Implantation en Europe
La bernache du Canada (Branta canadensis) est l’espèce d’oie la plus répandue dans le monde. Son aire de distribution d’origine est l’Amérique du Nord. En Europe, la bernache du Canada a été acclimatée en partie de manière ciblée. Originaire d’Amérique du Nord, la bernache du Canada a été introduite à des fins ornementales et cynégétiques dès le début du XVIIe siècle en Angleterre, puis au XXe siècle dans une dizaine d’autres pays d’Europe : Irlande, Norvège (1930), Suède (1940), Finlande (1960), Allemagne, Pays- Bas, Belgique, Luxembourg, Suisse, France (1960) …(Banks et al., 2008). Espèce longévive et possédant un fort potentiel de reproduction, elle fait également preuve d’une grande capacité d’adaptation. C’est ainsi qu’à partir de quelques individus, des populations férales ont pu s’installer. Son comportement grégaire peut avoir des impacts importants là où elle s’installe, à la fois sur les activités humaines et sur les écosystèmes fréquentés.
En Belgique
En Belgique, la Bernache du Canada a été introduite au 17ème siècle en Europe où elle s’est naturalisée. En Flandre, la population sédentaire en croissance est actuellement de l’ordre de 10.000 individus (Stijn et al., 2007). Son expansion provoque des dégâts dans les réserves naturelles, les zones de loisir et, dans une moindre mesure, dans les cultures (Stijn et al., 2007). Les effectifs importants dénombrés en Wallonie s’accompagnent de nuisances : occupation des espaces verts, pollution des eaux de baignade, dégradation des milieux naturels ou semi-naturels, éviction des espèces indigènes, dommages agricoles. Le territoire de la Haute-Meuse est singulièrement touché. La période de mue, près de 2.000 bernache de canada se concentrent sur un nombre réduit de sites le long de la Meuse, ce qui engendre une trop forte pression locale. En Wallonie comme dans les régions limitrophes, entre 7.000 et 11.000 sont recensés. Cette progression est due à la fécondité importante, à la grande longévité et à la capacité de dispersion de l’espèce.
Analyse des impacts des populations férales en Europe
Impacts sur l’environnement
À forte densité, les déjections des bernaches participent à la pollution et à l’eutrophisation de l’eau. Sur les sols, ces déjections sont une source de contamination et le piétinement des oies accentue l’érosion des berges. De plus, les bernaches du Canada piétinent et se nourrissent sur les roselières, occasionnant ainsi des problèmes pour ces milieux rares et fragiles. Les troupeaux de bernache du Canada qui fréquentent des zones urbanisées souillent ces endroits à végétation rase qu’elles affectionnent, l’acidité des fientes brûle les gazons de golfs, pelouses, espaces verts, et bases de loisirs (Foulque et al., 2011). Les déjections des bernaches du canada participent à la pollution et à l’eutrophisation (Dubois, 2007 ; Foulque et al., 2011). D’un point de vue écologique, l’eutrophisation est considérée comme cause d’une diminution drastique de la biodiversité. Sur les sols, ces déjections sont une source de contamination, et le piétinement des sols accentue l’érosion des berges. De plus, les bernaches du Canada se nourrissent sur les roselières (Dubois, 2007), occasionnant ainsi des problèmes pour ces milieux rares et fragiles (Owen et al., 2003). Cette destruction d’habitats rivulaires impacte indirectement l’implantation de la faune sauvage autochtone.
Impacts sur les espèces indigènes
Des cas de compétition directe existent avec les espèces autochtones d’oiseaux telles que l’oie cendrée (Anser anser) (Godin, 2005) : piétinements de nids, de même son comportement très territorial et agressif peut empêcher l’installation d’autres oiseaux autour de son nid, la bernache n’hésitant pas à les attaquer (Caloin, 2005 ; Dubois, 2007 ; Rehfrish et al., 2006). En Grande-Bretagne, plusieurs cas de piétinements de nids de Petit Gravelot (Charadrius dubius) par la Bernache du Canada ont été signalés. L’espèce niche et hiverne avec d’autres espèces apparentées telles que l’oie cendrée ; une étude suédoise a démontré un niveau élevé d’agressivité territoriale en période de
reproduction entre les deux espèces (Fabricius et al., 1974), de même qu’avec le Cygne tuberculé (Blair et al., 2000). Des cas de mortalité à la fois sur la Gallinule poule-d’eau (Gallinula chloropus) ou la Foulque macroule (Fulica atra) sur les individus jeunes et adultes ont été observés (UICN, 2009 ; Dubois, 2007). Par ailleurs, elle peut transmettre aux oiseaux la maladie de Newcastle (ou pseudo peste aviaire) ou encore la grippe aviaire (Clark, 2003 ; Bonner et al., 2004). En Belgique, des cas d’hybridations avec l’oie cendrée (domestique et sauvage) sont régulièrement mentionnées, empêchant ainsi le bon développement de l’oie indigène (Rehfrish et al., 2006). On note également des cas d’hybridation avec le canard colvert, la bernache nonnette, et l’oie rieuse (Foulque et al., 2011). Cette pollution génétique pourrait avoir un risque non négligeable sur la conservation et le maintien des souches sauvages d’espèces à forte valeur patrimoniale.
Protection des espèces
La bernache peut se présenter comme une espèce « parapluie », c’est à dire une espèce dont la présence est bénéfique à des oiseaux de taille inférieure. En effet, elle pourrait par son agressivité et ses jacassements, particulièrement, lorsqu’elle à des jeunes faire dissuader un éventuel prédateur, protégeant de ce coup les espèces vivant aux alentours (Dubois, 2007 ; UICN, 2009 ; Kirby et al., 1998). La présence des bernaches du canada présente un aspect bénéfique pour différentes espèces comme le canard colvert (anas platyrhynchos), le canard pilet
(anas acuta), ou encore le canard chipeau (anas strepera). En effet, les bernaches en se nourrissant dégagent des plantes jusque-là submergées, ces dernières sont alors accessibles aux canards comme source de nourriture (Owen et al., 2003 ; UICN, 2009).
Plan de lutte
En Belgique, la bernache du Canada a connu une explosion démographique et géographique, à tel point qu’elle est devenue aujourd’hui, avec le canard colvert, un des anatidés (canards, oies et cygnes) nicheurs les plus communs du pays. Elle y a été classée en liste noire, c’est-à-dire parmi les espèces ayant un risque. Un plan de régulation des populations de bernache du Canada a été élaboré par le service public de Wallonie en collaboration avec le contrat de Rivière Haute-Meuse dans le but de ramener les effectifs de cette population en dessous du seuil critique de nuisances provoqués par les hautes densités de nuisances.
En définitive, les impacts négatifs de la bernache du Canada se font ressentir sur les écosystèmes, agricoles. Bien que des études démontrent leurs intérêts, il reste que ces espèces présentent un grave danger pour les espèces indigènes et la biodiversité en général. Compte tenu de sa
dynamique et de sa facilité d’adaptation, des mesures gouvernementales sont nécessaires pour tenter de contrôler ces espèces. En outre, en plan limitant le nourrissage devrait être mis en place.