Nous ne sommes qu’à la moitié de l’année mais les chiffres sont de nouveau édifiants : 1930 animaux sont passés par notre Centre de Soins pour la Faune Sauvage, contre 1493 l’année précédente à la même période et 1072 en 2019. Des chiffres qui donnent le tournis, d’autant que le personnel, les locaux, les moyens eux, n’augmentent pas.
La Faune sauvage indigène
A Bruxelles, toute faune indigène est protégée en vertu de l’Ordonnance relative à la Protection de la Nature. Nous nous devons de les accueillir et de faire du mieux que nous pouvons pour les soigner et ainsi participer à notre échelle à la préservation d’une faune urbaine encore trop malmenée. Ces six premiers mois, nous avons recueillis 1273 oiseaux, mammifères et reptiles d’espèces européennes (contre 1042 l’année précédente). Soit 18% en plus par rapport à l’année dernière, et trois fois plus en 5 ans !
Mais que ce passe-t-il chez notre faune sauvage ?
Les causes d’accueil sont diverses et variées, mais nous savons qu’une urbanisation constante, la destruction d’espaces verts protégés et le manque de sensibilisation de la population en sont les principales causes. Il faut agir !
Du côté de la faune aviaire, ce sont 1029 oiseaux qui ont été pris en charge par notre équipe, contre 833 l’année précédente. Des animaux venant des 19 communes bruxelloises (et pas que !).
SCHAERBEEK – C’est en janvier par exemple, que nous avons reçu cette corneille blessée à l’aile. A la palpation, nous sentons bien une fracture, mais la blessure nous titille. Il semble y avoir un trou d’entrée net… Un plomb ? Diagnostique confirmé par radiographie : la corneille a bien été victime d’un acte de braconnage. Non seulement il s’agit d’une espèce protégée en région bruxelloise, mais en plus la chasse y est strictement interdite ! Les informations sont alors transmises à Bruxelles Environnement pendant que nous nous affairons à sauver l’oiseau. Malheureusement, malgré la pause de broches chirurgicales par un vétérinaire spécialisé, la fracture ne s’est pas correctement remise et l’oiseau a dû être euthanasié. C’est un échec cette fois-ci, mais pas question de baisser les bras.
BRUXELLES – Pas de dérèglement climatique direz-vous ? Pourtant, la nature semble perdre ses repères. Nos premiers canetons de colvert sont arrivés au nombre de neuf début février ! Nous aurions voulu avoir un peu plus de temps pour préparer la haute saison de nidification… Cette cuvée 2021 a passé la fin de l’hiver au chaud, puis a été relâché au début du printemps.
LAEKEN – Nous recevons encore énormément d’animaux victimes de pièges à colle destinés aux petits mammifères. Au-delà de la cruauté du procédé, ce type de piège n’est pas sélectif et voue les animaux de petite taille, dont des espèces protégées, à une mort lente et douloureuse. Même si l’utilisation de ce type de piège est enfin officiellement interdite, le public est encore fort peu sensibilisé et l’on en trouve encore dans certains magasins… Ce sont des soins qui demandent énormément de temps, car nécessitent un nettoyage minutieux quotidien et limité pour éviter les montées de stress et donc les mortalités soudaines.
BEERSEL – « T’as de beaux yeux tu sais ». Oui, mais ce n’est pas une raison pour s’en approcher ! Comme chaque année, de nombreuses chouettes hulottes sont ramassées trop rapidement alors que leur situation n’était en rien problématique. En effet, les jeunes chouettes (excepté les chouettes effraies), quittent relativement tôt le nid pour explorer la vie extérieure. Les trouver au sol n’est donc pas anormal et il est conseillé de ne pas intervenir, ou de déplacer l’oiseau sur une branche s’il se trouve au bord d’une route ou d’un chemin régulièrement fréquenté par des chiens tenus sans laisse. Au nombre de 6, elles sont maintenant en volière avant relâché… Des volières malheureusement inadaptées, car certaines d’entre elles se sont abîmées le plumage. Pour cette raison, la LRBPO travaille depuis plus d’un an à la création d’un « hôpital faune sauvage » possédant des volières bien mieux adaptées à la réhabilitation du rapace…
ETTERBEEK – Un autre rapace bien présent en région bruxelloise, mais cette fois diurne : le Faucon pèlerin. Contrairement à ce qui a été dit plus haut, les jeunes ne terminent pas leur éducation au sol. Si ceux-ci s’y retrouvent, il faut donc intervenir. Par chance, nous sommes en contact direct avec un bagueur du Musée des Sciences Naturelles, qui s’occupe alors avec nos soigneuses du replacement au nid.
Du côté des mammifères, ce sont 242 individus reçus lors du premier semestre 2021, contre 203 en 2020.
BERCHEM-SAINTE-AGATHE – De petits mammifères comme ce levreau, espèce très fragile et qui nécessite un protocole très stricte. Des prises en charge qui auraient dû être évitées car, comme nous en avons déjà parlé, le levreau ne vit pas avec sa mère puisque celle-ci ne vient le nourrir que deux fois par jour. Le retrouver seul ou à deux est donc tout à fait courant et il ne faut en aucun cas intervenir ou le toucher, excepté en cas de blessure. Nous ne remplacerons jamais la nature, et nous savons très bien qu’un animal qui grandit en centre de soins n’aura jamais les mêmes chances de survie à long terme qu’en grandissant avec ses parents ! La prise en charge dans des structures comme la nôtre ne doit se faire qu’en ultime recours.
IXELLES – Autre soucis bien souvent rencontré, et qui ne semble hélas pas s’essouffler : la prédation du chat. Malheureusement, les victimes de nos félins, comme cette Pipistrelle, décèdent dans 85 % des cas… Le chat est un véritable prédateur qui, contrairement à ce que certaines personnes pensent, n’est absolument pas un prédateur naturel puisque non présent de manière naturelle chez nous. Adopter un animal domestique revient à prendre ses responsabilités et à minimiser son impact sur une nature déjà trop fragilisée.
FOREST – Pour finir sur le sujet des mammifères, clôturons cette partie par une touche de douceur : une des nombreuses jeunes fouines qui nous ont été déposées. Tout l’art dans cette situation consiste à faire grandir ce discret petit prédateur, sans pour autant l’habituer à l’homme. Pour cela, notre comportement, notre matériel, nos infrastructures sont contrôlées à la loupe… Pas question donc de donner des caresses, des mots doux, ou même simplement un prénom, car un animal imprégné est un animal qui ne survivra pas à l’extérieur.
GANSHOREN – Concernant les reptiles, ce sont 2 individus reçus seulement (et heureusement), comme cette toute jeune couleuvre à collier, espèce bien présente chez nous mais souvent confondue avec un animal échappé de captivité…
Chaque cas est unique, de par son histoire, son espèce, ses blessures. Mais tous, nécessitent une attention particulière de la part de nos soigneuses.
La faune exotique / domestique
Pour ce qui est de la faune exotique, ce sont 657 individus qui sont passés par chez nous contre 451 en 2020. Dans ce chiffre sont repris les pigeons des villes, au nombre de 440 (contre 303 l’année précédente).
Des animaux arrivés pour diverses raisons comme cette calopsitte qui a été récupérée en collaboration avec les services de police suite au décès de son propriétaire atteint du Covid19.
Ou bien, comme c’est souvent le cas, trouvés en rue comme cette belle furette, probablement échappée de son foyer.
Bref, beaucoup, beaucoup de travail pour notre trop petite équipe… Du travail qui ne cesse d’accroître d’année en année.
Les riverains sont de plus en plus sensibilisés à la faune sauvage, ce qui est une bonne chose, mais en échange, ils nous sollicitent de plus en plus ! Animaux blessés, demandes de conseils, demandes d’intervention, etc. Cela ne cesse jamais. Certains jours, nous pouvons atteindre les 50 accueils, les 45 appels téléphoniques, les 35 mails et les 25 messages sur les réseaux sociaux. Au-delà du soin aux animaux, nous faisons de la médiation quotidiennement. Un travail chronophage mais nécessaire.
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