L’artificialisation de notre environnement prive les oiseaux et la faune sauvage de certaines ressources dont ils dépendent pour leur survie ou leur reproduction. Parmi ces ressources en pénurie figurent les cavités, essentielles à la nidification de nombreuses espèces d’oiseaux. Placer des nichoirs à leur attention peut partiellement pallier ce problème.

Pourquoi poser des nichoirs ?

La réduction des espaces naturels cause, entre autres, la disparition des milieux de nidification de nombreux oiseaux, notamment par la raréfaction des cavités. Le placement de nichoirs peut compenser en partie cette diminution. Les nichoirs favorisent par ailleurs le contact entre l’homme et la nature, et peuvent contribuer à la lutte naturelle contre certains hôtes indésirables des jardins.

Mais au-delà du placement de nichoirs, il est indispensable de conserver, restaurer ou aménager des habitats naturels variés. C’est pourquoi la LRBPO renforce actuellement sa politique d’acquisition de réserves naturelles. Chaque citoyen peut également contribuer à la création de zones refuges, en faisant de son jardin ou même de son balcon une zone la plus naturelle possible.

Les pics et la Mésange boréale sont les seuls
oiseaux capables de creuser leur loge dans le bois.

Une crise du logement chez les oiseaux

Environ 20% des oiseaux nicheurs en Belgique sont cavernicoles, c’est-à-dire qu’ils pondent leurs œufs dans une cavité. Les mésanges, les pics ou la Chouette hulotte nichent dans des trous d’arbres. D’autres espèces occupent des trous de bâtiments, et d’autres encore creusent des galeries dans les berges des plans d’eau ou des cours d’eau. Quel que soit le type de cavité, il y a globalement un manque de sites propices à la nidification.

Chez nous, seuls les pics sont capables de creuser leur loge dans du bois vivant. En dehors des pics, la Mésange boréale peut creuser sa cavité, mais uniquement dans du bois en décomposition. Les autres oiseaux cavernicoles nichant dans des trous d’arbres sont incapables de creuser
leur cavité, et sont donc réduits à réutiliser celles générées par les autres espèces, en grande majorité les pics. Ces derniers préfèrent  naturellement se faciliter la tâche, en choisissant des arbres âgés ou affaiblis. Mais, alors que le bois mort ou les arbres affaiblis sont source de biodiversité, ils sont presque systématiquement éliminés du paysage. Ce manque de support de nidification impacte les pics, et par conséquent le reste de l’avifaune cavernicole des forêts, parcs et jardins.

Les anfractuosités nécessaires à la nidification des oiseaux dans le bâti se font, elles aussi, de plus en plus rares. Les cavités de nidification de ces oiseaux risquent de disparaître à chaque chantier de rénovation. Afin que les objectifs énergétiques n’entrent pas en conflit avec la sauvegarde de la biodiversité, il s’agit d’effectuer ces travaux à bon escient, en prenant en compte la présence des oiseaux dès leur planification, et en offrant des cavités de substitution par la pose de nichoirs. Aux abords des plans d’eau aussi, les sites de nidification se font rares. Les berges endiguées rendent difficiles le creusement de cavités pour le Martin pêcheur d’Europe et l’Hirondelle de rivage, par exemple. C’est en maintenant des berges naturelles que les espèces dépendant de ces milieux pour leur nidification pourront à nouveau y trouver des sites de nidification en suffisance.

Comment les aider ?

Les caractéristiques d’un nichoir peuvent favoriser une espèce particulière ; les modèles choisis doivent être adaptés aux oiseaux susceptibles de nicher dans la région et dans l’habitat concerné. Une observation attentive et un petit tour sur la base de données observations.be peuvent aider à faire le bon choix. Il faut toutefois se montrer patient et tolérant : il peut s’écouler plusieurs années entre l’installation d’un nichoir et sa première occupation… parfois par une espèce inattendue.

Construire soi-même un nichoir

Dans les arbres et les buissons

Des nichoirs sont disponibles pour une grande variété d’espèces cavernicoles des arbres. Les principaux critères de sélectivité sont la taille et la forme du trou d’envol (en général le trou le plus petit par lequel l’occupant peut passer, pour éviter les intrusions de prédateurs plus gros), et les dimensions de la chambre d’incubation. Certains oiseaux nécessitent des nichoirs plus spécifiques. Les grimpereaux, par exemple, nichent dans des cavités naturelles créées par le soulèvement d’écorce, etc. Les nichoirs conçus pour eux imitent de telles cavités, avec une chambre d’incubation étroite et une entrée latérale. Le Rougequeue à front blanc, lui, apprécie un peu plus de lumière dans la chambre d’incubation, et s’installe plus volontiers dans des nichoirs à trou d’envol ovale, ou à trous d’envol multiples. D’autres oiseaux apprécient une cavité moins fermée, et préfèrent les nichoirs semi-ouverts. Le Troglodyte mignon, le Merle noir, la Bergeronnette grise, ou le Gobemouche gris peuvent s’installer dans ces nichoirs. La grande ouverture des nichoirs semi-ouverts rend les nichées plus exposées aux prédateurs. Les modèles avec un dispositif de protection sont donc particulièrement conseillés.

Sur les bâtiments

Il est globalement difficile d’attirer les oiseaux nichant dans les cavités des bâtiments vers de nouveaux sites de nidification. Cependant, on peut leur donner un coup de pouce en plaçant des nichoirs à proximité de colonies existantes. Les colonies aux effectifs ainsi renforcés seront ensuite plus susceptibles de s’étendre de proche en proche, et petit à petit de coloniser de nouveaux sites. Les nichoirs pour Moineaux domestiques, qui nichent en colonies denses, sont constitués de plusieurs chambres de nidification. Les hirondelles rustiques utilisent des nichoirs en forme de coupe ouverte, placés dans des endroits abrités mais ouverts, tels que des abris pour voiture, des écuries, etc. Les nichoirs pour Hirondelles de fenêtre, quant à eux, sont constitués d’une coupe fermée, à placer à l’extérieur des bâtiments, sous les corniches, balcons, etc. Les nichoirs à l’intention du Martinet noir ont une ouverture assez réduite débouchant sur une chambre d’incubation horizontale relativement vaste.

A proximité de l’eau

Bien que moins répandus, des nichoirs existent également pour les espèces nichant dans le sol. Le Martin-pêcheur d’Europe creuse une galerie et un nid dans les berges meubles des cours d’eau. Installer un nichoir rigide permet d’éviter un effondrement de la cavité, qui détruit parfois la nichée entière. De plus, ces nichoirs peuvent aussi être placés dans des berges dans lesquelles le Martin-pêcheur est incapable de creuser, comme les berges caillouteuses ou les berges artificielles.

Quand placer les nichoirs ?

En plaçant les nichoirs dès la fin de l’automne, on laisse aux oiseaux le temps d’explorer leur environnement pour choisir le lieu où établir leur nid au printemps. Un nichoir placé en automne peut aussi servir d’abri contre le froid et les intempéries durant l’hiver. Cependant, tant que la période de nidification n’a pas débuté pour tous les oiseaux, il est toujours temps de placer des nichoirs.

Installer les nichoirs à l’automne maximise les chances d’occupation dès le printemps suivant, mais cette méthode favorise les espèces sédentaires opportunistes, comme les mésanges. Afin de donner une chance aux espèces moins courantes (Rougequeue à front blanc, Gobemouche noir), placer des nichoirs au cours du printemps peut être une bonne solution.

Où installer des nichoirs ?

Il est important de protéger le nichoir des prédateurs (chats, fouines, écureuils, etc.),. Pour cela, il faut d’abord choisir un nichoir dépourvu de perchoir (il sert d’appui à certains prédateurs). La distance entre le fond et le trou d’envol doit être de 15 cm minimum, pour que la nichée ne soit pas accessible à un prédateur qui passerait sa patte par le trou d’envol. Il faut ensuite choisir un emplacement difficile d’accès. Un arbre avec peu de branches latérales rend l’escalade plus difficile. Des dispositifs anti-prédateurs à fixer autour du tronc sont également disponibles (collier de tiges rigides ou gaine en plastique lisse). Un nichoir placé sur un bâtiment ou un piquet est plus difficile d’accès aux prédateurs. Les oiseaux aiment disposer d’un perchoir à proximité, mais il faut veiller à ce qu’il ne soit ni trop robuste ni trop proche du nichoir, pour éviter qu’il ne serve de rampe d’accès aux intrus. Les nichoirs semi-ouverts sont à placer dans des buissons touffus, où ils sont moins visibles et moins accessibles aux prédateurs. Enfin, il faut éviter de placer des nichoirs (et mangeoires) à proximité d’éléments vitrés, afin de réduire le risque de collisions.

Orienter le trou d’envol vers l’est ou le sud-est est conseillé, afin d’éviter à la fois la lumière continue du soleil venant du Sud (la température intérieure ne doit pas trop s’élever), les intempéries et les vents dominants venant de l’ouest, et l’ombre totale en direction du nord. Afin de protéger le nichoir des intempéries, il est conseillé de l’incliner légèrement vers l’avant.

La hauteur de fixation dépend de l’espèce à laquelle est destiné le nichoir : de 1,5 à 5 m pour les mésanges, de 3 à 6 m pour les moineaux et la Sittelle torchepot, de 1,5 à 3 m pour les nichoirs semi-ouverts. L’espacement minimum entre deux nichoirs pour des espèces différentes est de l’ordre de 3 m. La distance entre deux nichoirs pour la même espèce est nettement supérieure: elle varie de 15 m à 200 m. En effet, à l’exception de ceux qui nichent en colonie, les oiseaux défendent leur territoire contre les autres individus de la même espèce.

Entretien des nichoirs

A l’automne, quand toutes les nidifications sont terminées, enlever le nid et nettoyer la cavité avec un pinceau ou une brosse évitera la transmission de parasites. Pour certaines espèces, le retrait du matériel de nidification est nécessaire pour qu’un couple s’installe l’année suivante. L’intérieur du nichoir peut être désinfecté au chalumeau, ou avec de l’essence de thym ou de serpolet. C’est également l’occasion de faire une réparation, si nécessaire. Il est important de vérifier le système de fixation afin d’éviter que le nichoir ne tombe avec la nichée. Enfin, appliquer une couche d’huile de lin (ou autre produit naturel) sur l’extérieur d’un nichoir en bois le protégera des intempéries.

L’importance de la nature au jardin

Les oiseaux ne s’installeront dans des nichoirs qu’après s’être assurés que le territoire leur convient (site de nidification, nourriture en suffisance pour eux-mêmes et pour leurs jeunes, abri contre les dangers). Par ailleurs, de nombreux oiseaux construisent leur nid plutôt que d’utiliser des cavités; pour ceux-là, le placement de nichoirs ne sera d’aucune utilité (bien qu’on puisse mettre à leur disposition du matériel de nidification comme des fibres naturelles, ou de la boue pour les hirondelles). Enfin, comme le nourrissage, la pose de nichoirs est bénéfique à certaines espèces, mais ne favorise pas forcément la plus grande diversité biologique.

Pour ces raisons, l’accueil des oiseaux ne peut se résumer au placement de nichoirs (et de mangeoires). Un jardin ne peut être réellement accueillant pour les oiseaux que si la biodiversité est prise en compte dans chaque décision d’entretien et d’aménagement.

La règle numéro un pour favoriser la nature est de bannir les produits phytosanitaires. Il est en outre conseillé de diversifier au maximum les espèces végétales, pour augmenter l’attractivité envers les oiseaux. Les essences indigènes sont à préférer car les oiseaux ont co-évolué avec elles, et sont adaptés à s’y reproduire et à s’en nourrir. Planter une haie ou maintenir une zone non tondue sont des mesures très favorables à la biodiversité. Ces éléments fournissent aux oiseaux des ressources alimentaires (baies, insectes, graines), des sites de nidification et des abris. Comme évoqué plus haut, les arbres morts ou malades sont à garder sur pieds.

Conclusion

La pose de nichoirs peut aider certains oiseaux, en fournissant des cavités devenues rares dans la nature ou dans le bâti ancien. Mais les nichoirs à eux seuls ne peuvent pas se substituer à une meilleure prise en compte de la biodiversité dans l’aménagement du jardin et de l’habitat. Le meilleur moyen de fournir des cavités aux oiseaux est de ne pas détruire les cavités existantes, en maintenant des vieux arbres dans les parcs et les jardins, en évitant de boucher les anfractuosités des bâtiments lors de travaux. C’est en plus de ces actions que la pose de nichoirs artificiels doit
s’envisager.

Pour cela, notre Boutique Nature propose des nichoirs adaptés à de nombreuses espèces. En achetant vos nichoirs à la Ligue, vous recevrez une fiche contenant les instructions relatives à son installation, son emplacement, son entretien,… et vous aurez la garantie que tous les bénéfices seront reversés à la protection de la Nature !

Voir les nichoirs de la Boutique Nature