interventions se montrait bien souvent impuissante devant l’ampleur de la tâche. La LRBPO a immédiatement proposé un soutien. Gilles Bentz et Anne-Laure Dugué, tous deux en charge de la gestion de crise pour la LPO, n’ont pas oublié les échanges constants avec la LPO belge qui enrichissait les données, les protocoles et autres interventions délicates. C’est ainsi qu’est née l’idée d’une coopération entre nos deux pays. Incapable d’accueillir tous les oiseaux qui nous parvenaient quotidiennement, il fallut imaginer un transfert. La LRBPO se montra immédiatement disponible. Le 29 décembre, plus de 1 200 guillemots de Troïl et autres pingouins tordas arrivaient par trois vagues successives sur l’aéroport de Charleroi, tandis que la LRBPO se chargeait de les répartir dans une dizaine de centres de soins belges. Depuis, nos deux organisations n’ont cessé d’échanger, notamment sur le partage d’expériences, pour se montrer le plus opérationnels possible dans le fonctionnement des centres de soins. Cette proximité a permis également de conduire des opérations comme la campagne menée ensemble pour réduire les chocs des oiseaux sur les fenêtres et autres baies vitrées.
Les archives, riches de nos actions communes, conservent aussi trace d’autres opérations comme celle portant sur l’avenir incertain des faucons pèlerins. La LPO Alsace n’a pas oublié l’époque où nos amis belges venaient surveiller les derniers couples dans les Vosges alors que l’espèce frisait l’extinction. En Lorraine, la coopération se poursuivait avec la sauvegarde des nichées de busards cendrés lors des moissons… En revisitant le passé, on constate que notre proximité est toujours restée intacte dans l’intérêt d’une nature sans cesse plus fragile.
Le lien qui s’est tissé au gré des événements est devenu incontournable. La biodiversité n’a pas de frontière. L’« effet papillon » s’impose chaque jour davantage. On ne pourra endiguer le déclin du vivant qu’avec une coopération conjuguant nos expériences et nos compétences. L’Europe, à ce titre, nous tire vers le haut. C’est elle qui permet de rappeler à l’ordre les nations qui bafouent le droit environnemental.
Alors que la LRBPO fête son centenaire, je tiens à dire au nom de la LPO combien notre sœur belge est exemplaire à bien des égards. L’occasion m’est également donnée de lui rappeler notre sincère reconnaissance pour son engagement sans faille. Et puis – et ce n’est pas la moindre de ses qualités – j’ai toujours apprécié son sens de la convivialité qui soude les indispensables relations humaines. Bravo à la LRBPO pour son dynamisme admirable et … Bon Anniversaire.