A la belle saison il est courant d’observer dans le ciel ou sous une avancée de toit de petits passereaux noir et blanc très bavards qui construisent un nid. Ce sont les hirondelles de fenêtres. 

L’hirondelle de fenêtre est un petit passereau de la famille des hirundinidés qui vit environ 4 ans et mesure entre 13.5 à 15 cm. En ce qui concerne le poids, il varie entre 15 et 25 g. Elle est facilement reconnaissable à son grand croupion blanc identifiable en vol, ainsi qu’au blanc de la partie ventrale. La partie dorsale est noire avec des reflets bleutés. Ses pattes sont courtes et emplumées de blanc, la queue est courte, noire et fourchue pour lui permettre de se poser au sol. Les plumes de la queue sont un outil directionnel précieux pour les hirondelles, elles leur permettent de se diriger et d’effectuer des mouvements de vol précis, rapides et serrés. Sa vitesse de vol est en moyenne de 40 km/h ce qui lui permet de se nourrir aisément d’insectes aériens. 

 

Etat des populations

Les diverses populations d’hirondelles en Europe centrale et orientale sont en déclin depuis des dizaines d’années. Pour le cas des hirondelles de fenêtre qui sont les migrants africains les plus courants du paléarctique, on a estimé une baisse de près de 5% entre 1999 et 2014. On estime que le nombre d’adultes matures dans le monde se situait entre 10 millions et 500 millions en 2017 bien qu’il soit très difficile d’estimer la taille de la population de façon précise. 

 

Répartition et Migration

Cette espèce est très répandue en Europe, on la retrouve dans de très nombreux pays ce qui étend à plus de 20 000 km2 son aire de répartition. La reproduction s’effectue dans toute l’Europe, mais aussi dans le Nord de l’Afrique. Les hirondelles vont utiliser les mêmes chemins migratoires au printemps et à l’automne pour se déplacer entre l’aire d’hivernage dans les pays d’Afrique (République Centrafricaine, au Cameroun, ou en Zambie par exemple) et l’aire de reproduction. Ceci est appelé la connectivité migratoire. 

Chaque année les hirondelles vont venir se reproduire sur le lieu même où elles sont nées, elles choisissent dans la majeure partie des cas les mêmes quartiers et restent dans la même colonie. 

Le cycle de reproduction. 

C’est un oiseau insectivore et monogame, c’est-à-dire qu’il n’a qu’un seul partenaire pour la reproduction. La femelle pond entre 3 et 6 œufs de forme ovale et d’un blanc pur. Les petits seront nourris pendant 3 semaines avant de quitter le nid.

Les températures dans le lieu de migration, mais aussi les températures dans le lieu d’hivernage peuvent influencer la reproduction. Les hirondelles commencent à se reproduire et à pondre lorsque les bonnes conditions sont réunies en termes d’insectes, températures et précipitations. 

Lors de la reproduction, les deux membres du couple vont partager la tâche d’incubation et aussi de nourrissage des jeunes, ils s’investissent très fortement pour les petits.

En Belgique la ponte des hirondelles de fenêtre est observée en juin et une seconde à lieu fin juillet.

 

Comment l’hirondelle choisit-elle son site de nidification ? 

Les hirondelles de fenêtre sont des individus coloniaux que l’on retrouve souvent dans les villes. Elles s’établissent dans le centre des agglomérations, mais aussi à la périphérie dans les lotissements et sur les nouveaux bâtiments. Il est très courant de les retrouver le long des parcs ou des rivières et non loin d’espaces pouvant fournir suffisamment d’insectes. Le choix du support pour la construction, le dérangement du nid ou son orientation vont aussi jouer un rôle dans la reproduction. 

La sélection du nid à l’arrivée est une étape très importante, elle est fortement influencée par l’état initial du nid. Dans 3/4 des cas, on observe que la reproduction est réalisée dans des nids qui étaient naturels, intacts ou presque, puis dans environ 1/5 des cas on observe la construction de nouveaux nids. Lorsque les hirondelles décident de construire des nids naturels, cela leur demande une grande source d’énergie pour rassembler plus de 1000 granules de boue humide en seulement 2 à 3 semaines

 

Mortalité et difficultés rencontrées par les hirondelles. 

La population d’hirondelle est impactée par de nombreux facteurs. Ils peuvent être d’origine naturels ou être causés par l’homme. On peut par exemple citer les dangers liés à la migration tel que les tempêtes, le froid qui cause la baisse du nombre d’insectes sur le chemin, l’épuisement, la fatigue, et les prédateurs. Les pesticides et insecticides utilisés en agriculture sur le site de reproduction et d’hivernage font également baisser la source de nourriture de ces petits passereaux. Les hirondelles sont aussi sujettes aux prédateurs comme les chats, les écureuils roux et rapaces qui peuvent capturer les jeunes à la sortie du nid.

L’urbanisation rend la vie des hirondelles de plus en plus difficile, il est compliqué pour ces oiseaux de trouver des matériaux de construction tels que la boue pour construire leur nid et cela leur demande donc une dépense d’énergie qu’ils ne peuvent pas investir dans la reproduction. La destruction volontaire des nids par les particuliers ou les entreprises participe aussi fortement au déclin de l’espèce en ville bien que celui-ci soit interdit et puni par la loi. 

 

Comment aider les hirondelles ? 

Il est très important de chercher des solutions pour préserver les colonies d’hirondelles. Il est possible d’installer des nids artificiels sur des maisons de particuliers et même de créer un débordement pour fixer les nids si la maison n’en est pas équipée. Pour y attirer les hirondelles, il est possible de diffuser des bandes-son de chants qui les aideront à s’intéresser à la zone. La diffusion en continu de chants audibles à 75 mètres proposés par Natagora permettrait d’attirer des couples dans de nouveaux nids artificiels et favoriser la mise en place de nouvelles colonies. 

De plus, pour lutter contre le manque de matériaux, les villes peuvent installer des bacs de boue (cadre en bois avec une bâche imperméable) dans des endroits dégagés avec un ajout d’eau de temps en temps.
Il faut aussi maintenir les Projets de protection et de suivis comme ceux menés partout en Belgique francophone avec le GTH : Groupe de Travail Hirondelles d’Aves-Natagora ou l’UVCW (Union des Villes et des Communautés de Wallonie).

 

Une étude menée à Louvain-la-Neuve. 

Depuis quelques décennies on observe une certaine baisse du nombre de couples nicheurs dans les sites de reproduction. C’est par exemple le cas à Namur où on observe une chute de presque 20% en 10 ans mais aussi à Louvain-la-Neuve commune du Brabant-Wallon très appréciée des hirondelles de fenêtre. En 2020, une étude réalisée par l’étudiante Mathilde Bylicki dans le cadre de son mémoire de Master à l’UCLouvain et sa superviseur Mme Renate Wesselingh, a permis de mettre en avant certaines tendances de la population dans cette ville. 

 Nombre de nids occupés à Louvain-la-Neuve entre 2018 et 2020 pour les deux différents types de nids. 

D’après cette étude, le succès reproducteur des hirondelles de fenêtre à Louvain-la-Neuve tend à augmenter depuis ces 3 dernières années bien que le nombre de nids occupés et de nichées relevé en 2009 était beaucoup plus important. La baisse du nombre de couples nicheurs enregistrée dans la dernière décennie semble être due à de mauvaises conditions climatiques lors de la migration ou lors de la reproduction, mais est aussi corrélée à la baisse de la population en Europe. Depuis la mise en place des nids artificiels en 2018, le nombre de nids occupés augmente sensiblement et semble prendre le chemin observé d’une augmentation importante pour les futures années comme dans d’autres sites d’études à Bruxelles. 

Cette étude a surtout permis de démontrer la réelle nécessité de suivre et comprendre le processus de reproduction des hirondelles de fenêtre dans le but de pouvoir les assister, les protéger et palier à la baisse de la population.

 

Sources citées dans le texte : 

Lahlah N. & Chabi Y. & Bańbura M. & Banbura J. (2006). Breeding Biology of the House Martin Delichon urbica in Algeria. Acta Ornithologica. 41. 112-119. 10.3161/000164506780143906.

Górska E. (2001). Population Density and Breeding Ecology of the House Martin Delichon urbica in Pomerania (NW Poland). Acta Ornithologica. 36. 79-84. 10.3161/068.036.0103.

Piersma T. (2013). Timing, Nest Site Selection and Multiple Breeding in House Martins: Age-Related Variation and the Preference for Self-Built Mud Nests. Ardea. 101. 23-32. 10.5253/078.101.0103.