Jusqu’à aujourd’hui, il était encore possible pour des entreprises ou des institutions d’obtenir une dérogation pour pouvoir capturer et mettre à mort des pigeons lorsqu’elles considéraient que leurs fientes constituaient une nuisance. Cependant, depuis ce vendredi 4 février 2022 le parlement bruxellois a décidé d’interdire cette technique, en réalité cruelle et peu efficace. Souvent, personne ne vient rechercher les oiseaux capturés dans les pièges, qui meurent alors de soif. Si on vient les rechercher, ils sont la plupart du temps mis à mort par gazage. [1]
Lorsqu’un pigeon est capturé dans un lieu où l’accès à la nourriture et à des espaces de nidification lui est favorable, il a été démontré qu’il est vite remplacé. La capture et mise à mort des pigeons s’avère ainsi inefficace sur le long terme.
De plus, les fientes ne représentent en réalité que très rarement une véritable nuisance. Certes ces déjections peuvent être corrosives pour les bâtiments, cependant la plupart des bâtiments en Belgique sont en pierre bleue ou en pierre blanche. Or, ces matériaux sont beaucoup plus résistants aux fientes que le marbre par exemple, le dommage occasionné est ainsi tout au plus une simple salissure. Concernant le risque sanitaire, les maladies qui peuvent être transmises par les pigeons sont peu virulentes et ne peuvent être transmises à l’homme qu’en cas de contacts très fréquents avec l’animal. [2]
Le parlement propose ainsi 2 autres méthodes de régulation qu’il considère comme plus éthiques : le pigeonnier contraceptif et la distribution de grain contraceptif. La première consiste à venir stériliser les œufs d’une nichée dans un endroit réunissant des conditions attractives pour les pigeons (lieu de nidification, eau et nourriture à disposition) et ne gênant pas les citoyens. La seconde constitue une stérilisation chimique.
La méthode des pigeonniers contraceptifs suggérée par le parlement constitue une action à préconiser. Il est cependant nécessaire d’accompagner celle-ci d’un processus de réduction des ressources alimentaires, ce dernier étant un moyen très efficace et éthique pour réussir à contrôler les populations de pigeons en ville. Il faut donc mener un grand travail de sensibilisation de la population. En effet, les sources majoritaires de nourriture des pigeons en ville sont le nourrissage involontaire par des déchets et le nourrissage volontaire par des citoyens. Une autre nécessité est de coordonner en parallèle toutes les communes autour de ces actions pour éviter un simple transfert de la problématique dans une commune voisine. L’ensemble de ces mesures requiert ainsi des moyens importants en personnel et en argent. [2]
Les pigeons permettent en réalité aux citadins de se reconnecter au reste du monde animal (dont ils font partie !) et à la nature. Il ne faut donc pas lutter contre ces oiseaux mais plutôt tenter de modifier les conditions de leur environnement qui expliquent leur présence trop abondante. Par conséquent, il faut agir sur leur milieu de vie dans le but qu’ils ne puissent plus trouver les espaces (en entretenant les bâtiments ou encore avec une architecture pensée pour éviter des zones possibles de nidification) et les ressources alimentaires (en sensibilisant la population) qui leur sont nécessaires.
Références :
[1] RTBF. (2022). Le Parlement bruxellois interdit la capture et la mise à mort des pigeons. En ligne : https://www.rtbf.be/article/le-parlement-bruxellois-interdit-la-capture-et-la-mise-a-mort-des-pigeons-10928469
[2] LRBPO. (2020). Position de la Ligue concernant les pigeons des villes. En ligne : https://protectiondesoiseaux.be/2020/06/26/position-de-la-ligue-concernant-les-pigeons-des-villes/