Malgré leur chant pas vraiment mélodieux, les corneilles font partie des oiseaux chanteurs. Elles sont très largement répandues et vivent chez nous toute l’année durant. On les classe en deux sous-espèces distinctes : la corneille noire et la corneille mantelée. Cette dernière de couleur gris-noir, vit surtout au nord de notre pays. 

Un agent de santé à la grande capacité d’adaptation

Les corneilles sont des oiseaux qui parviennent très bien à s’adapter à des conditions multiples et qui, de surcroît, sont capables d’apprentissage. Ces capacités les aident à résider même à proximité immédiate des êtres humains. La majorité des corneilles vit dans les zones agricoles ouvertes et préfère les régions où l’agriculture est pratiquée de manière intensive. Depuis le début du 20e siècle, les corneilles s’aventurent aussi de plus en plus souvent dans les villes. Elles ont rapidement compris que la nourriture y était suffisante et qu’elles pouvaient y trouver des possibilités de nidification appropriées. La nourriture des corneilles est très diversifiée car elles sont omnivores : la nourriture animale comme les vers de terre, insectes, escargots, souris, reptiles, amphibiens, petits oiseaux et œufs est avalée vivante ou sous forme de charogne. Comme charognard justement, la corneille joue un rôle d’équarrisseur clé dans le cycle alimentaire naturel. Dans l’agriculture, elle accomplit même une tâche prépondérante en qualité d’agent de santé : des animaux sont régulièrement tués au moment où les champs sont fauchés ou lors des travaux du sol. Il peut s’agir de lièvres, d’oiseaux nichant directement au sol et surtout de souris.

Les corneilles repèrent très vite ces cadavres et les mangent. Elles empêchent de cette manière la contamination de l’herbe coupée et préviennent donc la souillure des aliments destinés aux bétails. A côté de la nourriture animale, la corneille ingère aussi des aliments végétaux, en abondance, comme des noix, toutes sortes de céréales, des graines et des fruits. Ce sont nos vautours à nous. Elles netoient nos routes et autoroutes des milliers de victimes du trafic routier (oiseaux, mammifères, insectes, batraciens etc…)

Des oiseaux rusés qui savent tout faire

Les corneilles font preuve des capacités les plus étonnantes dès lors qu’il s’agit d’accéder à la nourriture. Elles savent, par exemple, cueillir des fruits sur les arbres, happer des insectes en vol ou, vu leurs grandes performances de vol, parviennent aussi à faire lâcher leur butin à d’autres oiseaux en les harcelant. Maints busards, milans et mouettes doivent finalement abandonner leurs proies aux tenaces corneilles. Elles ont aussi appris des tours d’adresse à part pour ouvrir les noix. En effet, elles les laissent tomber de plusieurs mètres de haut sur le sol, opération qui fait éclater les dures coquilles, ou encore les déposent sur un passage pour piétons quand les voitures sont à l’arrêt et attendent les changements de feux et que les voitures écrasent les noix. Nos rusés volatiles n’ont plus alors qu’à tendre le bec pour accéder à leur alléchant contenu.

Couples territoriaux et grandes troupes de célibataires

Les corneilles construisent leurs nids sur les arbres et dans les haies, rarement sur les bâtiments, les pylônes ou dans les parois rocheuses. Les corneilles noires ne couvent pas en colonies, comme le fait leur parent le corbeau freux, mais sont territoriales. Un couple de corneilles noires ne supporte pas de congénères dans son territoire et chasse aussi les troupes de célibataires formées par des individus non reproducteurs. Le nid est construit par les deux partenaires à l’aide de branches sèches, de roseaux, de mousse, de touffes d’herbe, etc…, et finalement rembourré de graminées, de poils, de laine, de plumes et de matériaux souples de ce genre. La femelle pond en moyenne 4 à 5 œufs en mars / avril. Les 18 à 19 jours qui suivent, elle couve les œufs, puis les parents nourrissent ensemble les oisillons encore au nid, et ce pendant 30 à 35 jours. Une fois capables de voler, les jeunes restent 4 semaines environ avec leurs parents, apprenant d’eux tout ce qui importe pour leur survie dans la nature.

Nuisibles à l’agriculture ?

Les effectifs de corneilles noires sont importants en Belgique. Les troupes de corneilles ne sont pas les bienvenues dans les zones agricoles. Elles peuvent, de temps à autre, occasionner des dégâts dans certains champs, lorsqu’elles se jettent sur les jeunes semis. Certains agriculteurs tuent des corneilles pour les suspendre mortes à des piquets, même si l’on sait bien que cette façon de faire est quasiment sans effet. Les corneilles ont effectivement tôt fait de remarquer qu’il n’y a pas de danger dans ces endroits et il est impossible de les tenir durablement à l’écart des champs avec une pratique aussi dégradante envers des êtres vivants. Il existe de meilleures méthodes plus respectueuses des animaux pour minimiser les dommages aux champs. 

Le plus souvent, ces derniers doivent être protégés pendant une brève période seulement, jusqu’à ce que les semences aient levé au point que les oiseaux ne veulent plus s’en nourrir.

La meilleure mesure préventive est naturelle. Si l’on prévoit dans les zones agricoles des haies, des grands arbres, et des bords de champs écologiques offrant une abondance de nourriture animale, les couples nicheurs y trouvent des biotopes adaptés, y construisent leurs nids et tiennent à distance de leur territoire les troupes voraces, ce qui protège les champs avoisinants. 

Législation en Belgique

Les Corneilles noires bénéficient de la protection définie par l’Article 2 de la loi du 12 juillet 1973 qui stipule que, sous réserve du paragraphe 3, sont intégralement protégés, tous les oiseaux, normaux ou mutants, vivants, morts ou naturalisés, appartenant à une des espèces vivant naturellement à l’état sauvage sur le territoire européen, notamment celles visées à l’annexe I, y compris leurs sous-espèces, races ou variétés, quelle que soit leur origine géographique, ainsi que les oiseaux hybridés avec un individu de ces espèces.