Si vous avez la chance de posséder un jardin et que vous décidez d’abattre les vieux arbres qui s’y trouvent, de les remplacer par des arbustes importés du Japon, de retourner le terre pour y planter une pelouse style moquette, d’entourer le tout d’une clôture hermétique doublée d’une haie de conifères et d’y aménager un jardinet chimique avec sentiers pulvérisés : cette rubrique ne s’adresse pas à vous.

 

Néanmoins, nous allons essayer de vous convaincre que le jardin peut devenir tout autre chose. Le jardin sauvage, c’est accueillir chez soi la nature de chez nous dans toute sa diversité, sa richesse, son harmonie. C’est la simplicité des fleurs des champs visitées par une multitude de papillons colorés, dans une ambiance reposante de chants d’oiseaux. C’est le lieu privilégié où il y a toujours quelque chose à observer, à écouter. C’est un endroit où l’on ne s’ennuie pas !

Pour aménager votre petit paradis terrestre, il vous faudra d’abord respecter la végétation qui s’y trouve. Un bouleversement total est à proscrire. Progressivement vous éliminerez les plantes exotiques qui sont parfois invasives et vous les remplacerez par des plants indigènes. Pour le choix des espèces, il faudra tenir compte de la végétation sauvage de votre région (il suffit de la copier), de la nature du sol, de l’emplacement du jardin (fond de vallée, plateau, côte…), et de son orientation.

Votre jardin sauvage sera un terrain varié avec des zones inondées de soleil et d’autres ombragées, des endroits touffus et d’autres bien dégagés, des coins humides et d’autres plus secs, des recoins oubliés où l’on va rarement. Bref, offrir un maximum de mini-biotopes pour accueillir un maximum d’espèces végétales et animales.

Pour réaliser ce projet, il ne vous faudra pas nécessairement des milliers de mètres carrés : un petit lopin de terre de quatre ou cinq ares peut suffire. En outre, il vous coûtera beaucoup moins cher que l’aménagement d’un jardin traditionnel. Votre jardin nature s’articulera autour de plusieurs points forts : le pré de fauche, la haie, le roncier, les arbres, les buissons, la mare, le vieux mur (s’il en existe un) ou la rocaille, le compost, le potager, le bois mort… Nous examinerons en détail chacun de ces points dans les prochains articles.

Un jardin bien net et « propre » n’offre que peu d’attrait pour la faune. Si vous laissez les feuilles mortes au sol, les vers de terre se chargeront de les faire disparaître et ce sera un bon terrain de chasse pour le Merle ou pour la Musaraigne.

Le jardin de l’oiseau sera aussi celui des enfants. Un merveilleux terrain d’aventures, de découvertes, d’expériences et aussi de sensibilisation et d’éducation.

Le Machaon (Papilio machaon) est un papillon qui devient de plus en plus rare. Il ne tient qu’à vous de l’accueillir dans votre jardin sauvage en y plantant fenouil et carottes.

Si vous choisissez cette voie, ce n’est pas par facilité, car jardin sauvage ne veut pas dire jardin abandonné. Il faudra l’entretenir de manière douce pour maintenir la diversité des espèces. Cela demande beaucoup de connaissances, un certain apprentissage et surtout énormément de patience. Il faut parfois plusieurs années pour que votre petit monde végétal s’épanouisse et vous comble de satisfaction. Mais la situation ne reste jamais figée, le jardin évolue sans cesse. A vous de freiner ou d’accélérer le processus. Enfin, il vous faudra affronter vos voisins qui ne seront pas nécessairement de votre avis. Parfois le jardinier sauvage est encore considéré comme un original, un doux rêveur. Cette petite barrière psychologique franchie, il ne vous reste qu’à passer à l’action pour la plus grande joie de l’oiseau, du hérisson, de la grenouille, du papillon…