Description et habitat

Le Castor d’Europe ou Castor commun (Castor fiber), très semblable à son « cousin » nord-américain (Castor canadensis), est le plus gros rongeur d’Europe avec un poids moyen de 21 kilos et une longueur supérieure à un mètre chez l’adulte. Jusqu’à la fin du Moyen-Age, il se répartissait sur l’ensemble de l’Europe. Il est alors chassé pour sa fourrure, sa viande mais également pour la sécrétion qu’il utilise pour marquer son territoire et imperméabiliser son pelage : le castoréum, employé en parfumerie et en médecine. La chasse, couplée à une destruction de ses habitats, conduit à sa disparition totale de plusieurs pays d’Europe dont la Belgique au 19ème siècle.

C’est au début des années 90 que le Castor a fait son retour dans nos cours d’eau après près de 2 siècles d’absence. Les premiers individus provenaient d’un programme de réintroduction mis en place dans l’Eifel. Plusieurs lâchers illégaux en divers endroits se sont par la suite succédés entre 1998 et 2000 malgré le refus du Ministre de l’époque. Depuis lors, l’espèce s’est fortement développée et sa population était estimée en 2014 à plus de 1400 individus. On estime qu’à l’heure actuelle, le Castor n’a aucun prédateur naturel en Belgique. Cependant, son comportement territorial régule naturellement sa population.

Barrages

De par ses activités, le Castor interagit avec son milieu et avec les espèces avec qui il partage ce milieu. En effet, si le ruisseau ou l’étang dans lequel il souhaite s’installer ne présente pas de véritables berges, le Castor doit construire une hutte de branches et de vase. Afin de protéger sa progéniture de prédateurs potentiels, les entrées des terriers et huttes doivent se trouver sous l’eau. Pour assurer un niveau d’eau toujours suffisant, il va donc construire un ou plusieurs barrages, ce qui peut entraîner l’inondation de zones en surface, voire la création de véritables étangs. Cette création de zones humides est propice au développement d’espèces telles que les tritons, les batraciens ou les libellules qui contribueront quant à elles à l’alimentation d’autres espèces : rapaces, cigognes…. Les barrages et bassins vont en outre réduire les débits, la vitesse et la force des courants et ainsi, réduire l’érosion. L’intérêt de leur présence pour la prévention des inondations a d’ailleurs été démontré. Les barrages permettent également une épuration naturelle des eaux de surface ou de ruissellement. Malheureusement, la présence de castors n’a pas toujours que des avantages : les coupes d’arbres et les inondations constituent la grande majorité des désagréments.

Législation belge

L’espèce est protégée au niveau européen en vertu de l’annexe IVa de la Directive européenne 92/43/CEE (Directive Habitats) et de l’annexe III de la Convention de Berne. Au niveau belge, le castor, étant historiquement présent en Wallonie, est considéré comme faisant partie de la faune wallonne et est repris parmi les espèces strictement protégées. Il est notamment interdit de capturer, tuer ou perturber intentionnellement des castors, de détruire ses sites de reproduction ou ses habitats naturels, de détenir, transporter, vendre ou acheter des individus.

Désagréments et cohabitation

Si la protection de l’espèce est nécessaire, la mise en place de mesures pour limiter les désagréments voire les dégâts qu’elle occasionne est nécessaire. La loi belge prévoit une possibilité de déroger aux mesures de protection des espèces dans des cas précis. Cependant, l’élimination de castors n’est pas une solution durable. Les territoires libérés sont en effet rapidement colonisés par de jeunes individus en recherche de territoires. Le castor figure également parmi les espèces dont les dommages peuvent faire l’objet d’une indemnisation, sous certaines conditions.

Des outils ont été mis en place, notamment par le Département de la Nature et des Forêts et Natagora, afin de mieux faire connaître l’espèce et de proposer aux gestionnaires de cours d’eau et des milieux adjacents ainsi qu’aux administrations concernées des pistes de solutions visant à permettre une cohabitation harmonieuse avec le Castor.

Références

« Cohabiter avec le castor en Wallonie » par Catherine Barvaux (Département de la Nature et des Forêts),Benoît Manet (Département de l’Etude du Milieu Naturel et Agricole) et Sandrine Liégeois (Département de la Nature et des Forêts). Mai 2015. Disponible en ligne : http://www.fourragesmieux.be/Documents_telechargeables/Cohabiter_avec_le_castor.pdf

Groupe de travail Castors, Natagora : https://castor.natagora.be/