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Un blaireau à Bruxelles !

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En 2021, un blaireau a été filmé pour la première fois dans un quartier résidentiel d’une commune en périphérie de Bruxelles. C’est une très bonne nouvelle ! Cet animal a vu sa population se réduire comme peau de chagrin dans le courant des années 80 suite à une campagne de gazage de terriers de renards. Cette solution archaïque avait été choisie pour éradiquer la rage en Belgique. Au début des années 90, une campagne vaccinale antirabique a vu le jour et a heureusement permis de préserver les derniers blaireaux subsistant dans notre pays. 

Comment le blaireau a-t-il pu arriver jusqu'en ville ?

Historiquement présents dans le sud du pays, les blaireaux sont désormais présents et observés jusque dans le Brabant wallon. Le blaireau est plutôt inféodé au milieu forestier et campagnard. Comment cet animal a-t-il dès lors pu être observé dans notre capitale ?

Ce document vidéo exceptionnel qui nous a été fourni par Tanguy Dumortier, présentateur du Jardin Extraordinaire, laisse présager plusieurs hypothèses.

La première, serait que l’évolution croissante des populations de blaireau pousse cet animal à coloniser de nouveaux territoires vers le centre voire le nord du pays. Il serait possible que l’un d’eux se soit aventuré dans la ville à la recherche d’un nouveau territoire. Le blaireau partage régulièrement son terrier, appelé blaireautière, avec le renard et même le lapin de garenne. Les communes périphériques de Bruxelles présentent la plus grande densité de renards en ville, il n’est donc pas impossible que cet individu se soit accommodé d’un ancien terrier de renard. Le blaireau a été croisé à plusieurs reprises aux abords de villages et de villes en Wallonie. Ce qui rendrait cette hypothèse envisageable.

La deuxième hypothèse, plus probable, c’est qu’il pourrait tout simplement s’agir d’un individu isolé à la recherche de nourriture et perdu dans le dédale des ruelles de ce quartier résidentiel. Le document vidéo date de janvier 2021, période à laquelle les nuits sont longues. Étant nocturne, il est possible que ce blaireau soit sorti de son terrier à la tombée de la nuit, soit vers 17h et ait parcouru une distance relativement longue pour atteindre la ville au milieu de la nuit (1h39, heure d’observation) et retrouver son territoire en milieu boisé au petit matin.

Lors de la diffusion de cette vidéo via la page Facebook de la Ligue, nous avons reçu une multitude de témoignages indiquant la présence du blaireau à Bruxelles (allant de 2018 à 2021). Il semblerait cependant que la majorité de ceux-ci concernent l’observation de fouines et non de blaireaux. Les recherches se poursuivent mais il est difficile d’attester de l’établissement du blaireau à Bruxelles sur la seule base du document vidéo dont il est question dans cet article.

Cohabiter avec le blaireau

Si cet imposant mustélidé venait à s’installer à Bruxelles, il nous semble important de préciser plusieurs éléments. La cohabitation entre l’être humain et les animaux sauvages ne s’établit pas toujours de manière harmonieuse. Les comportements de certains animaux peuvent parfois engendrer des désagréments pour certains êtres humains. Afin d’anticiper et d’améliorer la vie des animaux comme des être humains au quotidien, il est nécessaire de comprendre ces comportements, et d’anticiper les désagréments potentiels qui peuvent en découler. Tout d’abord, le blaireau n’est pas dangereux, ni pour l’être humain (enfant comme adulte), ni pour les animaux domestiques (chiens, chats). Par contre, il est susceptible de s’attaquer à un poulailler, bien que cela soit rare. Comme pour le renard ou la fouine, la solution la plus pertinente est de sécuriser au mieux son poulailler afin d’éviter tout problème. Le principal désagrément lié à la présence du blaireau serait l’apparition de trous dans un jardin, qu’il creuse lors qu’il est à la recherche d’invertébrés pour se nourrir. Les dégâts occasionnés pourraient être comparés à ceux du renard qui lui aussi va chercher de la nourriture dans le sol ou creuser pour cacher des aliments. Nous sommes donc loin de dégâts effectués par des sangliers par exemple. Enfin, la dernière nuisance possible est la création d’une blaireautière dans un jardin. Encore une fois, c’est très peu probable mais pas impossible si le blaireau venait à s’installer à Bruxelles. Étant une espèce protégée en Belgique, le propriétaire devrait s’accommoder de la présence d’une famille de blaireau sur son terrain. En effet, grâce au statut de protection dont bénéficie l’espèce, la destruction ou le déplacement du terrier est interdite, et ne peut se faire qu’exceptionnellement, sur base d’une dérogation obtenue auprès des autorités compétentes, moyennant justification.

Si le blaireau venait à s’installer durablement à Bruxelles, il s’agirait donc d’une très bonne nouvelle puisque la cohabitation serait totalement possible et que cette espèce viendrait gonfler les rangs de la biodiversité en milieu urbain !