Adulés par certains et détestés par d’autres, ces volatiles sont au coeur d’une problématique beaucoup plus complexe qu’il n’y parait…

Origines du Pigeon des villes

Les Pigeons des villes, tels que nous les connaissons aujourd’hui, descendent presque tous du Pigeon biset, qui est reconnaissable à son plumage gris aux teintes vertes et violacées au niveau du cou. Il ne faut pas le confondre avec le Pigeon ramier qui, bien que courant en ville, vit préférentiellement dans les milieux arborés. Dans nos villes, les nombreux métissages entre races de Pigeons domestiques ont fait peu à peu disparaître certains caractères dominants du Pigeon biset.  

Actuellement, bien qu’une faible proportion des colombidés qui colonisent nos villes soit des Pigeons ramiers, la grande majorité est constituée de Pigeons domestiques retournés dans la nature. Souvent utilisés comme messagers par le passé, ils participent aujourd’hui à des « courses » où de nombreux individus se perdent et adoptent alors la ville comme nouveau territoire. Avec le temps, les volatiles et leur descendance ont appris à se nourrir des déchets abandonnés par les humains. Leur adaptabilité remarquable, couplée à l’activité humaine, a fait d’eux les invités permanents de nos rues.

Nuisances… Et services

Certains griefs à l’encontre des Pigeons sont justifiés, d’autres moins. Bien qu’il soit vrai que cet oiseau est parfois source de nuisances sonores, son principal crime est, en réalité, d’émettre des déjections. Ces dernières sont « odorantes » et surtout corrosives pour les bâtiments. Elles peuvent également être porteuses de maladies, mais cela ne pose que très rarement problème.

Maladies transmises à l’homme par les Pigeons 

Les affections transmissibles de l’animal à l’homme sont appelées des zoonoses. Généralement, les maladies véhiculées par les Pigeons sont peu virulentes et touchent principalement les personnes étant en contacts très fréquents avec les volatiles (colombophiles, personnes travaillant dans les centres de revalidation, etc.). La majorité de ces zoonoses se transmettent via inhalation de particules de fientes ou par contact direct avec l’oiseau ou ses sécrétions. Les Pigeons sont parfois porteurs de l’Ornithose (ou Psittacose), de la Cryptococcose et de la Maladie de Newcastle. Il convient de noter que les Pigeons présents dans la rue, dans votre jardin, nichant sur votre balcon, etc. ne présentent pas de danger pour vous et les autres citoyens !

Indésirables, mais pas que !

Par le passé, les Pigeons ont réellement été utiles grâce aux Pigeons voyageurs. Il n’y avait à l’époque ni téléphone, ni télégraphe et ces oiseaux étaient l’une des seules manières de communiquer rapidement. Ils ont largement été utilisés durant la première guerre mondiale et permettaient aux résistants de communiquer de façon discrète. Certains d’entre eux sont même devenus célèbres pour avoir joué des rôles-clés durant la guerre. C’est le cas de « Cher Ami », Pigeon blessé qui permit le sauvetage d’un bataillon perdu en territoire ennemi. Il existe d’ailleurs de nombreux mémoriaux célébrant le sacrifice de ces oiseaux durant la guerre.

De plus, et les jardiniers le savent, les fientes de Pigeons sont un engrais très riche en azote… Il fut un temps où leurs fientes étaient très prisées et servaient d’engrais pour les cultures. 

Nourrissage des Pigeons, quelles conséquences ?

Même si les nourrisseurs sont animés de bonnes intentions et agissent pour le bien-être des Pigeons, cela n’est pas toujours bénéfique aux volatiles… En effet, en les nourrissant, on induit une augmentation de la population et donc une plus grande concentration entraînant plus de compétition et donc de rivalité entre individus (stress), et une probabilité plus importante de transmission de maladies. 

De plus, la nourriture donnée aux Pigeons n’est que très rarement adaptée à leurs besoins; ils souffrent donc régulièrement de carences. 

Comment les communes bruxelloises gèrent-elles les Pigeons ?

Limiter les populations de Pigeons pose de nombreux problèmes éthiques mais aussi techniques et écologiques. Nous allons, ici, découvrir quelques méthodes utilisées à cet effet par les communes bruxelloises.

Le Pigeonnier d’agrément

Voici un projet proposé par la commune d’Etterbeek qui, à défaut de contribuer de manière directe à la diminution des Pigeons en ville, permettra de canaliser les nourrisseurs et de répondre à la problématique sociale entourant le nourrissage des Pigeons. Le but est de créer plusieurs Pigeonniers de petite taille pouvant chacun accueillir quatre couples de Pigeons d’ornement. Le lieu de l’emplacement de ce projet aurait pour but de devenir un endroit de rencontre convivial où il serait permis de nourrir les Pigeons d’ornement. Parallèlement à cette mesure, les Pigeons des villes seraient capturés et déplacés dans un pigeonnier géant en dehors de la ville.

Le Pigeonnier contraceptif

Il s’agit d’une alternative éco-responsable qui est certainement l’une des plus efficaces actuellement. Toutefois, son coût élevé et l’entretien qu’il nécessite régulièrement ne le rendent pas attrayant aux yeux des communes. Le concept est simple : on propose un lieu de nidification, fourni en eau et en nourriture, pour fidéliser les Pigeons à la zone du Pigeonnier. Une fois qu’ils ont pondu, un employé communal vient stériliser les œufs à partir de la seconde nichée. Ceux-ci sont ensuite replacés dans le nid pour que les parents ne le quittent pas. Malheureusement, ce système n’a pas bien fonctionné dans nos communes, principalement par manque de personnel. Cela reste, malgré tout, la méthode la plus prometteuse lorsqu’elle est correctement mise en place.      

La sensibilisation de la population

Le but est ici d’informer les gens quant à l’importance de ne pas nourrir les Pigeons pour éviter leur surpopulation. A elle seule, cette méthode ne peut être efficace que si chaque commune mène une campagne d’information de manière à toucher un maximum d’habitants et si ces derniers sont bien sensibilisés. Ce qui n’est bien sûr pas évident.
Même si le Pigeon n’est pas le voisin parfait, dont on aurait pu rêver, il n’est pas non plus le monstre volant imaginé par certains. Quoi qu’il en soit, il convient de se rappeler que ces animaux n’ont jamais demandé à être introduits dans nos villes, bien qu’ils s’en accommodent fort bien aujourd’hui. Il est donc du devoir de chacun de les traiter dans le respect du bien-être animal, quels que soient les désagréments qu’ils pourraient causer.