Fin du mois de mars dernier, la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux recevait des appels de riverains fort inquiets. Un Héron , mascotte depuis plus de 10 ans des jardins de Jette, une des 19 communes de la Région bruxelloise, semble avoir une aiguille plantée dans la patte. Le jour même, la responsable du Centre de Soins pour la Faune Sauvage de Bruxelles se rendait sur place afin d’évaluer l’état de l’animal et tenter une première approche.
En effet, l’échassier présente une aiguille assez conséquente plantée en-dessous du talon droit et celui-ci semble avoir des difficultés à poser sa patte au sol. Une capture est donc mise en place afin de mettre l’oiseau en sécurité et le faire opérer. Hélas, malgré les connaissances de terrain de notre équipe et l’équipement dont elle dispose, l’animal est en pleine forme et capable de voler. Le comportement naturellement méfiant de cette espèce n’aide pas, et l’échassier reste beaucoup plus rapide que l’homme. Ainsi, à la moindre tentative, celui-ci prend son envol pour planer d’un vol magnifique au-dessus de l’étang et se reposer de l’autre côté. Inutile de courir, il ne sera pas possible de l’avoir dans ces conditions. Une deuxième tentative est programmée dans la semaine, qui sera elle aussi infructueuse.
Mais force est de constater qu’il s’agit là d’un acte malveillant, la fléchette ressemblant étrangement à une fléchette de sarbacane. La Ligue en informe donc les autorités afin qu’un dossier soit ouvert.
Entre temps, la Ligue continue de recevoir de plus en plus d’appels de riverains… Les pompiers sont alors sollicités, mais choux blanc de leur côté également.
Il faut dire que les possibilités d’interventions ne sont pas nombreuses : fléchettes anesthésiantes ou nourriture calmantes sont trop risquées pour l’animal, lances-filets ne sont pas envisageables dans cet environnement (trop d’obstacles), etc.
L’équipe de la Ligue contacte différents professionnels, et l’avis reste unanime : tant que l’animal a ses pleines capacités, il ne sera pas capturable. Le bagueur du Musée Royal des Sciences Naturelles, habitué à ce genre d’interventions, est alors sollicité. Choux blanc également, l’animal est trop méfiant et toujours rapide.
Hélas, la conclusion est claire : il n’y a rien d’autre à faire qu’à attendre et observer. Si une infection se déclare, l’état de santé général de l’oiseau se dégradera mais au moins il sera capturable.
L’un des bénévoles du Centre de Soins pour la Faune Sauvage, par chance, est un des riverains de ces étangs. Cela permet alors d’avoir une surveillance quotidienne et un regard professionnel sur ce cas atypique. Un filet lui est confié afin de réagir au plus vite si cela est possible. Plusieurs nouvelles tentatives de captures se succèdent, mais aucune n’est fructueuse.
En parallèle, d’autres riverains s’organisent pour tenter de capturer l’animal, toujours sans succès.
… un héron cendré en bonne santé !
Cela fait maintenant plus de 8 semaines que le cas nous a été signalé, et le héron se porte comme un charme. Toujours aussi vaillant, toujours aussi rapide, il est parfaitement capable de pêcher et a même défendu son territoire avec brio lorsque deux autres hérons ont tenté de le lui voler.
Concernant son état de santé, aucune infection à l’horizon, aucune nécrose. Le corps semble s’être protégé de cet objet étranger. D’après les vétérinaires spécialisés, le muscle s’est ankylosé autour de la fléchette expliquant le gonflement autour de l’aiguille. D’ailleurs, la blessure ne le fait plus souffrir puisqu’il a un appétit d’ogre (un animal sauvage en souffrance se nourrit mal ou plus). Finalement, la nature a réussi à se débrouiller par elle-même !
Après plusieurs discussions entre professionnels, la conclusion de la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux est simple : laissons ce héron tranquille !
En effet, l’acte de capture d’un animal sauvage n’est pas sans risque, tant au niveau cardiaque qu’avec les différents problèmes externes qui peuvent subvenir. De plus, si la capture est faite, à l’instar des soins humains, les anesthésies et opérations chirurgicales ne sont pas sans risques également, et l’oiseau pourrait très bien faire un arrêt cardiaque ou respiratoire. Vu son état général plus que parfait, le risque est trop grand et il est décidé de ne pas insister.
L’équipe du Centre de Soins pour la Faune Sauvage de Bruxelles continue néanmoins de suivre son état quotidiennement, au cas où un changement surviendrait.
Mais dans l’immédiat, il n’y a plus aucune crainte quant à sa survie à long terme et il est préférable de le laisser vivre sa belle vie de héron et de l’observer de loin !
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