communiqué de presse collectif – Natagora & LRBPO
Natagora, avec le soutien de la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux, dépose plainte contre X auprès de l’Unité Anti-Braconnage de la Région wallonne. La destruction volontaire d’espèces rares et strictement protégées par la loi compromet tous les efforts mis en œuvre pour les préserver.
Vendredi 24 août, un ornithologue de l’association Natagora constate la destruction volontaire de rapaces sur la plaine de Givry, au sud de Mons : six busards des roseaux, cinq buses variables et deux faucons crécerelles ont vraisemblablement été tirés. Alertée, l’Unité Anti-Braconnage de la Région wallonne se rend sur place pour prélever les cadavres à des fins d’autopsie, dresser un procès-verbal et tenter de retrouver l’auteur des faits. En effet, les rapaces sont strictement protégés par la loi : il est interdit de les mettre à mort, quelle que soit la méthode employée (tir, poison, piège, etc.). Pour ne pas laisser ce carnage sans suite, Natagora dépose donc plainte contre X auprès de l’UAB. L’auteur des faits encourt une amende de 800 à 800 000 euros.
En cas de poursuites judiciaires, La Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux et Natagora veulent obtenir des mesures de réparation pour le futur. En effet, une telle destruction met à mal les populations de ces espèces dans les plaines agricoles. Cette année en Wallonie, seules trois nichées de busards des roseaux ont pris leur envol en plaine et quatre ou cinq en roselières.
Jean-Yves Paquet, Directeur du Département Études de Natagora : « Nous menons de nombreuses actions de protection de ces espèces, particulièrement, pour le busard des roseaux, nicheur rare en Wallonie. Il fait l’objet de mesures de conservation spéciales concernant son habitat, notamment les marais du Hainaut occidental. Avec les deux autres espèces de busards de Wallonie, un plan d’action est mis en œuvre dans le cadre du Belgian Nature Integrated Project, cofinancé par l’Europe et la Wallonie. Dans ce cadre, les nichées de busards s’établissant parfois dans les champs de céréales font l’objet d’une protection active afin d’éviter la destruction involontaire lors de la moisson. Ces actions sont l’occasion d’une bonne collaboration avec les agriculteurs. Il est donc particulièrement regrettable de voir détruire ces jeunes oiseaux après autant d’efforts pour les sauver ! »
De plus, cette destruction de rapaces est probablement motivée par des enjeux cynégétiques qui prêtent à ces oiseaux un rôle non avéré dans la diminution du petit gibier des plaines. Or, la diminution des populations des perdrix, faisans et lièvres est principalement due à l’industrialisation de l’agriculture (pesticides, disparition des haies, des bosquets, mécanisation, etc.). Outre qu’elle est totalement illégale, la destruction des rapaces n’est donc pas une solution, pas plus que les lâchers de gibier d’élevage. Lâcher massivement dans la nature des animaux d’élevage provoque d’ailleurs des impacts néfastes sur la faune sauvage : maladie, réduction de l’habitat, compétition pour les ressources naturelles, pollution génétique, etc.
Puisque la chasse existe, elle doit incarner une pratique respectueuse de la loi. Par ailleurs, seules des exigences de sauvegarde de la nature doivent motiver les actions entreprises dans le cadre d’une gestion cynégétique afin de protéger l’équilibre des milieux et des espèces les plus fragiles et les plus menacées.